La nouvelle vie du marbre du Moulis

Carrière de Moulis

La carrière de Moulis devrait produire en 2020, 300 m3 de marbre.

La société Marbre Ariège Pyrénées a fait le pari de relancer l’exploitation de la carrière de Moulis, fermée en 1948. Une belle renaissance pour un marbre unique au monde.

C’est en kayak que Giorgio Rivieri visite pour la première fois, en 2012, l’ancienne carrière de marbre Grand Antique de Moulis. Le site, qui n’est plus exploité depuis 1948, s’est transformé en lac. Cet Italien, fils de carrier, qui a repris l’exploitation familiale située à Carrare, travaille à façon, en France, pour plusieurs sociétés européennes et connaît la qualité du marbre pyrénéen. « Ce marbre est unique au monde, c’est le seul qui propose un tel contraste entre le blanc et le noir », s’enthousiasme Giorgio Rivieri. Un marbre exceptionnel que l’on retrouve à Saint-Pierre de Rome, dans la cathédrale de Londres, en colonnes au muséum de Venise où ailleurs en Europe.

Avec le soutien de Francis Dancan, un carrier français, Giorgo Rivieri décide de vider la carrière et de reprendre l’exploitation, via sa société Escavamar qui compte une quinzaine de salariés œuvrant sur différents sites. Il obtient le droit de forage en 2014, investit 1 M€ et commence à développer une activité commerciale en Italie. « Les négociants et spécialistes ont vite reconnu la qualité du marbre de Moulis, mais il a fallu quatre à cinq ans pour s’ouvrir de nouveaux marchés et faire connaître à nouveau ce marbre oublié. »

En 2017, Giorgo Rivieri crée une nouvelle société dénommée Marbre Ariège Pyrénées qui regroupe les activités de sous-traitance dans l’Hexagone et en Europe, Escavamar reste la marque commerciale du marbre ariégeois. Les blocs, extraits à Moulis, où travaillent quatre personnes, sont envoyés en Italie pour être traités et mis en forme.

À LA RECONQUÊTE DU MONDE

« Nous commençons à intéresser des clients pour des réalisations haut de gamme, en France, mais aussi aux États-Unis, dans le golfe persique et même en Inde, depuis cette année », se félicite le chef d’entreprise. Villas de prestige, boutiques de luxe, le Moma de New York, réalisations de l’architecte international Jean Nouvel… le marbre noir et blanc des Pyrénées séduit de plus en plus.

Le modèle économique reste cependant à façonner mais des perspectives encourageantes se dessinent. Depuis un an, la société, qui réalise un CA d’1,5 M € sur l’ensemble de ses activités, commence à enregistrer les premières rentrées financières pour le marbre de Grand Antique. « On peut maintenant envisager un développement du site. J’ai acheté un terrain équipé d’un portique à Saint-Girons, qui va permettre de démarrer cette année une activité de découpe, avec l’embauche de trois salariés. On pourra ainsi fournir des petits marbriers de la région en produits pour la réalisation de trottoirs ou de bordures par exemple. »

D’autres projets sont dans les cartons, notamment l’ouverture de nouvelles petites carrières en Ariège, et dans les Pyrénées, pour compléter la filière et les activités de la société.

En attendant, la carrière de Moulis devrait produire en 2020, 300 m3 de ce marbre d’exception, qui redonne des couleurs à cette commune de 800 habitants, qui revoit avec satisfaction l’exploitation de son trésor.