La nouvelle révolution industrielle du textile se fait à Troyes

Petit Bateau réorganise et optimise son usine troyenne pour être davantage réactif dans tous les secteurs, du tricotage à la confection en passant par l’ennoblissement.

La chaire Connected Innovation de l’UTT proposait une conférence sur l’intelligence artificielle et l’usine 4.0 dans la filière textile.

Les données et la maîtrise des flux d’information sont les armes de la performance économique. « La future capitalisation des entreprises s’appuiera de plus en plus sur les données », analyse Farouk Yalaoui, directeur à la recherche de l’Université de Technologie de Troyes et titulaire de la Chaire Connected Innovation. En l’espace de vingt ans, Coca-Cola, Microsoft et IBM ont été détrônées au palmarès des capitalisations boursières par Apple, Google et Amazon.

La 12e conférence de la chaire portant sur « l’intelligence artificielle et l’industrie 4.0 au cœur du textile » était parfaitement d’actualité à l’heure où cette filière française retrouve des couleurs. Même si depuis trois ans l’industrie textile française, portée par l’engouement pour le made in France, connaît un renouveau certain, Denis Arnoult reste lucide. « Aujourd’hui la filière en France c’est 2000 entreprises et 61 000 personnes : rappelons que c’est juste le double de ce que l’Aube comptait à elle seule il y a une trentaine d’années », fait remarquer le président régional de l’Union des industries textiles. Cependant, grâce aux données et à la digitalisation, la filière textile française peut amplifier ce mouvement de renaissance. La régénération de la filière est en marche et le matériau textile, par exemple dans le champ technique connaît de plus en plus d’applications. « En matière industrielle, il faut relever le défi de l’augmentation de la diversité des produits, du raccourcissement des cycles de vie et de la volatilité de la demande », précise Farouk Yalaoui. 

L’OUTIL INDUSTRIEL EST UN ATOUT

Des industriels y travaillent déjà, comme le troyen Petit Bateau. « Nous voulons faire en sorte que notre outil industriel et logistique devienne une force inédite au service de la marque », explique Jean-Marc Guillemet. La marque auboise envisage de réaliser des collections virtuelles en 3D. « Cela signifie aussi créer des avatars en 3D pour porter nos modèles et caractériser toutes nos matières pour avoir les bons rendus », explique le directeur des opérations de Petit Bateau. Les casques de réalité virtuelle rendent possibles des présentations numérique de collections, de modifier et retenir les modèles sans avoir à réaliser des prototypes dans les ateliers. Une révolution dans le processus de création et de développement des collections qui en annonce d’autres. Dans un contexte où tout évolue très vite, la réactivité et les capacités d’adaptation de l’outil industriel sont stratégiques. « Habituellement, le cycle dans le textile est de 9 à 10 semaines, c’est aujourd’hui trop long pour réagir alors que grâce au numérique nous pouvons connaître immédiatement nos best-sellers », constate Jean-Marc Guillemet.

En tirant le meilleur parti des données informatiques, en raccourcissant les délais de réactivité, en réorganisation et en optimisant son outil de production troyen, Petit Bateau arrive désormais à ajuster les productions en moins de dix jours, et parfois jusqu’à trois jours seulement ! L’industriel possède à Troyes une filière complète – tricotage, ennoblissement, confection – qui lui permet de réagir bien plus rapidement qu’un concurrent dont la production est délocalisée.