La nouvelle donne de la rénovation énergétique

Édouard Barthès, fondateur d’EBS Isolation.

L’entreprise castraise, EBS isolation, prévoit d’autres ouvertures d’agence sur le territoire national et poursuit son expansion tout en restant vigilante alors que le gouvernement projette de stopper plusieurs dispositifs coups de pouce financés par les certificats d’économie d’énergie (CEE) dès juillet 2021.

E n 2015, la société castraise, EBS isolation, spécialisée dans la rénovation énergétique des bâtiments à destination des particuliers et du tertiaire – qui avait généré à l’époque 11 M€ de CA –, pariait sur l’ouverture du marché des certificats d’énergie pour tripler son chiffre d’affaires dès l’année suivante. Une stratégie payante, qui six ans après, s’apprête à connaître un tournant. « Ce marché s’est en effet ouvert ces dernières années. Les coups de pouce au profit des ménages, alimentés par les certificats d’économie d’énergie (CEE), ont permis à l’ensemble du secteur d’intervenir dans 1,5 million de foyers en deux ans, comprenant l’isolation de combles, de plancher et le remplacement de chaudière. De notre côté, nous sommes intervenus dans 100 000 maisons et bâtiments en 2020 », explique Édouard Barthès, fondateur d’EBS Isolation. Cependant, le ministère du Logement a pour projet de stopper plusieurs dispositifs coups de pouce financés par les CEE dès juillet 2021 pour l’isolation des combles, et le changement de chaudière d’ici à fin décembre 2021. En outre, l’État limite les bonifications destinées aux ménages a hauteur de 25 % du total du dispositif en vue de développer une offre de rénovation globale. « Nous comprenons la nécessité de faire évoluer la démarche, ce qui au final est du bon sens, mais ce délai très court met la profession en difficulté, s’inquiète-t-il. Cet arrêt brutal ne nous laisse pas le temps de transiter. Initialement, ce nouveau dispositif était prévu en décembre 2021. L’objectif était de réaliser les travaux en 2022. Aujourd’hui, le délai est réduit à cinq mois. »

PÉNURIE D’EMBAUCHES

Pour l’heure, la PME, qui emploie 400 collaborateurs dont plus de 200 techniciens sur le terrain, projette de former plus de personnel en interne en vue de l’initier à de nouveaux métiers, suite à l’annonce gouvernementale, et ce, afin de répondre à une offre plus large. Néanmoins, la PME se heurte à une problématique récurrente. « Généralement, il est déjà difficile de recruter de la main-d’œuvre qualifiée. Aujourd’hui, un chauffagiste en énergie renouvelable capable d’installer une pompe à chaleur ou des professionnels spécialisés dans le domaine de l’isolation thermique par l’extérieur ne courent pas les rues. Le secteur risque d’être confronté à une pénurie de collaborateurs pour atteindre les objectifs gouvernementaux, à savoir 500 000 rénovations par an. Il n’existe pas de formations initiales adaptées à ces nouvelles technologies, ce qui réduit les chances de trouver la compétence. En cinq mois, ce sera compliqué de recruter, de former nos collaborateurs en interne pour qu’ils soient capables d’avoir une expertise globale, et de réaliser nos chantiers en cours », pointe le dirigeant.

Malgré la crise sanitaire, l’entreprise a tenu le cap. « Nous avons perdu un mois d’activité pendant le premier confinement, mais nous avons vite rattrapé ce retard en multipliant nos équipes entre mai et décembre sur l’ensemble du territoire. Nous avons ainsi doublé notre CA en 2020 ». Il atteint la barre des 100 M€.

La PME, qui, est à la fois, délégataire des certificats d’économie d’énergie, servant d’interface entre les obligés (fournisseurs d’électricité, de gaz, de fioul, distributeurs de carburant, etc.)et leurs clients et qui réalise près de 300 chantiers par jour, est l’une des rares entreprises de l’Hexagone – soit pas plus de 10 gros concurrents et quelques acteurs notamment en région – à avoir internalisé l’ensemble des prestations afin de proposer une couverture globale dans le domaine des économies d’énergie. « L’isolation des combles représente, depuis notre création, 65 % de notre CA. » L’isolation de plancher et les systèmes de chauffage se partagent le reste de l’activité à parts égales. Cette année, l’entreprise lance deux nouvelles activités, qui sont l’isolation par l’extérieur et la mise en place de pompes à chaleur. « Nous avons démarré une phase de test à l’échelle locale, avec, pour l’heure, 500 chantiers réalisés. Nous espérons déployer ces activités sur l’ensemble de la France entre les 12 et 18 prochains mois. »

10 AGENCES EN PLUS ?

Si le cœur de cible d’EBS Isolation reste le marché du particulier, qui représente actuellement 70% de son CA, la part des bailleurs sociaux et du tertiaire – 126 établissements de santé et 90 hôtels en 2020 – tend à s’accroître notamment via les aides orientées pour les collectivités territoriales, dans le cadre du plan France Relance, qui représentent une enveloppe de 2 Mds€. Ainsi, pour accompagner ses clients, l’entreprise qui compte 10 agences en France (Castres, Avignon, Bordeaux, Le Mans, Lille, Lyon, Tonneins, Nancy et deux à Paris) envisage de poursuivre son maillage national, avec la création de 10 agences supplémentaires d’ici deux ans. « L’objectif est d’être à moins de deux heures de chaque client puisque, avec le développement de l’offre de rénovation globale, les travaux vont durer plus longtemps : entre trois et quatre jours, au lieu d’une demi-journée. Nous souhaitons notamment nous installer à Rennes, Bourges, Pau, Clermont-Ferrand, Dijon. Nous ferons principalement de la mutation en interne pour muscler chaque nouvelle équipe. En parallèle, nous prévoyons de recruter près de 200 personnes », détaille Édouard Barthès. Pour l’heure, le dirigeant ne lorgne pas au-delà des frontières hexagonales. « Nous avons déjà beaucoup à faire ici. » Tandis que l’entreprise réalise une croissance à deux chiffres chaque année, elle table en 2021 sur une progression de 10 %. « Il s’agit d’une année de transition. Nous devons apprendre de nouveaux métiers et consolider nos acquis. En fonction de l’évolution de la réglementation, cela aura un impact sur notre croissance », conclut le dirigeant.