À Guérigny, dans la Forêt des Bertranges ont été inaugurées les Futaies Notre-Dame, une opération nationale destinée à valoriser le chêne dans la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame.
Ce n’est pas un hasard si c’est au cœur de la Forêt des Bertranges, deuxième chesnaie de France et ressource historique de la Marine Royale, que s’est déroulé le lancement du réseau des futaies Notre-Dame, un réseau national- et qui s’exporte à l’international – porté par l’association Restaurons Notre-Dame (rND) et destiné à souligner le lien entre les hommes et le chêne et rappeler le rôle du bois dans la construction. Pour Pascal Jacob, fondateur de rND au lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris : « C’est un miroir de la “Forêt de Notre-Dame” (le nom donné à la charpente de la cathédrale, Ndlr) et aussi une façon de mettre fin aux polémiques sur l’exploitation du bois : la reconstruction de la charpente et de la flèche vont nécessiter 3.500 mètres cubes de bois, soit 1.000 à 1.500 arbres » et précisant que « cela représente deux heures de croissance biologique et un millième du volume exploité annuellement ». De son côté, la députée du Nord et marraine de rND, Anne-Laure Cattelot, auteure du rapport “La forêt et la filière bois à la croisée des chemins, l’arbre des possibles” remis au Premier ministre en juillet 2020, a souligné « le rôle essentiel de l’association qui a su apporter les éléments techniques, scientifiques et historiques pour défendre une reconstruction à l’identique de la charpente mais aussi de la flèche de Viollet-le-Duc », une position qui « reconnaît que les apports architecturaux du XIXe font désormais partie du patrimoine mondial ».
PLUS BELLE TERRE D’EUROPE
Pour Pascal Jacob, petit-fils du fondateur et ex-pdg du groupe nivernais Jacob, spécialisé dans la charpente bois depuis un siècle et précurseur de la construction à ossature bois, ce réseau de futaies a d’abord pour vocation de rappeler le lien séculaire entre les hommes et la forêt et de mieux appréhender le rôle et la gestion du bois, rappelant que « La Nièvre s’est érigée autour de la forêt des Bertranges que Colbert qualifiait de plus belle terre d’Europe ». Étendue sur quarante hectares sur les 7.600 que compte la Forêt des Bertranges, la futaie des Bertranges se constitue d’un sentier de découverte sis les communes de Poiseux et de Guérigny balisé de panneaux d’informations jusqu’au Chêne Babaud, un chêne abattu en 1993 et vieux de 482 ans et qui porte le nom du fondateur des Forges Royales, Pierre Babaud de la Chaussade qui, au XVIIIe siècle fabriquait des ancres pour la marine.
RENOUER LE LIEN ENTRE L’ARBRE ET L’HOMME
Première futaie d’un réseau qui en comptera au minium 27 – dont sans doute une au Canada – la Futaie des Bertranges, créée en partenariat avec l’ONF Bourgogne Ouest et les Communes Forestières de la Nièvre, a permis de fédérer tous les métiers autour de la construction, des compagnons, mais également des professionnels de la formation.
Comme l’a rappelé Jean-Pierre Château, maire de Guérigny : « Si l’opération est née d’un traumatisme qui a touché le monde entier (l’incendie de Notre-Dame de Paris, Ndlr), ce drame a su fédérer des personnalités telles que Yann Arthus-Bertrand, Stéphane Bern ou l’académicienne Florence Delay, et mettre la forêt au centre des regards du monde entier ». Pour Geneviève Rey, présidente de la commission ressources forestières : « La forêt, l’arbre et le bois sont présents dans l’imaginaire de tous les peuples, de toutes les sociétés, de toutes les cultures, de toutes les spiritualités, le temps des cathédrales et des forêts sont liées, c’est aussi le temps des hommes ». Une réalité que Jean-Pierre Château résume en deux mots : « Honneur et fidélité ».