La Maison pour tous innove sur son patrimoine et auprès des jeunes

Éric Poli, directeur générale de La Maison pour tous. Logement sociaux à Saint-Claude dans le Jura.

Au premier janvier l’OPH de Saint-Claude et celui du Jura ont fusionné en coopérative immobilière : « la Maison pour tous ». En prémices à cette refonte plutôt inédite dans le milieu des bailleurs sociaux, une autre innovation fut nécessaire : la mise en place d’une convention de remembrement à l’échelle du territoire… Aujourd’hui, alors que la crise touche de manière prégnante la jeunesse, la Maison pour tous lance son propre « plan jeunes » couplant formations et offre de logement. Elle sort ainsi une nouvelle fois du champ que l’on prête habituellement aux organismes du logement social.

Depuis son arrivée en 2013 à la direction générale de l’Office public de l’habitat (OPH) du Jura, Éric Poli ne cesse de bouger les lignes et les codes de l’univers de l’habitat social au point d’endosser le surnom de « Tsunami ». Cet homme, qui a occupé plusieurs postes dans les RH au sein d’entreprises des médias et de l’industrie sait que pour avancer, il ne faut pas rester assis sur ses acquis. En quelques années, notre homme va ainsi réussir à réunir sous une même entité la plupart des OPH du département.

UN REMEMBREMENT SALUTAIRE

En 2015, il porte ainsi la fusion avec l’OPH de Champagnole (qui ne pouvait plus faire face à l’entretien de son millier de logements) et le Foyer Jurassien. Puis, plus récemment la situation financière plus que critique de l’OPH de Saint-Claude, impose un nouveau rapprochement (également renforcé par l’arrivée de la loi Elan qui impose aux organismes HLM un seuil de gestion minimum de 12.000 logements). Un seuil que l’OPH du Jura, avec ses 10.500 logements ne peut pas atteindre seul. « Avec une perte financière importante due à de nombreux impayés et une vacance d’environ 500 à 600 logements sur un parc de 1.800 logements, l’établissement était au bord de la faillite et sous procédure judiciaire, précise Éric Poli. Une dégradation de la situation qui trouve notamment ses origines dans un secteur géographique en souffrance depuis plusieurs années avec la disparition progressive de pans entiers de son industrie, induisant de fait une perte d’attractivité du patrimoine immobilier ». Restait à définir le modus operandi de ce mariage. « Le choix d’une fusion simple risquait de mettre en difficulté la bonne santé de l’OPH du Jura », défend son directeur, qui rappelle qu’à fin juillet 2020 sa structure affichait une capacité d’autofinancement de 11,2 %, avec un taux d’occupation supérieur à 96 % (18.000 personnes logées) et un volume d’impayés inférieur à 4 %. Pour pouvoir à la fois conserver une autonomie décisionnelle locale tout en s’ouvrant de manière maîtrisée aux capitaux privés le choix audacieux de la forme coopérative est acté. « C’est ainsi que notre filiale “La Maison pour tous”, coopérative d’intérêt collectif HLM, relancée il y a deux ans est devenue la structure d’accueil des OPH du Jura et de Saint-Claude », raconte Éric Poli. Outre la forme coopérative, très peu usitée dans le milieu de l’habitat social et l’entrée au capital à hauteur d’un million d’euros du groupe Arcade VYV, qui fait grincer des dents, l’autre originalité du montage tient à la mise en place d’une convention de remembrement du parc de logements sociaux associé au territoire jurassien. « Ce dispositif peu connu et jamais appliqué jusqu’ici en dehors du territoire des communes d’Evry et de Courcouronnes, en Île-de-France, a pour objectif premier l’amélioration de la qualité de service rendu aux locataires ainsi que celle du patrimoine, en particulier sur les aspects de performance technique ou de réhabilitation. Né avec la loi Elan, ce dispositif qui permet d’obtenir un montant significatif d’aides de la part de la Caisse de garantie du logement locatif social (CGLLS) était particulièrement adapté à la situation que nous connaissions, où sur un même territoire nous avions la présence de trois bailleurs (l’OHP 39, la Maison pour tous et l’OPH Saint-Claude) dont un en faillite. Il nous fallait trouver une cohérence de stratégie locatif pour le territoire ainsi qu’une structure capable de porter cette stratégie. Une démarche qui nécessite d’importants moyens financiers », explique Éric Poli. Porté par les différentes parties prenantes signataires (Préfet du Jura, départements du Jura, communauté de Communes Haut-Jura Saint-Claude, fédération nationale des sociétés coopératives d’HLM et la Maison pour tous…) le dossier a été déposé à la CGLLS début septembre 2020. « Sa validation en commission a été obtenue le 29 octobre. Elle était assortie d’un avis d’attribution d’une aide de 6,5 millions d’euros, soit le double de ce que nous aurions obtenu si nous avions fait le choix d’une procédure plus classique, affirme Éric Poli qui souhaite promouvoir ce dispositif méconnu, tout en précisant que : la solution nécessite une vraie ingénierie technique et financière. L’aide de l’État est de 5.000 euros maximum par logement hors déconstruction… Les règles de financement sont très précises et comme la commission de la CGLLS ne se réunit que tous les trois ans, mieux vaut ne pas se tromper dans le chiffrage. Il s’agit notamment de déterminer sans erreur les pertes financières. C’est pourquoi nous avons choisi de faire appel à un cabinet d’expertise comptable pour l’instruction du dossier ».

UN DISPOSITIF D’INSERTION SOLIDAIRE POUR LES JEUNES

Éric Poli a cette culture de l’amélioration, du mieux utile, qui fait sens, mais aussi du partage. Avec ses équipes, « sans qui aucune réussite n’est possible » il ne cesse d’inventer, de se remettre en cause. Aujourd’hui, il innove une nouvelle fois en impliquant sa structure, spécialisée dans l’habitat social, dans le défi de l’accompagnement et de la jeunesse durement touchée par la crise. « Imaginer et mettre en place un plan jeunes n’est, de prime abord, pas la vocation première d’un bailleur social, nous avons toutefois pensé que nous avions une carte jouer, une pierre à poser sur cet édifice de solidarité nationale…, défend Éric Poli. Néanmoins, il ne s’agit pas de faire un plan pour faire un plan, juste pour faire parler de nous. Non, nous avons cherché une formule qui fasse sens, qui s’inscrive dans une démarche gagnant-gagnant pour les jeunes et pour les entreprises. En tant que premier bailleur du département, l’activité du bâtiment ne nous est pas étrangère. C’est pourquoi nous proposons avec nos partenaires des stages et des contrats d’apprentissage en peinture, espace vert, électricité… mais également sur les métiers supports comme l’informatique, la qualité, les RH ou encore la comptabilité… L’idée est de permettre aux jeunes de gagner en compétence tout en participant à la relance. Nous serons très vigilants sur la qualité de l’intégration au sein des entreprises et sur l’utilité des stages, avec en ligne de mire la concrétisation d’embauches définitives. Au sein de la Maison pour tous, nous avons l’exemple réussi de deux contrats d’apprentissage sur des postes de communication et d’assistance sociale qui se sont vus pérenniser en CDI… Pour aller encore plus loin, nous proposons de coupler ses offres d’insertions professionnelles à des propositions d’hébergement dans notre parc de logement à des conditions avantageuses. Cela devrait permettre à des jeunes de toute la région de postuler sans craindre l’épineuse question du comment se loger ».

Vous êtes intéressé par un stage ou un contrat d’apprentissage proposés par La maison pour tous ? Envoyez vos demandes par mail à l’adresse suivante : rh@lmpt-coop.fr