La hausse du coût des matières premières inquiète le bâtiment

Après quelques semaines d’arrêt pendant le premier confinement, les entreprises du bâtiment avaient finalement rapidement repris, avec un redémarrage soutenu. Si les carnets de commandes ne désemplissent pas, la hausse du coût des matières premières inquiète toutefois les professionnels.

Malmenés par la ministre du Travail de l’époque, Muriel Pénicaud, qui les avait accusés d’être défaitistes le 19 mars 2020, les professionnels du BTP s’étaient alors organisés pour mettre en place des conditions de travail dans le respect des mesures sanitaires. « Nous avons tout de suite réagi pour bâtir une manière de retourner sur nos chantiers en toute sécurité, explique Frédéric Demongeot, président de la Fédération française du bâtiment en Côte-d’Or (FFB 21). Nous avons multiplié le nombre de véhicules par chantier, nous avons approvisionné 450.000 masques pour permettre aux entreprises du département de s’équiper et nous avons mis en œuvre avec notre office de prévention du BTP la manière de travailler en sécurité ». Une réactivité et une organisation qui leur a permis de redémarrer très rapidement, dès le 15 mai. « Un redémarrage extrêmement soutenu mais organisé, avec une deuxième partie de 2020 tout aussi soutenue en matière d’activité sur la Côte-d’Or, dans le bâtiment. Ce qui est encore le cas en ce début d’année puisque nous avons des carnets de commandes relativement bien garnis », développe Stéphane Gazelle, vice-président de la FFB 21, avec enthousiasme.

QUELQUES CRAINTES POUR DEMAIN

Malgré cette dynamique, les professionnels du bâtiment font part de leurs craintes sur plusieurs points. « Nous avons une inquiétude quant à la vision de ce que nous ferons demain, confirme Frédéric Demongeot. Le télétravail a ses avantages, mais cela crée quand même souvent une désorganisation dans les équipes et l’absence de projets peut en résulter, notamment quant aux retards d’attribution des permis de construire ». Que ce soit sur des programmes neufs ou de rénovation, la FFB 21 demande aussi à ce que les PME locales puissent accéder aux marchés souvent portés par des majors. « On nous dit qu’on ne fabrique plus rien en France et qu’il faut relocaliser… La seule chose non-délocalisable, c’est le bâtiment ! », rappelle Stéphane Gazelle. Enfin, la loi de l’offre et de la demande a fait significativement croître le coût des matières premières. « En allant chercher des produits d’importation, lorsque les marchés économiques s’orientent entre la Chine et les États-Unis, on se retrouve avec des carences de livraison en Europe… Et si nous ne sommes pas livrés dans les temps, nous devons de fait arrêter nos chantiers. » Comme l’explique le président de la FFB 21, cette situation a entraîné sur ces derniers mois des hausses allant de 20 % pour l’aluminium à 40 % pour le bois ou encore l’acier, en passant par le cuivre qui a pris 30 %. « Il faut savoir que lorsqu’une PME du bâtiment fait une marge nette de 2 % à la fin de l’année, on dit qu’elle a fait une belle année… Alors qu’est-ce que ça va donner quand les matières premières auront pris 30 à 40 % ? », s’interroge son vice-président.