Trente-sept ans auront été nécessaires pour que les anciennes usines bisontines de textile de la Rhodiacéta, devenues friche industrielle, renaissent sous une nouvelle forme : celle d’un grand parc urbain de cinq hectares associé à un musée de l’histoire industrielle de la ville.
Selon les propres mots de Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon et président du Grand Besançon, ce fut « un long feuilleton, mais la Rhodia va enfin revivre ». Tout commence en 1982, avec la fermeture définitive de l’ancienne filature de soie artificielle bisontine Rhodiacéta. Devenue friche industrielle, elle défigurera l’une des entrées de la ville pendant près de 35ans. Après une âpre épopée juridique, qui voit la ville de Besançon devenir enfin propriétaire des lieux en 2015, les premiers coups de pelle de sa déconstruction sont officiellement donnés le 4juillet 2017. Lundi 28 janvier, la collectivité invitait, cette fois, la presse à célébrer la fin de ce processus de disparition des immeubles de la Rhodia du paysage bisontin. Un effacement partiel toutefois, car plusieurs bâtiments ont vocation à être conservés, réhabilités et transformés. Au total, ce sont plus de 30.000 mètres cubes de béton qui ont été retiré au site en quelques 351 jours, pour un coût de 3,2 millions d’euros HT (études comprises), dont 1,5 million HT pour le seul désamiantage (plus de 40 tonnes d’amiante ont été déblayées). Une démolition sans explosif, mais réalisée par grignotage. Les pelles viennent « grignoter » le bâtiment de haut en bas. Les matériaux sont ensuite triés: le métal est revalorisé, le béton broyé et réemployé sur d’autres chantiers. Quid de l’avenir de ce haut lieu de la mémoire bisontine ? L’empreinte de l’usine va servir de base à la création d’un grand parc urbain de 22 hectares. Avec, dans un premier temps, l’aménagement du cœur de parc : environ cinq hectares qui seront livrés nus aux Bisontins en juillet, avant une plantation de la végétation en septembre. Une grande place construite à base de béton du site permettra de recevoir des festivals ainsi que des chapitaux de cirques. Pour prendre en compte la mémoire et les vestiges du site plusieurs bâtiments seront conservés comme le bâtiment historique à l’entrée du site qui abritait les bureaux du comte de Chardonnet, inventeur de la soie artificielle et de son industrialisation sur la Rhodia à la fin du 19e siècle. Également toujours debout la cathédrale, un bâtiment imposant qui hier résonnait du bruit des chaînes de fabrication et qui demain abritera sans doute un musée de l’histoire industrielle bisontine. La conservation de certains éléments icôniques du passé du site est notamment discutée avec les anciens salariés de l’usine, avec lesquels la ville a déjà réalisée une visite. Un inventaire des graphs, des films hommages, des expositions sont en préparation… Dernier témoin du passé, le château d’eau, qui pourrait accueillir un mur d’escalade, Jean-Louis Fousseret ayant à cœur de faire aussi de ce nouveau lieu un espace à vocation sportive. Le Club nautique de Besançon (SNB) doit d’ailleurs intégrer le site. D’autres projets pourraient naître après 2020, comme un pont transbordeur, un restaurant, des pépinières d’entreprises, des logements, une fabrique culturelle… Tout reste à construire.