Le président de la Région Grand Est, Jean Rottner était en visite dans l’Aube au contact des acteurs du territoire, pour constater le dynamisme de la filière textile auboise, qui passe le cap de la crise sanitaire.
La « renaissance » de la filière textile auboise de ces dernières années aurait pu être mise à mal par la crise sanitaire. Comme elle avait fait dans le passé après la vague de délocalisation des années 80-90, l’industrie textile a fait une nouvelle fois preuve de sa résilience. « Une nouvelle page est en train de s’écrire pour le textile aubois et ses entreprises qui démontrent leur capacité à rebondir sur la scène nationale et internationale », souligne Jean Rottner, à l’issue de trois visites d’entreprises textiles auboises. Le Coq Sportif, l’équipementier sportif de Romilly-sur-Seine, Tismail, le dernier grand fabricant aubois de chaussettes et France Teinture, le plus gros teinturier à façon de France, ont en commun d’avoir des projets de développement, d’innovations et d’investissements. « Notre rôle est d’accompagner ces entreprises et être à l’écoute des professionnels de la filière, non seulement en matière d’investissements mais également de formation d’autant qu’il y a de véritables besoins et des opportunités d’emplois pour les jeunes », poursuit le président de la région Grand Est. « L’intérêt suscité par le made in France nous permet de tirer notre épingle du jeu », fait remarquer Benoît Seguin, le patron de Tismail. La PME auboise vient aussi de se voir renouveler, pour les quatre prochaines années, son contrat de fournisseur auprès de l’armée française. Les marchés publics sont une part significative de l’activité de l’entreprise troyenne produisant plus de 3 millions de paires de chaussettes par an. Présent également dans le domaine des chaussettes techniques comme sur le marché grand public, Tismail va se lancer dans l’ouverture de magasins en propre.
UNE ACTIVITÉ ENRACINÉE
« Il ne faut pas oublier le lien entre cette industrie et la bioéconomie avec les perspectives liées au lin, au chanvre et même au raisin », ajoute Jean Rottner. Le Coq Sportif a sorti l’année dernière ses premières baskets en cuir végétal à base de raisin. Revenue en 2010 dans son berceau historique de Romilly-sur-Seine, la marque emblématique du sport français s’y plaît beaucoup, au point d’envisager l’ouverture prochaine d’un nouvel atelier textile avec une centaine d’emplois supplémentaires. Le Coq Sportif qui joue pleinement la carte du réseau local, et qui est devenu un partenaire très important de France Teinture.
« C’est ici que nous avons retrouvé le fameux vert de Saint-Étienne pour les maillots du Coq Sportif », indique Denis Arnoult, responsable de France Teinture et président de l’Union des industries Textiles de Champagne-Ardenne. Dans cette vaste usine troyenne sont réalisées des milliers de formulations par an pour teindre les matières envoyées par des clients. « Nous avons beaucoup de recherche et développements, par exemple sur les colorants naturels ou encore pour diminuer les consommations énergétiques et d’eau », précise Denis Arnoult. Le Grand Est vient d’ailleurs d’accorder une aide pour les futurs investissements de la PME. Bref, le textile aubois retrouve des couleurs. Autre illustration avec l’Atelier d’Ariane, lauréat Territoires d’Industrie, qui envisage la relocalisation d’une production textile actuellement réalisée en Chine. Un symbole fort.
L’enjeu essentiel de la formation
Pendant de longues années, les effectifs de la filière textile auboise se sont effilochés en se réduisant comme peau de chagrin. Le secteur qui a employé jusqu’à 30 000 salariés dans l’Aube dans les années 70, en compte encore près de 4 000 aujourd’hui. Mais, fait nouveau, depuis deux ans les effectifs remontent, portés par les investissements et le retour du « made in France ». « Notre enjeu aujourd’hui est de former des jeunes, et transmettre le savoir- faire avant que les anciens ne partent en retraite », explique Benoît Seguin. Chez Tismail, toutes les occasions sont bonnes pour inciter les jeunes à pousser la porte de l’usine et à ne pas tenir compte du déficit d’image dont souffre la bonneterie auboise. C’est par exemple en discutant avec le patron du bar-PMU voisin que Tismail a trouvé celle qui s’occupe aujourd’hui de la conception des modèles. Lacoste, Petit Bateau mais aussi Ariane Confection possèdent même leur propre école de formation interne pour recruter des jeunes. Les industriels aubois comptent beaucoup sur la Région pour les aider dans l’effort indispensable en matière de formation pour développer de nouvelles formations dans le département.