Grâce au bio et aux lentilles, le producteur aubois voit son activité décoller fortement.
Avec deux confinements à leur actif, les ménages français ont pris goût à cuisiner à la maison. En même temps, ils ont découvert, ou redécouvert, des ingrédients locaux, en veillant à leurs conditions de production. Une situation exceptionnelle qui a permis à la Ferme Parthiot de se faire connaître davantage. C’est le cas de la nouvelle farine T55 élaborée par le producteur de Chaserey, dans l’Aube, et sortie dans les linéaires des magasins fin février dernier. « Au départ nous avions un objectif de 30 000 à 50 000 sachets sur l’année 2020, et nous avions déjà livré 100 000 sachets fin juin », explique Guillaume Parthiot qui poursuit aujourd’hui l’aventure familiale née dans les années 1930, avec son père Guy et son frère Julien.
NOUVEAU PRODUIT ET INNOVATION
« Si la grande et moyenne distribution poursuit sa politique de proximité et ne se laisse pas tenter par les importations, la tendance devrait se confirmer, car le consommateur a retrouvé le goût de la cuisine familiale, et les Chefs débordent d’idées pour relancer leurs activités », ajoute-t-il. Éla- borée à partir du blé cultivé dans l’exploitation familiale, cette farine de qualité, après avoir séduit les particuliers, part désormais à la conquête des boulangeries. L’innovation est aussi une des valeurs de la Ferme Parthiot où l’on travaille, par exemple, à la mise au point de farines de légumes secs sans gluten. Pendant le confinement, les ménages français ont aussi retrouvé un intérêt croissant pour les légumes.
LE RETOUR EN FORCE DE LA LENTILLE
Ça tombe bien : depuis les années 2000, Guy Parthiot milite en faveur de la lentille verte, culture nécessitant peu d’intrants et aux grandes qualités alimentaires. Au premier semestre 2020, les volumes de ventes de légumes secs de la Ferme Parthiot ont doublé, passant de 43 000 en 2019 à 81 000 cette année. Agréée bio depuis 2017, Parthiot & Fils entraîne dans son sillage d’autres producteurs de légumineuses de l’Aube, la Côte d’Or, l’Yonne et la Nièvre. Une action qui a permis la création, cette année, de la « Filière des légumineuses durables », avec l’objectif de propulser les producteurs partenaires dans une démarche Haute Valeur Environnementale. Une action collective initiée par le producteur aubois qui permet de répondre aux besoins des principaux conservateurs français que sont Bonduelle, d’Aucy, William Saurin, Raynal et Roquelaure et Kerlys. Le producteur de Chaserey fournit les particuliers sous la marque.
La ferme Parthiot, mais aussi les grands noms de l’agro-alimentaire. Il figure d’ailleurs parmi les cinq premiers producteurs français de lentilles vertes, blondes et bio avec 1908 tonnes par an. Parmi les autres productions de légumes, les pois chiches (432 t), les pois cassés (199 t) ou encore les lingots blancs (111 t). Si l’industrie alimentaire reste le premier débouché devant la GMS, l’entreprise auboise a aussi développé la culture et la commercialisation d’autres variétés comme les lentilles roses de Champagne.
Depuis que l’exploitant aubois est passé au bio, le chiffre d’affaires ne cesse de grimper passant de 700 000 euros en 2017 à 2,5 millions d’euros en 2019. Cette année devrait être un bon cru.
Le bio s’ancre dans la région
Les statistiques 2019 de l’Observatoire de la bio en Grand Est confirment une nette progression tant en agriculture qu’en viticulture. Ainsi, dans le département de l’Aube, 196 fermes sont engagées en bio (3,7 % des fermes de l’Aube), soit 39 fermes de plus en un an (+24,8%) ; 124 de plus qu’il y a cinq ans et 154 de plus qu’en 2009. Ces fermes engagées en bio représentent en 2019 une surface globale de 11 589 hectares – dont près de 5 700 hectares en conversion – soit 3,1 % de la surface agricole utile de l’Aube.
L’augmentation relevée en 2019 des surfaces bio est quant à elle de 2 600 hectares en un an, soit une progression de 30,1 % par rapport à 2018 ; 8 860 hectares de plus en cinq ans et 9 767 hectares de plus en dix ans. Dans la Marne la progression de l’agriculture bio est également significative.
En 2019, 370 fermes marnaises étaient engagées dans le bion grâce à la labellisation de 65 nouvelles exploitations, ce qui représente une progression annuelle de 21,3 %.
LE VIGNOBLE CHAMPENOIS CONCERNÉ
Côté surfaces aussi la hausse est sensible avec plus de 2000 hectares supplémentaires, soit une progression de 23,1 % sur une année. Le mouvement est moins fort dans les Ardennes, avec une progression annuelle de 8,5 % en nombre d’exploitations et de 12 % en termes de surfaces agricoles. Il est vrai que les Ardennes ont pris de l’avance dans le domaine de l’agriculture bio qui concerne 8 % des exploitations et 5,1 % des surfaces agricoles du département. Des pourcentages bien au dessus de la moyenne champardennaise 3,9 % des fermes et 3,8 % des surfaces.
La viticulture bio est de plus en plus présente dans le vignoble champenois. La progression enregistrée en 2019 est de 27 % : 260 domaines sont engagés en bio, dont 56 nouveaux entrants au cours de l’année dernière. Ce sont les viticulteurs marnais qui montrent la voie avec 180 domaines bio et 809 hectares concernés dont 488 en conversion.
La progression, en ce qui concerne les surfaces du vignoble marnais, est de 30 % sur un an. Dans l’Aube qui ne compte que 60 domaines bio, les surfaces concernées sont moindres : 265 hectares, dont 81 en conversion. Si la progression est constante, le bio ne concerne encore que 3,4 % de la surface viticole champenoise.