Emmanuel MartinLa famille comme moteur

Grinyland

Emmanuel Martin pose ici devant le chalet du Père Noël.

Créateur du parc Grinyland, Emmanuel Martin souhaite avant tout poursuivre un héritage familial en y imprimant sa propre marque. Chaque année, il apporte de petites améliorations à un parc qui se place comme le seul parc d’attraction du département.

C’est un petit bond dans le temps que l’on effectue lorsque l’on franchit les portes du parc Grinyland. Ici, pas de gros manèges à sensations, peu de bruit, mais plutôt un petit écrin de verdure, de jeux et de rires d’enfants. Et c’est bien cet esprit familial et chaleureux qu’a toujours voulu impulser son créateur, Emmanuel Martin. Car cet endroit, bien avant qu’il ne devienne un parc, était déjà une aire de jeux naturelle où il passait, enfant, de longs moments avec son père. « Je viens d’une famille d’agriculteurs. Mon père, mon grand- père, avaient une ferme, avec des terres, des champs. »

Ces grandes étendues céréalières, où la ligne d’horizon côtoie les plantations de blé, de betteraves et de pommes de terre ne sont guère propices aux jeux enfantins. Si ce n’est qu’à Sept-Saulx, il y a aussi des tourbières avec de petits ruisseaux qui serpentent entre les îlots de terre. « Je venais souvent pêcher avec mon père ou faire de la barque à cet endroit », livre-t-il. Ces moments restent à jamais gravés dans sa mémoire, d’autant qu’à 17 ans, Emmanuel Martin le perd d’un cancer foudroyant.

Se pose alors la question de la reprise de l’exploitation. Peu intéressé par la culture céréalière et l’élevage, il passe tout d’abord un bac scientifique et laisse le soin à son frère aîné de poursuivre l’héritage familial. Le précieux sésame en poche, il s’oriente vers un BTS de paysagiste spécialisé dans l’horticulture et l’aménagement des espaces à l’Institut de Genech, à proximité de Lille. « J’ai toujours eu une sensibilité aux petits aménagements, j’aimais bien les fleurs, la pelouse, les ornements, mais surtout tout ce qui touche à la végétation aquatique », confie Emmanuel Martin. « J’ai vraiment trouvé ma voie lors de ce BTS. Pendant deux ans, je me suis éclaté à étudier l’histoire des jardins et tout ce qui se rapportait aux bassins. »

En revenant chez lui, il décide alors de valoriser le terrain de 12 hectares où il venait enfant en y ouvrant une jardinerie spécialisée dans les plantes aquatiques. De 1994 jusqu’aux années 2000, l’entreprise fonctionne bien avec « des milliers de références de végétaux ». Mais avec l’arrivée d’internet, les ventes s’effondrent, surtout au niveau du matériel, « tout ce qui était mécaniquement construit, les gens trouvaient moins cher ailleurs ». Parallèlement, Emmanuel Martin étoffe l’activité du parc. « En 1994, il n’y avait qu’une prairie et des vaches. À partir de 1996, je commence à faire visiter la tourbière et à ouvrir les balades en barques, puis petit à petit, je m’équipe en manèges. » Sentant le vent tourner avec son entreprise, il développe la partie guinguette, qui plaît beaucoup. « J’ai pris un accordéoniste, Damien Bérézinski, qui travaille avec moi depuis 20 ans. Au début, on avait 50m2 et puis aujourd’hui ce sont 400 m2 que l’on remplit chaque été ! »

TROUVER UNE IDENTITÉ QUI RAPPELLE LA VERDURE

En 2000, le parc obtient sa licence de spectacle qui l’autorise à embaucher des intermittents. « À partir de là, l’offre proposée a vraiment pu changer car nous avons monté de véritables numéros de divertissement. C’est très enrichissant de travailler avec des professionnels du spectacle, car ils nous apportent leurs idées, leur univers. »

En 2012, le parc est rebaptisé. De Parc nature et loisirs il devient le parc Grinyland, pour le monde de Griny, le petit lutin mascotte. « Il fallait trouver une identité, une marque, pour que cela accroche les esprits. Et si j’avais manqué le tournant internet avec la jardinerie, il n’en a pas été de même avec le parc où on a tout de suite travaillé notre présence sur les réseaux sociaux : Facebook et Instagram. Grinyland a été choisi pour le côté verdure « green » en anglais. Car c’est ce que c’est ici, un espace de 12 hectares avec de l’eau et des arbres, au milieu des grands champs champenois. »

Aujourd’hui, toute la famille est impliquée dans l’aventure. Sa femme d’abord, qui travaille au quotidien à ses côtés, mais aussi ses trois filles, qui dès qu’elles le peuvent participent, notamment dans la partie réseaux sociaux « où elles sont de bons conseils ! » Le frère et la sœur d’Emmanuel Martin, même s’ils ne sont pas dans le milieu du spectacle, donnent également des coups de main quand cela est nécessaire. Le parc a trouvé sa vitesse de croisière avec 20 000 entrées en moyenne l’hiver, 40 000 en été et un chiffre d’affaires d’1,4 million d’euros. « Chaque année, on amène de nouvelles choses. L’été dernier c’était un nouveau manège, un grand huit. Mais attention, un petit grand huit, qui s’adresse avant tout aux enfants. Notre cœur de cible c’est vraiment la famille, avec un, deux, trois enfants, de 3 à 12 ans environ. »

D’ailleurs, en cette période de l’année, c’est le chalet du Père Noël qui attire les foules. Sur une surface de 900 m2 et pendant une heure et quart, les petits et grands évoluent dans le chalet avec les lutins et suivent les étapes de la préparation de Noël. Toujours dans un esprit très « vintage », le cheminement est source d’émerveillement. D’années en années, le spectacle itinérant connaît un véritable succès puisque les séances pouvant compter jusqu’à 40 personnes maximum, s’enchaînent toute la journée à un rythme soutenu atteignant 40 rotations dans la journée ! « Cela fait 12 ans que l’on fait l’arrivée du Père Noël à Sept-Saulx. La transmission c’est très important. Aujourd’hui, on a des stagiaires en école de tourisme qui venaient petits au parc. »

Si les attractions et spectacles évoluent – le dernier en date retrace la venue de Jeanne d’Arc à Sept-Saulx pour récupérer les clefs de la ville de Reims – il y a un endroit qu’Emmanuel Martin ne touchera jamais : « Le poumon du parc, la tourbière. Jamais on y touchera. On la fera toujours visiter même si elle n’est pas indiquée sur nos dépliants, elle a toujours du succès, c’est d’elle que tout est parti. »

Parcours

1971 Naissance à Reims.
1990-1992 BTS de paysagiste à l'Institut de Genech, spécialisé dans les formations du vivant.
1994 Ouverture de la jardinerie sur le futur site de Grinyland, spécialisée dans les plantes aquatiques.
1996-2013 Ouverture du parc parallèlement à la Jardinerie.
2012 Appelation officielle du parc Grinyland.