La digitalisation des métiers c’est déjà… aujourd’hui

Isabelle Kuhn, responsable du pôle numérique et industrie du futur à l’Agence régionale d’Innovation Grand Est (Grand E-nov) à Bezannes. (Photo : Jacques Rivière)

La Passerelle des métiers à l’emploi d’Epernay a organisé une conférence sur le thème de la « digitalisation des métiers » par la transformation numérique et l’intelligence artificielle (IA). En la matière, les besoins sont considérables.

Sait-on bien que dès l’an prochain, 700 000 emplois dans le domaine du numérique seront à pourvoir en Europe ? Dont 80 000 en France ! Sait-on bien que, selon l’OCDE, 32 % des métiers que nous connaissons actuellement vont disparaître tandis que 60 % des métiers à l’horizon 2030… n’existent pas encore ! Cités par Isabelle Kuhn, responsable du pôle numérique et industrie du futur à l’Agence régionale d’Innovation Grand Est (Grand E-nov) à Bezannes, ces chiffres donnent un peu le tournis.

Pourtant, tous les intervenants de cette conférence sur la digitalisation des métiers exprimaient bien l’urgence de corréler la formation aux besoins, tant actuels que futurs.

À ce titre, la Région Grand Est, déjà en pointe en la matière, a lancé en juin son plan « Intelligence artificielle », actuellement en phase de déploiement, qui vise à mettre l’intelligence artificielle au service de l’Homme pour faciliter son travail quotidien. Ce sont ainsi quelque 350 M€ qui vont être mobilisés par la Région sur ce thème dans le 5 prochaines années.

L’IA DÉJÀ À L’ŒUVRE EN RÉGION

Pour autant, l’intelligence artificielle (quoique les intervenants s’accordent à reconnaître dans cette dénomination l’absence de toute « intelligence » au sens propre) est déjà à l’œuvre en région. Le supercalculateur Romeo, de l’Université Reims Champagne-Ardenne, l’un des plus puissants au monde, a été équipé dès 2016 du premier serveur d’intelligence artificielle. En partenariat avec la Maison de Champagne Vranken, l’Urca mène le projet « IA for champagne industrie » dont l’objectif est d’être industrialisé dans les trois prochaines années. Grâce à l’IA, il deviendra alors possible de détecter précocement les maladies de la vigne, de prévoir les rendements, de compter les grappes, de suivre la maturation, d’estimer la qualité des raisins, etc. Pour l’heure, comme le soulignait le professeur François Alin, chargé de mission pour les questions relevant de l’enseignement de l’informatique, « le problème de l’IA, ce ne sont pas les algorithmes à réaliser, ce sont les don- nées qu’il fait s’approprier et traiter pour créer les algorithmes… »

LES ENJEUX DE LA FORMATION

Puis plusieurs exemples d’application concrète de l’IA étaient ensuite présentés. A l’image du tout nouveau robot viticole Bakus, 100 % automatique, 100 % autonome, œuvre de la startup rémoise Vitibot, a été présenté. Voilà bien un « enfant » de l’IA, dont le projet a été entièrement conduit à Reims… et pas aux Etats-Unis – ce qui étonne parfois.

Enfin, François Alin pour l’Urca, Gabriel Francart pour l’Ecole nationale supérieur d’Arts et Métiers de Châlons, et Patrice Autié pour l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM), ont expliqué les enjeux de la formation dans le cadre de métiers de plus en plus orientés vers le numérique. Des formations qui vont du Bac Pro au diplôme d’ingénieur, s’intègrent à l’existant dont il n’est surtout pas fait table rase, doivent permettre de rendre l’industrie plus… séduisante en valorisant toutes les données dont elle dispose.

La difficulté étant peut-être de faire coller les formations aux besoins des entreprises… qui ne savent pas encore très bien quels sont les futurs nouveaux métiers qui vont émerger.