La dernière moisson inquiète les producteurs de la Côte-d’Or

La Côte-d’Or livre une moisson 2020 inquiétante pour la zone intermédiaire avec plus de 130 millions d’euros de pertes.

Les producteurs en grandes cultures de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes agriculteurs, ainsi que les membres de l’Association pour la promotion des productions végétales (APPV), se sont réunis mercredi 5 août à Quetigny, pour faire un premier bilan de la moisson d’été 2020, une récolte globalement mauvaise et très hétérogène sur le territoire de la Côte-d’Or. L’occasion d’estimer les pertes économiques subies par les exploitations et la filière. « Nous avions réalisé une vidéo, en juin dernier à la veille des moissons, pour sensibiliser les instances nationales agricoles, ainsi que nos élus. Le résultat de cette moisson ne fait que confirmer ce que nous mettions en avant, qui tient au dérèglement climatique, c’est un fait, mais aussi à certains choix politiques avec des impacts sur les filières colzas et moutarde », explique Jacques de Loisy, responsable de la commission productions végétales de la FDSEA 21. La campagne a en effet cumulé plusieurs handicaps climatiques, comme le détaillent les syndicats dans un communiqué de presse. Le sec à l’implantation des colzas en fin d’été, suivi par un coup de froid venteux et du gel fin mars qui ont nui aux colzas rescapés mais aussi aux orges d’hiver. Ces orges ont eux- même subi des conditions défavorables pendant la méiose. Enfin, le printemps a compté 50 jours de temps sec, ce qui a particulièrement impacté les terres à faible réserve hydrique avec un nombre d’épis déficitaire. « L’avenir est plus qu’incertain pour la tête de rotation de la Côte-d’Or et c’est une vraie problématique. Nous sommes face à une impasse agronomique, amplifiée aussi par les décisions de l’Europe et de la France en matière de réduction des solutions phytosanitaires », complète Antoine Carré, président des Jeunes agriculteurs de Côte- d’Or.

PERTES ESTIMÉES À PLUS DE 130 MILLIONS D’EUROS

Dans leur chiffrage détaillé dans leur dernier communiqué, les acteurs de la filière végétale du département ont estimé la perte de recettes liée à la moisson d’été entre 85 et 100 millions d’euros. « Un chiffre qui cumule 73 millions d’euros de perte de vente de grains et entre 12 et 26 millions d’euros liés au déficit en paille », détaille Jacques de Loisy. Les organisations représentatives de la filière parlent, elles, d’une double peine sur le territoire départemental. En effet, ce dernier compte près de deux tiers d’exploitations qui cumulent grandes cultures et élevage. « Il faudra donc acheter ailleurs cette paille manquante », expliquent-ils. Avec la facture qui suit, estimées à 32 millions d’euros supplémentaires. Finalement, entre les recettes qui ne rentrent pas et les dépenses supplémentaires, le coût de cette mauvaise moisson pourrait dépasser les 130 millions d’euros pour les producteurs et impacter l’ensemble des acteurs de la filière, avec des adaptations rapides nécessaires à la clé.

Dans un bilan global très médiocre, le blé est la culture qui « tire le mieux son épingle du jeu » en 2020, avec un rendement moyen certes en baisse de 10 %, mais une qualité au rendez-vous pour le débouché meunerie (bons taux de protéines).