La Mutualité française de Bourgogne recevait récemment Thierry Beaudet, président national de cet organisme, venu parler des défis qui se posent à la prise en charge de la dépendance.
Un nouveau risque social: c’est ainsi que se présentent les problématiques de dépendance liées au vieillissement de la population en France. Sur ce thème, une loi a été annoncée pour 2019, en prévision de laquelle une concertation nationale sur le financement de la dépendance a été lancée, dont on devrait connaître les résultats dans le courant de ce mois de février. Dans le domaine, la Mutualité française a fait le choix d’agir plutôt que de subir. L’organisme a fait porter ses réflexions sur trois grands axes qui sont autant de défis à relever : la prévention, l’offre de soins et son financement. Des propositions concrètes ont découlé de ces réflexions, qui seront présentées au gouvernement mais Thierry Beaudet, président national de la Mutualité française, avait décidé de lever un coin du voile sur ces propositions, en janvier, lors de sa venue à Talant.
TROIS STRUCTURES
Reçu par Michel Martin, président de la Mutualité française bourguignonne, il a également pu visiter le site Libération de Talant qui illustre certaines des propositions faites au niveau national, en réunissant trois structures au même endroit : le multi-accueil « La Pouponnière», d’une capacité de 80 berceaux, leVill’age Bleu, composé de 22 appartements abritant des personnes âgées autonomes qui trouvent là une alternative entre le domicile et la maison de retraite. Enfin, la résidence mutualiste « Robert Grandjean » d’une capacité d’accueil de 78 résidents. Cet Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dispose également d’un Pôle d’activités et de soins adaptés (Pasa) accueillant 14 résidents atteints de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés pour un accompagnement individuel et personnalisé. Le site Libération de Talant s’inscrit dans un projet global visant à favoriser les échanges intergénérationnels et l’émergence de liens. Thierry Beaudet a rappelé que la Mutualité française gère plus de 200 Ehpad en France, ainsi que 2.600 structures de soins et d’accompagnement. Une expertise qui confère un certain poids à ses propositions, et une dimension qui font aussi comprendre que, pour cet organisme, le thème de la dépendance et de son financement est tout simplement une question de survie.
Ces propositions, elles sont au nombre de 20, articulées autour de quatre convictions fortes, comme le soulignait Thierry Beaudet : laisser aux personnes âgées la possibilité d’exercer leur liberté de choix en proposant un parcours domiciliaire et une offre de soins modulaire, graduée, adaptée, afin d’être porteur, le plus longtemps possible, d’alternatives à l’hébergement. Cela passe aussi par le développement des dispositifs d’accompagnement et de soutien à domicile.
Faire en sorte que chaque personne préserve sa qualité de vie et son autonomie, notamment en repérant le plus tôt possible les fragilités. Reconnaître le rôle des aidants et leurs difficultés, face à la perte d’autonomie de leurs proches.
Comprendre que tout cela ne peut se faire à budget identique. Aujourd’hui, la prise en charge de la perte d’autonomie en France représente un coût de 30 milliards d’euros, dont 24 milliards financés par la puissance publique et 6 milliards à la charge des particuliers. Les personnes âgées dépendantes sont 1,3 million aujourd’hui en France et on estime qu’elles seront le double en 2060. Face à une telle situation, pour éviter la tentation d’une hausse des prix des Ehpad, insupportable pour de très nombreuses familles, la Mutualité française proposerait notamment de plafonner les tarifs et de tenir compte des ressources des personnes. Actuellement, en moyenne, le coût d’un hébergement en Ehpad est d’environ 2.000 euros par mois, ce qui est déjà un montant supérieur aux ressources d’une personnes dépendante sur deux…