La croissance de Mimbus n’a rien de virtuel

La PME installée à Saint-Jean développe des simulateurs dédiés à la formation professionnelle. Elle sera les 13 et 14 mars au salon TAF (Travail avenir formation) au parc des expositions de Toulouse avec, en démonstration, son simulateur Virtual Indus.

Déficit d’image, défaut d’information: certains secteurs comme l’industrie ou le bâtiment peinent à recruter. Pour répondre à cette problématique, Mimbus, une PME de Saint-Jean fondée en 2011 et dirigée par Laurent Da Dalto, utilise la réalité virtuelle pour créer des simulateurs dédiés à la formation professionnelle, des outils innovants et ludiques, connectés à une plateforme développée en interne qui permet d’analyser le comportement de l’apprenant et d’adapter la formation.

L’aventure a commencé à Toulouse 10 ans plus tôt pour Laurent Da Dalto. Alors employé dans une société de services en informatique, il développe, avec une équipe, un simulateur de soudage, destiné à l’apprentissage des gestes du soudeur, « le premier au monde ». Rapidement un petit marché se crée autour de ce nouvel outil et en 2011, Laurent Da Dalto quitte la société pour créer Mimbus. « Je souhaitais fournir une solution globale pour l’apprentissage des gestes métier, quel qu’il soit, explique-t-il. Nous avons alors créé une plateforme de suivi pédagogique à partir d’un simulateur virtuel, dénommée Vulcan. Elle permet de capter tout ce qui se passe sur le simulateur, quel qu’il soit ». Depuis, Mimbus a enrichi sa gamme en développant ou codéveloppant de nouveaux simulateurs. Le catalogue en compte aujourd’hui une dizaine.

PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE

« Notre idée est d’utiliser ces technologies modernes, qui parlent beaucoup aux jeunes et suscitent la curiosité, pour attirer des personnes et leur faire découvrir, grâce au casque de réalité virtuelle, ce que sont véritablement ces métiers en tension. Notre plateforme permet alors d’analyser ce que fait l’utilisateur et d’évaluer les aptitudes de chacun pour exercer tel métier. On peut ensuite, grâce au simulateur, former la personne plus rapidement, pour un coût moindre et sans risque, lui permettre d’obtenir ses certificats et d’accéder au poste », détaille Laurent Da Dalto. L’utilisation du simulateur permettrait ainsi de réduire les coûts de 20 à 30% et de diviser jusqu’à 10 fois le temps de formation.

On pourrait craindre que ces outils numériques remplacent à terme les formateurs. « Certainement pas, rassure le fondateur de Mimbus. L’outil permet vraiment d’individualiser la formation, d’analyser les résultats de chacun et de réagir pour chaque élève de manière différente, d’adapter l’exercice pour combler ses lacunes. L’idée est de replacer le formateur, dans son rôle pédagogique, au cœur du dispositif : il est là pour comprendre les blocages et adapter la formation en fonction. Notre ambition est de valoriser les centres de formation qui n’ont pas forcément les outils adéquats pour répondre aux besoins. » Trois nouveaux simulateurs métiers sont actuellement en développement. Ils sortiront dans le courant de l’année.

Mimbus, qui a réalisé un chiffre d’affaires d’1,35 M€ en 2018, vend ses produits à hauteur de 80 % à des centres de formation, lycées professionnels, CFA, etc. Mais la part du secteur privé est croissante, explique Laurent Da Dalto. « Avec le développement de l’industrie 4.0 et l’arrivée de nouveaux métiers, les besoins des industriels ont changé. Les centres de formation publics n’ont pas évolué assez vite pour répondre à la demande. Le résultat, c’est que les grands groupes ou les agences de recrutement créent leurs propres centres de formation privés, dédiés à leurs besoins. Ils deviennent alors nos clients car le virtuel présente l’avantage de pouvoir construire ce que l’on veut, pour un coût bien moindre et c’est très facile à modifier. »

VULCAN, NOUVEAU STANDARD

Mimbus qui réalise déjà plus de 60 % son chiffre d’affaires à l’international, prévoit de renforcer encore cette part. Présente en Asie et en Europe de l’Est, via un réseau de revendeurs très actifs, la PME saint-jeannaise a ouvert début 2018 un bureau à Chicago, seule manière pour elle d’accéder au gigantesque et prometteur marché américain. « Nous avons vraiment commencé à y être actifs à partir d’avril et avons réalisé 150 K€ de chiffre d’affaires sur l’année. Or en 2019, nous avons réalisé le même montant en un mois, en janvier. Nous sommes sur une prévision de 800 à 900 K€ pour cette année ! » Mimbus réfléchit à la création à moyen terme d’une seconde représentation, en Asie centrale cette fois, afin d’accélérer son business.

L’entreprise poursuit en parallèle le développement de sa plateforme pédagogique. « Notre objectif à terme, assure Laurent Da Dalto, est de faire de Vulcan un standard, comme Skype ou WhatsApp pour les vidéo-conférences, de sorte que lorsque vous faites de la formation sur simulateur virtuel vous le connectiez à Vulcan. » Pour ce faire, la PME qui compte 18 collaborateurs dont deux à Chicago et un à Paris, prévoit de recruter quatre personnes cette année et autant l’an prochain : des profils de commerciaux, support client, développeurs web et développeurs 3D.

Lauréate en février du concours des Inn’Ovations qui récompense chaque année les projets innovants d’Occitanie, organisé par Ad’Occ, l’agence de développement économique de la région, dans la catégorie Entreprise internationale de l’année, la PME de Saint-Jean table sur un chiffre d’affaires prévisionnel de l’ordre de 3 M€ pour 2019.

UN SIMULATEUR AU PAKISTAN EN AVRIL
Depuis 2015, Mimbus œuvre au déploiement au Pakistan de centres de formation en réalité virtuelle et dédiés aux personnes handicapées. Grâce à l’aide de relais locaux, le premier centre devrait être opérationnel fin mars et permettra de former de futurs électriciens via des formations adaptées à chaque handicap. D’autres partenariats sont en cours de négociation avec des associations caritatives, car, explique Laurent Da Dalto, « l’enjeu est de déployer le dispositif plus largement dans tout le pays et de prouver, en allant dans un pays en voie de développement et en ciblant des populations souvent mises à l’écart, que la réalité virtuelle a une application pratique vitale lorsqu’elle est bien utilisée, qu’elle est efficace pour former des personnes handicapées partout dans le monde ».