La choucroute intéresse la Chine

François Laurent et les conditionnements de plus en plus diversifiés de la choucroute Laurent pour répondre à la diversification actuelle des modes de consommation.

La PME familiale André Laurent mise sur l’exportation pour compenser la diminution de la consommation en France.

La choucroute fait partie de la gastronomie traditionnelle française depuis bien longtemps. Pourtant on en mange de moins en moins, la consommation individuelle étant passée de 1,2 kg en 1985 à seulement 600 grammes aujourd’hui. « Les modes de vie évoluent et le snacking remplace de plus en plus le déjeuner, alors nous nous adaptons en développant de nouveaux formats individualisés de préparation rapide », explique François Laurent qui dirige l’entreprise de Blignicourt avec sa sœur Agnès Le Runigo.

Pourtant la choucrouterie Laurent, avec sa production annuelle de 8000 tonnes, dont 6500 à Blignicourt et 1500 en Alsace reste bel et bien le premier fabricant français. Les clients traditionnels de la PME familiale auboise sont les charcutiers-traiteurs, les restaurants mais aussi la grande distribution, notamment par l’intermédiaire de grossistes.

DIVERSIFICATION

Toutefois, en dépit des multiples qualités tant gustatives que diététiques que l’on reconnaît au chou et à la choucroute crue ou cuite, il n’est pas simple d’attirer de nouveaux consommateurs, notamment parmi les jeunes. Pourtant, l’entreprise auboise a multiplié les initiatives, par exemple en se lançant dans le street-food ou encore en élaborant d’autres formats que la traditionnelle conserve. « Nous nous sommes aussi lancés dans le bio et nous voulons poursuivre dans cette voie », ajoute François Laurent.

Aujourd’hui, une dizaine d’agriculteurs cultivent 170 hectares de chou à choucroute à proximité de l’usine de Blignicourt où travaillent 35 équivalents temps-plein. « En réalité, les effectifs varient de 28 à 70 personnes en fonction de la saison et trouver du personnel devient de plus en plus compliqué », constate Agnès le Runigo.

L’AVENIR PASSE PAR L’EXPORT

Malgré ces obstacles, la PME auboise, qui a réalisé 6,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, croit toujours à la choucroute. « Mais nous allons chercher à l’international de nouveaux marchés : j’étais en Chine en novembre dernier, et j’ai pu y constater un intérêt certain pour nos produits », ajoute François Laurent. Un paradoxe au premier abord puisque la choucroute est justement originaire de Chine. Mais la préparation à la française, avec ses normes alimentaires strictes et le savoir-faire gastronomique en font un produit d’exception recherché par les consommateurs chinois dont le pouvoir d’achat ne cesse d’augmenter. Dans d’autres contrées lointaines comme le Canada, le Japon ou les États-Unis, la choucroute auboise au label rouge a de plus en plus d’adeptes.

La part à l’export n’est encore que de 10 % mais elle progresse. « Nous pouvons vous aider à vous internationaliser », expliquent Isabelle Héliot-Couronne et Marc Sebeyran, venus avec d’autres conseillers aubois de la région Grand Est rencontrer les chefs d’entreprise du briennois. La choucroute auboise, qu’elle soit préparée au champagne ou au riesling, n’a pas fini de franchir les frontières.