La Champagne se prépare à l’arrivée des robots

Plus rentable, écologique et utile pour réduire la pénibilité, le robot semble avoir un bel avenir dans la viticulture.

La journée Vignoble et Qualités organisée par le Centre Vinicole Champagne Nicolas Feuillatte a permis de faire l’état des lieux et de dresser les perspectives de la robotique viticole.

La Champagne suit attentivement le développement de VitiBot, la jeune entreprise rémoise (40 salariés) qui se prépare à commercialiser son robot enjambeur autonome en fin d’année. Son fondateur, Cédric Bache en a présenté les promesses lors de la 21e journée Vignoble et Qualités du Centre Vinicole Champagne Nicolas Feuillatte : « Bakus dispose d’une autonomie de dix heures. Il se guide par GPS et grâce à ses huit caméras pour effectuer différents travaux du sol, de pulvérisation… ».

Ce robot vise ainsi à gagner en rentabilité, à apporter une solution plus écologique, à préserver les vignerons des projections de produits phytosanitaires. Cédric Bache a ainsi pu répondre aux interrogations de la filière en expliquant que son poids est limité à 2,5 tonnes « pour être transporté sur une remorque », en annonçant des mises à jour à distance pour rester à la pointe ou en rassurant sur sa capacité à se rendre sur une pente à 45 degrés.

LA VENDANGE AUTOMATISÉE N’EST PAS POUR DEMAIN

Autant d’arguments qui vont intéresser les professionnels mais aussi les prestataires comme l’explique Sébastien Rigobert, directeur de G2V Services, qui « croit à la robotique pour compléter le savoir-faire humain » et voit cette solution comme une façon plus facile de mutualiser les coûts. Tout en apportant une réponse aux difficultés de recrutement de la filière. Le CIVC étudie également les avancées de la robotique viticole et accompagne la recherche au travers d’un concours soutenu par l’association RobAgri et dont la société VitiBot a été lauréate. «Nous souhaitons disposer d’engins autonomes adaptés à la Champagne. Si le désherbage mécanique est presque opérationnel, la pulvérisation est un peu moins avancée et il est encore difficile d’imaginer une vendange automatisée », indique Mathieu Libéart, chef de projet viticulture du Comité Champagne.

La Champagne n’est toutefois pas le seul territoire à s’intéresser à la robotique. Mais elle semble avoir de l’avance en terme d’innovation par rapport aux solutions de l’entreprise bourguignonne AMOS Industrie qui travaille à l’adaptation d’un chenillard thermique dont l’autonomie est permise par l’ajout d’un kit.

L’AIDE DU ROBOT COLLABORATIF

Plus globalement sur l’avenir du robot agricole, Frédéric Colledani, ingénieur du CEA, estime que l’exosquelette pourra aussi apporter une aide et que le robot collaboratif permettra de réduire la pénibilité du travail manuel. Un sentiment confirmé par Christian Legrand, responsable commercial du fabricant ABB, qui observe que l’industrie se dirige de plus en plus vers le robot collaboratif. En attendant, les grandes cultures se positionnent aussi sur le remplacement de tracteurs par des robots dans les champs. « En partenariat avec le constructeur alsacien Kuhn, nous avons expérimenté le fonctionnement de trois robots pour tracer le sillon, fertiliser, semer, pulvériser, désherber sur une surface de 50 hectares de maïs », annonce Christophe Aubé, président de la start-up toulousaine Agreenculture.

Tous ces témoignages font dire à Laurent Panigaï, directeur général adjoint du Centre Vinicole Champagne Nicolas Feuillatte, que « les robots et l’intelligence artificielle vont s’imposer à nous mais nous avons le choix du chemin, il faut que l’appellation co-construise ce projet ».