La CCI de Toulouse soumise au régime sec

Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse a fait un rapide bilan de l’année écoulée et pointé la baisse des ressources « sans précédent » qui affecte son institution.

Comment faire mieux avec moins ? À cette question, la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse n’a pas vraiment de réponse. Soumise à une réduction « sans précédent » de ces moyens, elle doit réduire la voilure et notamment diminuer l’accompagnement aux entreprises. C’est qu’a expliqué son président Philippe Robardey le 16 janvier lors des traditionnels vœux à la presse après avoir fait un rapide bilan de la conjoncture économique en Haute-Garonne. Globalement, celle-ci est « favorable » a estimé l’élu consulaire, PDG de Sogeclair. Industrie, services, BTP et immobilier, tous ces secteurs ont enregistré une croissance en 2019 à l’exception du commerce « qui marque le pas en raison du mouvement des gilets jaunes et plus récemment des grèves », pointe Philippe Robardey. Et la période des soldes ne paraît offrir aux commerçants le rebond espéré. « 44 % des commerçants interrogés estiment que le démarrage des soldes n’est pas satisfaisant, a-t-il indiqué. Nous ne sommes pas au niveau de 2017 et le panier moyen s’est abaissé. »

Le climat de confiance des chefs d’entreprise haut-garonnais conserve pour autant un solde positif à 55 %, les acteurs du commerce et des services se révélant les plus prudents. « Depuis quelques mois, nos services constatent que les petites entreprises souffrent plus que les autres, compte tenu de leur faible marge de manœuvre et du fait qu’elles se positionnent essentiellement sur des marchés de proximité », a-t-il ajouté renvoyant pour plus de détail au 2 avril, date à laquelle la CCI présentera les résultats de son enquête annuelle sur les perspectives de croissance des entreprises du département.

BAISSE DES DOTATIONS

Cette séance de vœux a également permis à l’élu d’alerter sur les difficultés grandissantes que rencontre son institution pour remplir sa mission. « Nos ressources financières se contractent de façon incroyable sur le plan national et local, a-t-il indiqué. En 2019, nous avons enregistré une baisse de nos ressources liées à la taxe pour frais de chambre (TFC) de 1 M€. En 2020, cette baisse sera de 1,9 M€. » Sur un budget de l’ordre de 15 M€, la CCI, qui emploie une centaine de collaborateurs, a perçu en 2019 près de 8,2 M€ de TFC, un montant qui selon la volonté du gouvernement devrait être ramené à 2,7 M€ en 2022…

« Nous essayons d’être créatifs », ironise Philippe Robardey. L’institution est engagée dans un processus de transformation qui inclut plus de transversalité, de digitalisation et « une offre de services désormais payante, sachant, s’agissant d’un établissement public, que nous ne voulons pas faire concurrence aux entreprises du territoire ».

Autre certitude pour le président de la CCIT : « Il faut arrêter de rêver ; nous allons réduire l’accompagnement aux entreprises. Et cela aura un impact sur les entreprises que nous n’accompagnerons pas ». Le mouvement a déjà commencé. 3 735 entreprises ont été suivies l’an dernier par la CCIT et 15 200 porteurs de projet, c’est 10,5 % de moins que l’année précédente. Même constat pour les rendez-vous en entreprises dont le nombre a baissé de 45 % en un an. Le nombre d’entreprises ayant participé aux opérations collectives de la chambre a chuté, lui, de 17 % tandis que celui des formalités a dégringolé de plus de 11 %. Seul point positif : le nombre de contrat d’apprentissage a bondi de près de 10 % entre 2018 et 2019.

COMMERCE EN BERNE

Le guichet unique mis en place par la CCIT et la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) au plus fort de la crise des Gilets jaunes a reçu 900 contacts et le fond d’avances remboursables de 620 K€ qu’ont abondé la CCIT, le Conseil départemental et la CMA a bénéficié à 41 entreprises. Rappelons que le montant maximum de l’aide dont peuvent bénéficier les entreprises concernées est de 5 000 €, remboursable en 10 mois après six mois de franchise. 205 K€ ont ainsi été distribués à ce jour.

Repères

• En Haute-Garonne, le taux de chômage est en légère hausse sur le troisième trimestre 2019 (+0,1 point). En recul de -0,5 point sur un an, il se positionne à 8,1 % alors qu’il atteint 8,3 % en France métropolitaine et 10,1 % à l’échelle de l’Occitanie.

• L’emploi salarié total du département connaît une progression de +2,1 % sur un an soit + 13 000 emplois, rythme supérieur du niveau régional (+1,4 % versus + 29 000 emplois) et deux fois supérieur au rythme national (+1,0 %). La Haute- Garonne représente 44 % des créations d’emploi en Occitanie.

• Concernant le commerce extérieur, sur la période allant du quatrième trimestre 2018 au troisième trimestre 2019, la Haute-Garonne réalise 77,5 % des exportations de la région Occitanie et 58,3 % des importations.

(source CCIT)