La Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées à la conquête de toujours plus de clients (et d’économies)

De gauche à droite : Bernard Roux, président du conseil d’orientation et de surveillance de la Caisse d’épargne Midi-Pyrénées, et Pierre Carli, président de son directoire.

L’établissement poursuit sa mutation et réalise une « bonne » année 2018, malgré une conjoncture agitée.

Le 12 mars, lors de la présentation du bilan 2018 des activités de la Caisse d’épargne Midi- Pyrénées (CEMP) – au sein de son bâtiment-amiral de la rue du Languedoc à Toulouse – l’ambiance était à une satisfaction tranquille, voire modérée.

L’année dernière, la CEMP a enregistré « une forte croissance des crédits de +7,4 % », observe le président du directoire de la banque, Pierre Carli – contre environ 5% pour la France. L’encours total atteint désormais 13 Mds€, porté notamment par les crédits immobiliers « qui sont passés de 7,3 à 7,9 Mds€ », dont 9000 emprunts représentant 1,4 Md€ pour le seul marché des particuliers. Côté crédits à la consommation, ceux-ci ont augmenté d’1Md€ en 2017 à 1,2 Md€ en 2018 ; les crédits d’équipement pour les entreprises ayant, eux, progressé de 3,8 à 3,9 Mds€. De plus, la CEMP annonce avoir investi 900 M€ de crédits (contre 800 M€ en 2017) dans l’économie régionale : 200 M€ pour les PME (soit une hausse de 5 % des encours), 362 M€ pour les bailleurs sociaux (+22 %), 73 M€ pour les professionnels de l’immobilier (+52 %) ; alors que, même s’ils restent importants, les crédits ont été en baisse pour les collectivités et sociétés d’économie mixte (- 5 % à 187 M€) et surtout pour les associations (40 M€, -21 %).

BAISSE DES TAUX, BAISSE DE LA MARGE

En ce qui concerne les crédits immobiliers, il s’agit « d’un chiffre sensiblement inférieur à celui de 2017 », observe Pierre Carli, ce que ce dernier explique par « la stabilisation des taux d’intérêt après la baisse, ce qui a entraîné beaucoup moins de renégociations ou de rachats de prêts qu’en 2017 », où à cette époque « on avait réalisé 2 Mds€ de financements, dont 600 M€ environ de rachats ou de négociations ». Cette baisse des taux d’intérêt a d’ailleurs eu un impact certain sur la Caisse d’épargne Midi-Pyrénées, puisque de ce fait, « le produit net bancaire [a atteint] 371 M€, en légère baisse d’1,1 % », même si en revanche, souligne la banque, « le résultat net est en progression de 10,7 % à 88,9 M€ ».
« La baisse des taux d’intérêt a entraîné celle, très forte, de ce qu’on appelle la marge nette d’intermédiation. Si, il y a cinq ans, celle-ci était de l’ordre d’1,80 %, aujourd’hui, elle est inférieure à 1 % », regrette Pierre Carli. D’autant que « la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle allait maintenir » sa politique de bas taux jusqu’à la fin 2019, et même lancer une nouvelle vague de prêts aux banques ; si bien qu’aujourd’hui, Pierre Carli ne s’attend pas à ce que les taux, et encore moins les marges, « remontent ». « On est à un point très bas avec les crédits immobiliers, ce sera très difficile d’aller en dessous sans poser un problème de rentabilité », prévient le président du directoire de la CEMP.

Que faire, alors ? « On s’adapte, en essayant de gagner des parts de marché : on compense, mais en partie seulement, la baisse de la marge par une augmentation des volumes, par un dynamisme commercial » accru. Pierre Carli est d’autant plus confiant que les prévisions de l’Insee d’ici à 2025 estiment que ce sont justement les régions comme le Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon qui devraient connaître la plus forte croissance démographique en France… En attendant, la CEMP augmente aussi son produit bancaire par la vente d’assurances (+2 à 3 % par an) ; tout « en essayant de maîtriser au mieux les charges » avec la poursuite du plan de réduction d’effectifs annoncé fin 2016. 120 salariés, dont une partie partant à la retraite, ne devraient ainsi pas être remplacés jusqu’en 2020, en échange d’une « automatisation des process et de gains de productivité de l’ordre de 7 % sur quatre ans, soit environ 1,5 % chaque année », une transition « en douceur » que Pierre Carli compare « aux 5% de gain par an qui sont attendus chez certains sous-traitants de l’aéronautique »

Une autre solution pour regagner de l’argent serait d’augmenter les tarifs bancaires; « c’était prévu, les plaquettes étaient déjà imprimées », reconnaît Pierre Carli, mais en fin d’année, la Caisse d’épargne, comme de nombreuses autres banques, s’est engagée au contraire à les geler en 2019 à la demande du gouvernement, à la suite du mouvement des Gilets jaunes. « Ce qui a représenté -1,6 M€ sur l’objectif financier prévu », souligne Pierre Carli, qui réfute aussitôt toute idée d’un « rattrapage » de la hausse des tarifs l’année prochaine. Un manque à gagner auquel il faut ajouter les mesures « prises par les banques pour réduire les commissions prises sur les clients fragiles : pour la CEMP, l’ impact sera d’1,4 M€ en moins en 2019 »… et les 1 000 € distribués à tous les collaborateurs au titre de la prime Macron, qui là aussi coûtera 1,7 M€ à la banque. Soit au total, une dépense de 4,7 M€ du fait des mouvements sociaux ! Sans compter le coût des dégradations des agences et des distributeurs…

Enfin, côté épargne, la CEMP a augmenté sa collecte de fonds de 2,4 % avec un encours qui atteint désormais 18,4 Mds€, tandis que son chiffre d’affaires pour les assurances-vie atteint 546 M€.