La Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées a distribué 310 M€ de PGE en deux mois

Pierre Carli, président du directoire de la CEMP, et Alain Di Crescenzo, nouveau président du conseil d’orientation et de surveillance

La banque toulousaine s’attend à de nouvelles vagues de PGE en septembre et décembre.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Après avoir enregistré de belles performances en 2019, la Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées (CEMP) s’attend à un net recul de ses résultats financiers en 2020.

La banque régionale a vu l’an dernier son produit net bancaire progresser de 0,3 % pour atteindre 372 M€ et son résultat net s’éroder de 6,1 %, à 83,5 M€. Elle parvient cependant à maintenir son ratio de solvabilité à un niveau très confortable (18,09 %, soit près du double du minimum réglementaire), affirmant ainsi « sa forte solidité financière ».

Sur le plan commercial, la CEMP a vu son encours de collecte progresser de 3,8 % l’an dernier, franchissant la barre des 19 Mds € tandis que les encours de crédits ont bondi, eux, de 5,6 %, à près de 14,7 Mds €. La banque régionale a par ailleurs enregistré, l’an dernier, une progression de ses clients professionnels (+ 2,1 %) au nombre de 20 661, et distribué quelque 223 M€ de prêts aux PME, un montant en croissance de 11,5 % sur un an, sur les 800 M€ injectés l’an dernier par la CEMP dans l’économie régionale.

Selon Pierre Carli, président du directoire de la CEMP, qui, le 20 juin, aux côtés d’Alain Di Crescenzo, nouveau président du conseil d’orientation et de surveillance de la banque à l’écureuil, présentait son bilan annuel, les résultats 2020 devraient malheureusement présenter un tout autre visage.

Le dirigeant s’attend en effet à une importante baisse du produit net bancaire qui pourrait atteindre 5 % dès cette année, tandis que le résultat pourrait fondre de 15 %. En cause : la crise économique liée au coronavirus qui devrait notamment faire flamber le coût du risque. Pour l’ensemble des banques commerciales, il pourrait doubler en 2020, selon Pierre Carli, qui est aussi président de la Fédération bancaire française d’Occitanie. Le président du directoire de la CEMP redoute pour son établissement à « une forte hausse » du coût du risque mais l’envisage en 2021 plutôt qu’en 2020, « si la reprise n’est pas là ».

15 % DES CLIENTS ENTREPRISES ONT DEMANDÉ UN PGE

Pierre Carli s’attend, du reste, à de nouvelles vagues de demandes de prêt garanti par l’État (PGE) en septembre et décembre. Pour l’heure, 15 % seulement de ses clients pros ont sollicité le dispositif mis en place par l’État pour soutenir la trésorerie des entreprises affectées par la crise, pour un montant global de 310 M€ délivrés en deux mois à travers plus de 2 500 crédits. Selon Pierre Carli, si certaines entreprises n’ont aucun mal à rembourser les PGE, pour d’autres, les niveaux de remboursements risquent bien de « grever leurs capacités d’investissement ». Mais pour une troisième catégorie d’entreprises, le remboursement de ces PGE pourrait bien constituer une « bombe à retardement ». « En fonction des secteurs dans lesquels elles évoluent et notamment dans le transport aérien, certaines entreprises connaissent des reprises d’activité beaucoup plus lentes. Elles auront de grandes difficultés à rembourser les PGE », assure-t-il. Le secteur bancaire et le gouvernement réfléchissent ainsi d’ores et déjà à des solutions de sortie des PGE via « des mécanismes de fonds propres ou quasi fonds propres ». De son côté, Alain Di Crescenzo, en sa qualité de président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie, a indiqué que des propositions d’allongement de la durée de remboursement des PGE avaient déjà été faites au gouvernement, notamment pour les entreprises du secteur aéronautique, pour éviter que cela n’obère trop gravement leur capacité d’investissements.