La bioraffinerie du chanvre s’enracine dans l’Aube

Benoît Savourat, président de La Chanvrière de l’Aube.

Un exemple concret des apports de l’écologie industrielle et territoriale dont le cinquième congrès s’est tenu à Troyes.

Pour la 5e édition des Rencontres Francophones de l’écologie industrielle et territoriale, les deux co-organisateurs – le Club d’Écologie Industrielle de l’Aube (CEIA) et Synapse (réseau national des acteurs de l’écologie industrielle et territoriale) – ne pouvaient rêver mieux que d’un cas très concret de la manière dont l’écologie peut servir les ambitions industrielles d’un territoire. Pendant deux journées, des experts de l’écologie industrielle sont intervenus devant des décideurs publics et privés, bien présents malgré les restrictions liées à la crise sanitaire. Ce cas concret a été développé au cours de l’un des ateliers thématiques proposés par les organisateurs. Il s’agit de la création d’un pôle européen de la bioraffinerie territoriale du chanvre qui va prendre corps autour de la nouvelle usine de la Chanvrière de l’Aube, à Saint-Lyé. « Cette usine sera opérationnelle au printemps 2021 et nous permettra de doubler notre capacité de défibrage pour la porter à 100 000 tonnes par an », précise Benoit Savourat, président de cette coopérative regroupant 400 agriculteurs de l’Aube, mais aussi de la Marne et d’autres départements limitrophes. « Nous atteignons désormais 9500 hectares de chanvre cultivés pour la coopérative, ce qui représente la moitié de la production française et le quart de celle de l’Europe », poursuit-il. Il est vrai que cette plante, portée par les enjeux du développement durable, trouve des débouchés de plus en plus importants dans le bâtiment, la plasturgie automobile et aéronautique, l’alimentation, la santé et aussi le textile. L’objectif de la bioraffinerie du chanvre est de faciliter l’implantation d’industriels qui viendraient transformer sur place la matière première produite par la Chanvrière dont la production est aujourd’hui exportée à 78 %.

TRANSFORMATION DANS L’AUBE

L’idée serait de développer à terme, autour des douze hectares du nouveau site de La Chanvrière, une zone d’activité de 80 hectares avec des industriels transformateurs, des chercheurs dans une halle halle technologie ou encore des start-up. Sur cet aspect, Troyes Champagne Métropole est déjà à la manœuvre afin que ce pôle devienne le territoire de référence en Europe dans le domaine de l’économie du chanvre. « Nous identifions des acteurs qui pourraient être intéressés d’une manière ou d’une autre et les compétences techniques présentes dans les entreprises locales », précise Grégory Lannou, directeur du Club d’Ecologie Industrielle de l’Aube. L’objectif est de susciter l’émergence de projets industriels qui pourraient éclore dans l’écosystème du pôle européen du chanvre à Saint-Lyé. D’autant que des marchés nouveaux se profilent à l’horizon, par exemple dans le textile où les avancées techniques récentes sont importantes. Autre point important par rapport à l’enjeu écologique, la culture du chanvre nécessite peu d’eau et de traitements. En outre, la plante est un excellent piège à CO2. « J’ai demandé à l’INRA (l’institut national de la recherche agronomique) des études pour quantifier les capacités de stockage par hectare », ajoute Benoît Savourat, estimant qu’il s’agit là aussi d’un atout à valoriser.