La Belle Image, entre authenticité et modernité

Anne-Lise Goglins fait ses premières expériences de gestion informatisée dans l’effervescence de la rentrée des classes et de la rentrée littéraire. (Photo : Agathe Cèbe)

La librairie rémoise La Belle Image, rue Chanzy, a entrepris de modifier toutes ses habitudes de gestion, à travers l’informatisation de son stock. Un nouvel élan pour cette librairie qui tient à son indépendance.

Quand Anne-Lise Goglins a repris la librairie La Belle Image, il y a 16 ans, elle a choisi de perpétuer le traditionnel fonctionnement des petites boutiques à taille humaine : sans informatique, avec des carnets et sa mémoire. « Je pouvais me permettre de le faire et j’avais l’impression de tout maîtriser », avoue-t-elle. Sa clientèle, des particuliers, des étudiants, des scolaires, permettait un suivi serein de son stock, d’autant qu’elle ne travaille qu’en accueil physique, sans vendre sur le web.

Pourtant, ces dernières années, la gestion de la boutique a pris de plus en plus d’essor. « Pour élaborer des dossiers de marchés publics ou de subventions, notamment pour fournir des écoles, des CDI, des bibliothèques, j’avais besoin de chiffres bien plus précis que ceux de mon bilan annuel réalisé par mon expert-comptable », explique-t-elle. En terme de gestion, une librairie est comparable à une pharmacie : « il y a un stock important, avec des prix encadrés par la loi(*), et la possibilité de faire des retours aux fournisseurs ». Avec plus de 11 000 livres dans ses rayons, Anne-Lise Goglins a donc dû revoir son fonctionnement autrement. En septembre 2018, déjà, elle a embauché à mi- temps une aide, sur toute l’année, et cette recrue a accéléré aussi l’idée de s’informatiser : « Être deux dans la librairie demande plus de suivi, plus de transmission d’informations… Mes carnets tenus à la main ont atteint leur limite. L’informatisation est devenue inévitable : j’avais envie d’avoir la tranquillité d’être, de temps en temps, remplaçable ».

UNE NOUVELLE ORGANISATION

L’informatisation de la librairie repose sur une base de donnée nationale, recensant les livres par leurs codes-barres et leur ISBN (International Standard Book Number). « L’inventaire de mes livres n’a pas pris beaucoup de temps. C’est la nouvelle mécanique intellectuelle qui demande de l’attention », précise Anne-Lise Goglins. Caisse, factures, commandes des clients ou aux éditeurs, dépôts, réception, l’informatisation de la librairie a tout changé, et, sur le long terme, tout simplifié. Le logiciel, Titelive, est élaboré par des programmateurs qui savent précisément ce dont les libraires ont besoin. Pour autant, comme chacun fonctionne différemment, l’installation du logiciel inclut trois jours immédiats de formation, et une journée trois semaines après les premières utilisations. Le coût de cette informatisation atteint les 7 000€ (pour le matériel) auxquels s’ajoutent 4 000€ pour les quatre jours de formation, pour deux personnes. « Je dois aussi payer un abonnement mensuel pour la maintenance, l’assistance téléphone et la licence d’utilisation de la base de données », énumère la libraire. Un véritable investissement financier pour cette petite librairie indépendante qui peut malgré tout compter sur la participation de la Région et de l’État (jusqu’à 70% de la somme, après acceptation du dossier) : « J’ai pu prétendre à cette subvention, car la Belle Image est la seule librairie rémoise à avoir le label LIR (Librairie Indépendante de Référence), un label qui offre la priorité pour ce type d’aide au développement », précise-t-elle. Une deuxième jeunesse bien méritée, en somme, dont la libraire a hâte de ressentir les effets positifs… « d’ici quelques semaines d’adaptation ! ».

(*) Le prix unique du livre a été instauré par la loi de 1981 pour protéger le livre. C’est l’éditeur qui fixe librement ce prix et l’imprime sur le livre. Les commerçants sont obligés de le respecter.