L’entreprise toulousaine eMotion Tech entend renforcer sa présence sur le marché européen et mondial. En parallèle, elle poursuit sa R&D avec la création d’une nouvelle structure.
Presque 10 ans après sa création, eMotion Tech qui s’impose sur le marché de l’impression 3D en France, envisage, au sortir de la crise, de renforcer sa présence en Europe et de partir à l’assaut du Moyen-Orient notamment avec son imprimante 3D professionnelle, baptisée « Strateo 3D », qui fabrique des pièces en plastiques techniques et comprend un logiciel embarqué. Sa commercialisation a démarré en 2019 dans l’Hexagone mais a pris du retard à l’international du fait de la pandémie. Au départ, si les trois jeunes passionnés de fabrication additive, Guilhem Peres, Franck Liguori et Hugo Flye, avaient fait le choix d’orienter l’activité vers le marché des particuliers – avec un matériel pédagogique et imprimante 3D également très prisés par l’Éducation nationale –, cinq ans après, face à la concurrence asiatique, les fondateurs ont entamé un changement de cap stratégique en abordant le marché des professionnels et notamment des industriels. Un secteur qui représente aujourd’hui plus de 80 % du chiffre d’affaires. « Nous savions que la concurrence chinoise arriverait. De fait, afin de survivre, nous avons choisi, en 2017, d’aller vers plus de technicité. Il aura fallu deux ans de R&D et plus de 500 K€ d’investissements pour concevoir la Strateo 3D. Nous avions également reçu 100 K€ de subvention de la Région pour sa commercialisation, détaille l’un des cofondateurs, Guilhem Peres. Aujourd’hui, le marché poursuit son expansion car beaucoup d’entreprises passent d’une machine de bureau à une machine industrielle pour fabriquer des prototypes. »
L’entreprise a également misé sur une prestation complète qui comprend l’élaboration de machines sur mesure en fonction du besoin des clients et un accompagnement. « Nous les formons à l’utilisation de la machine 3D, aux logiciels exploités et aux bonnes pratiques de fabrication destinées aux opérateurs machine. Nous apportons également du conseil, par exemple, sur la manière d’accélérer les processus de fabrication. C’est ce qui fait notre ADN ». Parmi la liste de ses 300 clients industriels, l’entreprise compte de grands groupes comme Airbus, Louis Vuitton, Cartier, des industries agroalimentaires, etc. Quid de l’impact de la pandémie sur son activité ? « Nous avons perdu un an d’industrialisation et de croissance à l’étranger car nous n’avons pas pu réaliser de salons alors qu’ils représentent un réel vecteur de notoriété. Cependant, nous ne faisons pas partie des entreprises qui ont payé un lourd tribut à la crise car les budgets de recherche et de développement alloués à nos clients n’ont pas été véritablement impactés. Les grands groupes, même ceux du secteur de l’aéronautique, ont continué à innover et pour ce faire, à commander nos machines. Et puis, nous avons profité de la pandémie pour renforcer notre réseau de distribution, avec un distributeur dans chacun des pays européens que nous convoitons ».
Le fabriquant, qui affiche 95 commandes en 2021, vise le double l’année prochaine et attend l’obtention d’un pass export délivré par la CCI à hauteur de 20 K€, en vue de renflouer son carnet de commandes avec des machines destinées à l’export. En effet, le marché national représente, pour l’heure, 80 % de ses ventes. « Nous visons dans un premier temps l’UE dont principalement l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et les Pays Bas. Bien que nous bénéficiions déjà d’un réseau de distribution dans ces pays, l’objectif est de faire connaître davantage le produit, d’autant plus que nous affrontons de la concurrence espagnole et allemande. Dans un second temps, fin 2022, nous souhaitons nous étendre au Moyen-Orient, qui est un marché d’avenir ».
DEUX NOUVEAUX PRODUITS PRÉVUS EN 2022
En parallèle, le fabricant, qui a généré un CA de 850 K€ en 2020, planche également sur la sortie d’un nouveau produit, dès la rentrée, destiné cette fois aux bureaux d’études et espère le présenter à l’occasion du Siane. « Nous travaillons actuellement sur la Strateo Idex 420, de taille inférieure, pour s’attaquer au marché national, là où la concurrence tend à augmenter et sur lequel il reste encore des choses à faire. Notre produit sera doté de deux têtes d’outils indépendantes qui auront la capacité de travailler soit sur la même pièce soit sur deux pièces différentes, ce qui représentera pour le client un vrai gain de temps ». EMotion Tech vise ainsi une production de 30 à 50 machines par mois.
L’entreprise souhaite également apporter une rupture sur ce marché de niche. Pour ce faire, les cofondateurs ont créé, en janvier, une nouvelle structure de recherche, baptisée KPL Industries, qui collabore avec le Cirimat et le LCA, deux laboratoires de recherches hébergés dans les locaux de l’INP de Toulouse. Elle ambitionne de concevoir une imprimante 3D pouvant travailler avec des matériaux métalliques, notamment l’inox 316L. « Cette technologie de fabrication additive fait appel à divers domaines d’expertise, notamment la chimie et la métallurgie. Traditionnellement, les pièces métalliques sont usinées dans la masse ou moulées ce qui est soit trop long soit onéreux voire même impossible, du fait de la géométrie de la pièce, et mal adapté aux petites séries. Notre technologie permet de pallier ces problématiques et offre la possibilité aux industriels et aux laboratoires de recherche d’internaliser cette fabrication à moindre coût. » Le premier prototype devrait voir le jour cet hiver pour une commercialisation prévue d’ici un an. En attendant, eMotion Tech, forte de 14 collaborateurs, vise 1,5 M€ en 2022, un CA identique à celui réalisé en 2017.