La start-up toulousaine lance des kits solaires au Sénégal. Une solution simple et peu coûteuse pour offrir à tous les Africains l’autonomie énergétique.
«J’ai grandi au Sénégal, sans électricité, je faisais mes devoirs dans le noir. C’est un énorme problème pour deux tiers de la population en Afrique. Depuis toujours j’ai eu l’idée de trouver des solutions. » Raymond Sarr, brillant élève, a poursuivi ses études en France, il est devenu ingénieur et a travaillé dans le domaine de l’énergie au sein de grands groupes comme Airbus et Shell.
En 2016, il crée la start-up Joko Sun (Joko, le « lien » en wolof ) et met au point une solution simple, fiable et peu onéreuse permettant de brancher les villages et les populations les plus isolées. Une idée lumineuse qui peut changer la vie de millions de personnes : un kit composé d’un panneau solaire et d’un dispositif permettant de brancher quatre lampes et de recharger le téléphone portable. « Ce type d’équipement n’existait pas en Afrique de l’ouest et les systèmes proposés ailleurs restent peu fiables. Grâce aux nouvelles technologies de batteries, nous apportons une solution plus sûre, se félicite le jeune entrepreneur franco-sénégalais de 34 ans. Et surtout, un nouveau modèle économique basé sur un abonnement à faible coût, chacun peut s’équiper avec 20€, plus 6€ par mois. Nous assurons la livraison, l’installation et le suivi sur place, en cas de besoin. »
La vraie plus-value de Joko Sun, qui déploie ses kits au Sénégal, c’est la connaissance du terrain. Car Raymond Sarr le sait, pour qu’un tel système fonctionne dans ce pays où les populations sont dispersées et les accès très compliqués, « il faut être très bon sur le dernier kilomètre et pouvoir intervenir en cas de problème. » Pour Joko Sun, pas question de tout gérer à distance, ce serait l’échec garanti. Trois personnes ont été embauchées sur place pour assurer ce lien avec les clients, les premiers kits ont été livrés en février 2018.
LEADER EN AFRIQUE D’ICI CINQ ANS
Installée au sein de l’IoT Valley, à Labège, la jeune pousse, qui compte cinq personnes à Toulouse, connaît un succès très prometteur et compte se développer à la fois en France, où elle bénéficie de l’écosystème technologique toulousain et au Sénégal pour le déploiement sur le terrain. Objectif : atteindre 1 000 clients fin 2019, seuil de l’équilibre financier pour la start-up qui a réalisé 80 000 € de CA en 2018. Soutenue par la Région, la Métropole et le Sicoval, lauréate du label Green Tech, l’entreprise prévoit une levée de fonds en 2020, pour accélérer son développement.
« Les premiers résultats sont très encourageants, d’autant que notre formule permet aux utilisateurs une économie de 40 % par rapport aux sources d’énergies habituelles, bougies, diesel, lampes à pétrole ou piles. Nos produits sont évolutifs en fonction des besoins : télévision, radio, ordinateurs… Nous voulons contribuer à ce challenge énorme qui consiste à offrir aux Africains une énergie sûre, accessible à tous. L’Afrique peut passer directement aux énergies renouvelables, les attentes et les potentialités économiques sont énormes », assure Raymond Sarr. D’ici cinq ans, Joko Sun affiche l’ambition d’être leader en Afrique de l’ouest, avec une cinquantaine de personnes sur place, et une vingtaine en France.