Jeux Olympiques : Lacoste passe le relais au Coq Sportif

Pour ces jeux de Tokyo, Lacoste a conçu la collection de vêtements portés par tous les athlètes français.

Alors que les projecteurs de l’actualité sportive mondiale viennent à peine de s’éteindre sur les Jeux Olympiques de Tokyo laissant la place à Paris 2024, un autre passage de relais s’opère en coulisses entre deux marques textiles auboises, Lacoste et le Coq Sportif.

Pour Lacoste, c’est une page d’histoire relativement récente, commencée aux JO de Sotchi en 2012, qui se tourne. La marqué lancée par René Lacoste, célèbre tennisman français, et l’industriel troyen André Gillier puise ses racines dans le sport, même si ses productions vont aujourd’hui bien au-delà. Pour l’édition de Tokyo, comme pour celle de Rio en 2016, les tenues officielles des athlètes français ont été fabriquées dans les usines auboises de la marque au crocodile. « Les Jeux Olympiques, c’est totalement en phase avec l’histoire du groupe et avec les valeurs que nous voulons mettre en avant comme le fair-play, le sport et l’élégance à la française », rappelait Thierry Guibert, le pdg de Lacoste, lorsqu’il était venu à Troyes pour les « Olympiades » organisées pour le personnel de Lacoste.

Pour ces jeux de Tokyo, Lacoste a conçu la collection de vêtements portés par tous les athlètes français lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, ainsi qu’à l’occasion des cérémonies protocolaires et, bien entendu, au village olympique. « Je voulais un lien fort entre la France et le Japon et cette collection comporte des clins d’œil comme référence aux vêtements traditionnels japonais à manches, les kimonos », confie Louise Trotter. « Des mots personnalisés, exprimant les valeurs du sport, sont également ajoutés aux pièces iconiques pour donner un sentiment de fierté et de force à nos athlètes : tout a été pensé pour un moment très spécial », confie la Creative Designer de Lacoste. Les pièces de cette collection, y compris la tenue de cérémonie, sont commercialisées en France. Mais au-delà des objectifs commerciaux, c’est bien entendu la formidable vitrine internationale que représentent les Jeux Olympiques qui motive les marques à participer à l’évènement.

LE CHOIX DE PARIS 2024

Les marques sont d’ailleurs mises en compétition par les comités d’organisation des Jeux Olympiques. Cela a déjà été le cas pour les JO qui auront lieu à Paris en 2024, et à ce jeu c’est un coq qui va succéder au crocodile qui aurait bien aimé prolonger son contrat. Le point commun entre Lacoste et le Coq Sportif étant qu’il s’agit de deux marques dont le cœur industriel est aubois. « Le choix du Coq Sportif valorise l’image d’une équipe de France unie, le savoir-faire français et l’engagement d’une marque en faveur d’un sport durable et inclusif », indique le comité d’organisation de Paris 2024 présidé par Tony Estanguet. Les équipes de l’usine de Romilly-sur-Seine sont déjà dans la course pour viser cet objectif olympique. Le Coq Sportif et Paris 2024 ont déjà lancé une première collection textile de produits officiels avec Paris 2024. Cette collection est destinée à habiller les équipes du comité d’organisation des JO 2024, dès cet été à Tokyo et l’hiver prochain à Pékin pour les jeux d’hiver. Toutes les pièces de cette collection seront tricotées et teintes dans l’Aube, à Troyes, grâce aux deux entreprises partenaires du Coq Sportif que sont France Teinture et Aube Tricotage.

UNE EXTENSION ET DES RECRUTEMENTS PRÉVUS

En prévision d’une activité qui va encore s’intensifier avec la perspective olympique, un chantier d’extension de l’usine romillonne va être lancé cet automne, avec une date de fin de travaux prévue fin 2022. En parallèle, les ateliers de Romilly-sur-Seine vont voir leurs effectifs s’étoffer avec le recrutement de 60 à 80 salariés supplémentaires à l’horizon 2023. Pour y parvenir, le Coq Sportif va lancer son propre centre de formation pour répondre à ses propres besoins mais aussi à ceux des entreprises auboises partenaires de l’équipementier sportif. C’est également à Troyes que sont brodés les emblèmes de Paris 2024 et du Coq Sportif. La confection est réalisée en grande partie dans l’usine de production de la marque au Maroc. L’entreprise a lancé la commercialisation de cette collection dès la fin du mois de juillet, sur internet et dans ses boutiques.

LE COQ SPORTIF RETROUVE DES COULEURS

C’est un gros coup que réalise le Coq Sportif en signant ce contrat avec le Comité olympique qui court jusqu’en décembre 2024. Dans ce cadre, l’équipementier habillera les athlètes français pour leurs tenues de compétition et de représentation, ainsi que les salariés du comité d’organisation. La marque va renouer avec son glorieux passé. Fondée il y a 130 ans à Romilly-sur-Seine par l’industriel aubois Émile Camuset, le Coq Sportif a longtemps rivalisé avec les plus grands équipementiers sportifs. Ainsi, pour les jeux olympiques de Rome en 1960, les athlètes français arboraient des tenues produites par le Coq Sportif, qui était aussi un équipementier incontournable du Tour du France, de Roland-Garros et de bon nombre d’équipes de football dont les célèbres Verts des années 70. Mais à la suite de délocalisations et de rachats, le Coq Sportif avait fini par laisser des plumes dans les années 1980, avec en point d’orgue la fermeture de son site historique de Romilly-sur-Seine, survenue en 1988. Son salut viendra d’un financier suisse à la tête du fonds d’investissement Airesis. Ce passionné de sport, marqué par les exploits des Verts et qui se souvenait des vêtements frappés du Coq Sportif portés sur les terrains de sport a voulu réveiller la belle endormie. À son arrivée, en 2005, le Coq Sportif se résume à un magasin parisien, une vingtaine de salariés, et des collections de chaussures. « J’étais persuadé qu’il fallait redonner davantage de poids au textile par rapport à la chaussure, et surtout qu’il fallait revenir dans le berceau de la marque, à Romilly-sur-Seine, pour produire en France », explique Marc-Henri Beausire. Chose faite en 2010, avec le retour industriel à Romilly-sur-Seine, où les équipes conçoivent les prototypes et réalisent les pièces destinées aux athlètes et aux clubs. La confection en grande série se fait ensuite dans une usine au Maroc. Sous son impulsion, le Coq Sportif est redevenu l’équipementier du Tour de France, de l’équipe de France de Rugby et d’équipes telles que Saint-Étienne, et localement l’Estac. Le chiffre d’affaires qui était retombé à 25 millions d’euros en 2006, atteignait déjà 132 millions d’euros en 2019. Une marche en avant ralentie par la crise sanitaire mais qui sera évidemment relancée par l’aventure olympique !