Jeunes générations, mode d’emploi

Invité par Crit Intérim à Troyes, Julien Estier a décrypté les enjeux de l’intégration de ces nouveaux profils pour les entreprises.

Comment comprendre et manager les jeunes générations en entreprise ? Comme l’explique Julien Estier, fondateur du cabinet Link’s et formateur en entreprise, « chaque génération cache des enjeux sociétaux». Invité par l’agence de travail temporaire Crit de Lavau, il explique que les générations Y, nées entre 1979 et 1993, et Z, nées après 1994 arrivent sur le marché du travail avec un mode de fonctionnement bien différent de leurs aînés, dont les « baby- boomers ».

Pour ces derniers, qui ont pleinement vécu le CDI à vie, l’ascenseur social en entreprise et le plein emploi, l’objectif a toujours été de travailler plus pour gagner plus. Pour les nouvelles générations, « élevées » par internet, c’est l’inverse. « Les dernières générations ne veulent pas, comme leurs parents, passer leur vie à bosser comme des chiens pour une retraite dont elles ne profiteront pas : ces jeunes veulent réaliser leurs rêves, avoir une qualité de vie au travail, être écoutés, respectés et considérés », analyse Julien Estier. Le management, comme les recruteurs, doivent s’adapter à cette nouvelle donne sous peine de déconvenues. « Si ces jeunes ne trouvent pas dans leur travail ce qui est essentiel à leurs yeux, ils n’hésitent pas à quitter leur employeur », fait-il remarquer. En résumé, ce ne sont plus les niveaux de salaires qui attirent ces jeunes générations, mais bien la qualité de vie au travail et l’attention qu’on leur porte.

INDIVIDUALISER LE MANAGEMENT

« Le manager doit être capable de créer une intimité, pratiquer un management individualisé, savoir détecter les signaux faibles », poursuit-il. Cela suppose aussi de comprendre leur mode de fonctionnement. « Élevés à l’ère des réseaux sociaux, ils sont sans filtre : si vous leur demandez ce qu’ils pensent de vous et de votre travail », ajoute-t-il. Ce qui ne veut pas dire que les jeunes générations soient moins investies dans leur travail. « Il faut être dans le dialogue, les associer dans un projet, leur faire comprendre qu’ils ont un rôle à y jouer ». Le conférencier intervient régulièrement dans les entreprises pour former les managers à la compréhension de ces nouvelles générations de plus en plus nombreuses dans les entreprises, en tant que nouveaux recrutés ou encore intérimaires. Il est vrai que les entreprises, en peine de recrutement dans un certain nombre de secteurs n’ont guère le choix. La génération « alpha » qui arrivera sur la marché du travail dans quelques années, composée de ceux nés après 2011, sera la première à être totalement digitale et connectée en permanence.