Jean-Michel Aulas : football et entreprise, mêmes combats ?

Pour Jean Michel Aulas, c’est sur la performance économique que se bâtit le succès sportif.

L’emblématique président de l’OL et fondateur du groupe informatique Cegid était à Troyes à l’invitation de BDS Associés.

Personnalité incontournable du football français, Jean-Michel Aulas est avant tout un entrepreneur à succès. Fondateur en 1983 de l’éditeur de logiciel Cegid qui réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 500 millions d’euros, il aime rappeler qu’il s’est retrouvé à la tête de l’Olympique Lyonnais par hasard. « En 1987, c’est le maire de Lyon qui m’a demandé de sauver le club alors endetté et qui végétait en deuxième division ». Depuis, en appliquant une véritable stratégie d’entreprise il a fait de l’OL une valeur sûre du football européen. En participant aux « Rencontres d’Automne » organisées à Troyes par le cabinet d’expertise-comptable BDS Associés, Jean-Michel Aulas est venu partager la recette de son succès, que ce soit dans le domaine de l’entreprise ou sur les terrains de football. En fait, les deux sont intimement liés. S’il évoque beaucoup l’aspect économique dans le football, c’est parce qu’il est persuadé que c’est la performance économique qui fait le succès sportif. « Entre les filles et les garçons, nous avons obtenu plus d’une cinquantaine de titres », souligne-t-il en rappelant au passage que ses joueurs ont éliminé Manchester City lors de la dernière Ligue des champions. « En quatre ans, nous sommes passés de 100 millions à 310 millions d’euros de chiffres d’affaires avec l’Olympique Lyonnais avec un Ebitda cumulé de 256 millions d’euros pendant cette période : il y a peu de secteurs, à part le numérique peut-être, où il est possible de tripler l’activité en quatre ans, ce qui explique l’engouement actuel d’investisseurs étrangers pour le football français », analyse Jean-Michel Aulas, qui a été le premier en France à mettre en place une stratégie d’entreprise autour d’un club de football professionnel.

Il a même introduit en bourse OL Groupe, holding regroupant les deux équipes professionnelles masculine et féminine et propriétaire de son propre stade depuis 2016, le Groupama Stadium. « Le stade c’est 450 millions d’euros d’investissements, mais ce n’est pas que le football, il y a aussi des concerts et des spectacles, des évènementiels et la crise sanitaire ne remet pas en cause le projet d’Arena que nous allons construire à proximité, le plus grand de France après Bercy ». Un nouveau projet à 115 millions d’euros pour lequel Jean-Michel Aulas s’est assuré du bon fonctionnement futur en prenant une participation dans l’Asvel, le club de basket de Villeurbanne qui y jouera. En y ajoutant les concerts, les spectacles, les séminaires et le e-sport, la future Arena lyonnaise accueillera 80 à 120 évènements par an.

LES EFFETS DE LA CRISE

« La crise sanitaire change la donne, notamment parce qu’ en tant que chefs d’entreprise, nous avons des incertitudes sur le moment où les choses reprendront leur cours normal. Actuellement, l’impact au sein de la quinzaine de sociétés dont je m’occupe varie en fonction du type d’activité. Cela retarde les projets, comme celui d’une aérogare intelligente à Miami, mais ne remet pas en cause les projets sur le fond », analyse-t-il. Savoir traverser les difficultés fait partie du métier d’entrepreneur. « Le plus important est d’avoir des valeurs, de respecter des principes, d’adopter la transparence et de rester toujours innovant dans le contenu proposé tant en matière de services que de produits », fait-il remarquer. Autre conseil : trouver des solutions alternatives face aux difficultés, « en se faisant accompagner par ceux qui connaissent bien l’entreprise comme les experts-comptables ». Résolument optimiste, le président de l’OL voit d’un bon œil l’arrivée d’un nouvel investisseur à la tête du club troyen de football. « J’ai la chance de bien connaître City Group, qui vient de reprendre l’Estac. C’est un groupe international qui cherche aujourd’hui à s’implanter dans différents pays pour aller chercher des compétences, notamment en matière de formation et superviser en France la Ligue 2, qui est un réservoir de talents. Pour l’Estac, c’est une chance car elle va pouvoir jouer les premiers rôles en Ligue 2 » , analyse Jean-Michel Aulas, pour qui cette arrivée ne risque pas de déstabiliser le football français contrairement à d’autres investisseurs.