Jean Fil fait pousser du coton et des polos dans le Gers

Charles de Wit ont lancé Jean Fil, le coton made in Gers. (Droits réservés)

Trois jeunes agriculteurs gersois ont réussi l’impossible : cultiver du coton en Gascogne. Ils ont créé la marque Jean Fil et se sont lancés avec succès dans la confection de polos 100 % coton français.

Et si l’on plantait du coton ? Une idée un peu folle, lancée par deux familles d’agriculteurs installés à Montréal-du-Gers, Médéric et Samuel Cardeillac et leur beau-frère, Yohan-Charles de Wit. « On cherchait à diversifier nos exploitations de céréales et vignes, en créant un produit fini. J’ai lancé l’idée du coton qui n’est pas censé pousser en France, raconte ce dernier. On a planté 6 graines et, surprise, les pieds de coton ont poussé ». La plante préfère d’habitude les régions chaudes et humides mais la terre gersoise ne lui a pas déplu.

Le coton pouvait donc pousser en France, une grande première. Cela n’a pourtant pas intéressé beaucoup les acteurs du monde agricole et de la recherche. Conscients d’explorer une voie d’avenir, nos cotonniers gascons ont fait eux-mêmes des recherches et des essais et ont semé 2 ha, en 2017. La première récolte a donné 100 kg de fibres.

Il ne restait plus alors qu’à chercher des partenaires pour transformer le coton en vêtements. Nos trois mousquetaires créent l’entreprise Jean Fil et trouvent à Troyes, la bonne filière : la filature Tissage de France, Aube Tricotage, France Teinture, Sobrofi Serimar (broderie) et Chanteclair pour la confection. Autant de sociétés qui font confiance aux jeunes gersois dans cette aventure un peu osée.

« Si la culture du coton n’a jamais existé, la France possède encore un savoir-faire industriel dans la transformation, précise Yohan-Charles de Wit. Nous avons pu réaliser 100 polos, 100 % coton français, issus de la première exploitation de l’Hexagone qui fait pousser du coton. Tout est parti très vite via notre site internet ». Gros succès, malgré un prix de vente relativement élevé de 120 €, en raison des coûts de production. Innovation, qualité et made in France, tous les ingrédients sont réunis pour que ça marche mais il a fallu investir dans des machines pour récolter et séparer la graine de la fibre.

VÊTEMENTS, COSMÉTIQUES, MIEL…

La seconde récolte issue de 14 ha, a permis de proposer 550 polos à la vente. « Nous avons des commandes de toute la France, pour un public de 18 à 88 ans, se félicite Charles-Yoan qui a en charge le commercial et le développement. La prochaine récolte aura lieu en octobre, elle sera peut-être celle du début de la rentabilité, ce qui serait déjà très bien. D’autant que nous avons réussi à produire sans aucune irrigation, la terre argilo-calcaire du pays conserve l’humidité même en cas de fortes chaleurs ».

Écologique et économique. Samuel, 38 ans, Médéric, 31 ans et Yohan-Charles, 29 ans ont des projets plein leurs musettes. En produisant plus, ils espèrent diminuer les coûts et envisagent de nouveaux types de vêtements. Mais aussi la création de cosmétiques à base d’huile de coton et même du miel de cotonnier, aux propriétés exceptionnelles. « Pour faire connaître nos produits on montera des boutiques éphémères dans les grandes villes de France », annoncent les pionniers gersois du coton.

Des industriels et distributeurs ont déjà flairé le filon mais pas question pour nos cotonniers de se disperser. « Les partenaires actuels nous ont fait confiance, nous continuerons à travailler avec eux en contribuant à développer la filière, toutes les étapes de fabrication resteront en France ».