Plus d’1,7 million d’entreprises voient doubler le plafond de leur fonds de solidarité. De quoi faire patienter les restaurateurs jusqu’au 20 Janvier et les cafetiers vraisemblablement jusqu’à un peu plus tard. C’était à Reims, un 28 novembre. Jour d’anniversaires.
Nous sommes dans la modernité. Tout change très vite et pas le temps de comprendre. Avant-hier, c’était Chartres et le lendemain, cela devenait Reims. L’essentiel, pour le Premier Ministre, étant certainement de ne pas trop s’éloigner de Paris à quelques heures d’une grosse manifestation annoncée dans la capitale. Alors, comme certains, cogitation sur le changement de destination au dernier moment. Pourquoi Reims plutôt que Chartres ? À question futile, réponse futile.
REIMS PLUTÔT QUE CHARTRES
Le TGV passe à Reims et pas à Chartres. Le TGV pour Reims, c’est 45 minutes, le train de Chartres, c’est 1 h10. Les 91 km de Paris à Chartres, par les routes et autoroutes, prennent presqu’autant de temps que les 144 km exclusivement par autoroute de Paris à Reims. Reims 183 000 habitants et Chartres 38 000. A contrario, la Cathédrale de Chartres est plus haute que celle de Reims. Mais encore, voyage historique ou pratique ?
Dans le premier cas, et personne ne s’en priverait, les confessions du Premier Ministre sur le livre d’or de la Mairie de Reims : « La France est née à Reims … Je vois dans cette ville maintes fois reconstruite un symbole et un espoir. » Clovis légitime et imparable pour ce fils de deux instituteurs. S’il fallait s’en remettre à l’appartenance politique, les deux Maires, Arnaud Robinet et Jean-Pierre Gorges, sont du même bord (LR), bien que le second ait été réélu sous l’étiquette DVD. Dans le second cas, puisque de commerce il est question, on a peut-être choisi le Président des Vitrines le plus en adéquation avec l’exercice.
UN ÉCHO AUX PROPOSITIONS DU MAIRE DE REIMS ?
À Reims, Vincent Mansencal gère un bar-restaurant, le Lion de Belfort. À Chartres, Juliette Pichot gère un magasin de vêtements. À neuf heures du matin, le petit café du Lion de Reims a donc terrassé le prêt-à-porter du Covent Garden de Chartres. Mais encore, pourquoi Reims plutôt que Chartres ? D’abord cette réflexion de Fadela Benrabia, Préfète d’Eure-et-Loir : « Reims, semble-t-il, a mieux rempli les conditions nécessaires à un déplacement ministériel en cette période de pandémie ». Et puis, peut- être, cette référence cinématographique comme un hommage à Robert Redford, l’Homme qui murmurait…
Le 30 octobre dernier, Arnaud Robinet murmurait à Jean Castex : « La possibilité pour les commerces de recevoir des clients sur rendez-vous dans des créneaux horaires garantissant la sécurité de chacun ». Message écouté par le Premier Ministre ? Ceux qui critiquent et ceux qui proposent. Et puis, qu’importe les raisons et vive les symboles, une petite déambulation dans la Cité des Sacres, le jour des 50 ans d’Edouard Philippe … Et du 15e anniversaire de la mort de Jean Falala.
Tout change très vite, 100 000 euros le mercredi deviennent 200 000 euros le samedi. Et voilà l’information, le Noël des commerçants, avant l’heure et tant mieux pour eux, distillé par Bruno Le Maire. En bref, le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance est venu annoncer à Reims le doublement du plafond du Fonds de solidarité pour toutes les entreprises, administrativement fermées, notamment pour les restaurateurs, les cafetiers et les hôteliers (destinataires jusqu’ici de 15% du total des fonds de solidarité).
EN ATTENDANT LE 20 JANVIER
Le « Quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron a des limites. Pour les restaurateurs ce sera le 20 janvier prochain, date de réouverture avancée par le Gouvernement, si tout va bien sanitairement. Le Fonds de solidarité coûte, depuis Mars dernier, 7 Mds€ (dont 385 M€ pour le Grand Est) et bénéficie à 1,7 millions d’entreprises. La projection sur le seul mois de décembre est de 3,5 Mds€.
Bonne nouvelle donc pour les 207 000 restaurants et cafés de France, qui pèsent avec les hôteliers un chiffre d’affaires de 70 Mds€ et plus d’un million de salariés pour le secteur Café-Hôtellerie-Restaurant.
Bonne nouvelle aussi pour les bars (40 000 établissements) avec une bistrographie qui a perdu quelques 550 000 unités depuis les années 60. Mais inquiétude aussi, car pour eux, la reprise attendra vraisemblablement les premiers jours de février.
Quant aux discothèques, un modèle qui s’épuise selon la profession (1 600 établissements aujourd’hui contre plus de 4 000 en 1980), silence radio, après neuf mois de fermeture et 300 dépôts de bilan depuis le début de la crise. Rendez-vous à l’été prochain ?
Reçus par Arnaud Robinet et Catherine Vautrin, Maire de Reims et Présidente du Grand Reims, le Premier Ministre et le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, ont visité un coiffeur, une maroquinerie, un magasin de jouets, un bijoutier, avant de rencontrer les élus locaux à l’Hôtel de Ville … Avec cet encouragement de Jean Castex : « On va tenir, on s’en sortira ». Ses interlocuteurs du jour, Vincent Mansencal pour les Vitrines de Reims, Joël Oudin pour l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de la Marne et Sonia Tourault pour le personnel de la restauration dans l’évènementiel, tiennent bon et comptent bien s’en sortir. La bulle financière du Gouvernement devrait bien les aider.