Fin mai, le cluster BFC Numérique, NEOS-SDI et Women in Technology ont organisés à l’université de Bourgogne, en partenariat avec la région, la première édition de Fair Tech. donner envie aux femmes d’oser, d’innover et d’entreprendre dans le numérique. Conférences, ateliers et témoignages de femmes du numérique étaient au programme de ce rendez-vous qui a rassemblé une centaine de personnes.
Avec 700 000 emplois directs en France, le numérique est un domaine porteur pour les jeunes diplômés. Web, informatique, mais aussi aéronautique, automobile, énergie et bien d’autres encore, les champs d’application semblent infinis, et ce grâce à des technologies de plus en plus pointues et en constante évolution. Terreau fertile, le numérique est un secteur à forte valeur ajoutée où s’entrecoupent opportunités, challenges et formations. Toutefois, bien que dynamique, ce secteur rencontre des difficultés de recrutement. En Bourgogne Franche-Comté, c’est 48 % des entreprises de la filière qui souhaitent engager et qui paradoxalement peinent à trouver des candidats. Des prospectives à l’horizon 2022 annoncent 220 000 nouveaux postes dans les métiers de la tech au niveau national, dont 100 000 pourraient être non pourvus. La féminisation de la filière apparaît donc comme une des solutions pour répondre à ce déficit… Encore faut-il que les femmes osent briser le plafond de verre d’un domaine encore trop souvent perçu comme réservé à la gente masculine. C’est pourquoi le cluster BFC Numérique, NEOS-SDI et Women in Technology se sont associés en partenariat avec la région pour organiser sur le campus universitaire de Dijon, la première édition de Fair Tech. Objectif : montrer aux femmes demandeuses d’emploi ou en reconversion que le numérique est un milieu porteur d’opportunités accessible à toutes.
Cette journée fut ainsi l’occasion de présenter, grâce à des conférences et des ateliers, les métiers et les acteurs d’accompagnement existants pour se reconvertir dans la Tech. Valérie Atlani, directrice grands comptes secteur industrie et IT chez Orange, a appelé à « trouver des femmes, à créer chez elles l’envie de numérique »,évoquant le recrutement cette année de 60 à 70 salariés dans le secteur en Bourgogne Franche-Comté. Des postes à 80% en CDI. Orange met en place en Côte-d’Or des classes de techniciens(nes) vérificateurs(trices) avec l’Afpa sur an permettant de déboucher sur des CDI chez l’opérateur Télécom.
« Le numérique est ainsi une porte d’entrée, une opportunité d’accès aux grands groupes pour les femmes », défend Valérie Atlani. « Si l’on ne compte pas les fonctions-supports dans lesquelles le taux de féminisation est à 30 %, on constate que ce dernier n’est que de 17 % dans les métiers de purement technique. Cela tient sans doute, en partie, au fait que d’abord marginal, le secteur du numérique a connu une expansion rapide et est devenu dans les années 1980 un enjeu de pouvoir dont les hommes se sont emparés. Aujourd’hui, nous avons atteint un point d’inflexion et il y a urgence à renverser cette tendance », lance Christophe Boutet, président de BFC Numérique. D’autant que Karima Moudoub, du réseau Women in Technology l’affirme : « L’augmentation de la mixité au sein des entreprises a un impact direct positif sur le PIB. Une étude publiée par le McKinsey Global Institude, évalue ainsi à 26 % le potentiel de croissance mondiale espéré de l’égalité femmes/hommes ». Mais comment faire quand on surprend encore dans les entreprises des conversations sexistes comme celle rapportée par Christophe Boutet « Deux anciens collègues avaient ce discours sur le fait que les femmes ne savaient pas coder. L’un deux l’interpelle sur le fait que dans l’équipe il y a une femme. Et l’autre de rétorquer : “elle ce n’est pas pareil, elle est moche” ». « Le biais de genre commence dès l’enfance, où les filles sont éduquées dans l’idée de plaire, d’être dociles et obéissantes. Ce qui n’aide pas à gagner en confiance plus tard. Ainsi, des études montrent que les femmes ne postulent une offre d’emploi que si elles ont 95 % des attendus, alors que les hommes répondent dès qu’ils possèdent 42 % des compétences recherchées », développe Karima Moudoub. « Pour promouvoir cette diversité des métiers au féminin un engagement collectif est nécessaire : école, entreprise, politique, famille, tous doivent marcher dans le même sens pour qu’en enfin les femmes osent librement », appuie Christophe Boutet. « La révolution numérique peut-être une opportunité pour l’expression de cette diversité car elle est en passe de transformer radicalement la société.Les Gafa s’emparent des enjeux sociaux et environnementaux. C’est quelque chose qui parle aux femmes, qui possèdent souvent ses compétences sociales, de travail en équipe, d’écoute… actuellement si recherchées par les entreprises », affirme Karima Moudoub. Et Valérie Atlani, d’ajouter : « D’autant que dans des filières où il y a encore peu de femmes, il y a de vraies possibilités, pour elles, de se distinguer et de faire des carrières formidables ».