Créateur de la société marnaise CICA (Chaudronnerie Industrielle de Champagne-Ardenne), il est devenu un acteur majeur de l’économie locale en présidant l’UIMM puis le Medef.
Tombé dans la chaudronnerie un peu par provocation en raison de sa volonté de s’émanciper, Christian Brethon s’est passionné pour la métallurgie au point d’y faire carrière. Alors que son père, ingénieur au CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) le destinait à de grandes études, le jeune homme a pris le contre-pied en rejoignant les Compagnons du devoir à 17 ans. « Le milieu étudiant ne m’attirait pas et je voulais trouver une autre voie que celle de l’Education Nationale. Même si je n’avais aucune connaissance de ces métiers manuels, j’avais envie de liberté, de voyage et d’autonomie », se souvient le féru d’automobile qui s’imaginait d’abord dans la chaudronnerie plastique. Mais comme les Compagnons ne proposaient pas cette filière, il a découvert le travail du métal.
Après avoir obtenu son CAP au bout d’un an, il a commencé son Tour de France. « J’ai commencé à Perpignan pour un chef d’entreprise qui m’a confié la fabrication d’un voilier. Je ne connaissais pas l’aluminium et je n’étais jamais monté sur un bateau. Je n’ai pas compté mes heures et il a apprécié ma volonté d’apprendre », explique celui qui est aussi passé par Toulouse, Angers, Bordeaux ou Nantes. S’il a appris à aimer la chaudronnerie, il ne souhaite pas de limiter au travail manuel et met rapidement (à 21 ans seulement) ses compétences à disposition en devenant maître d’apprentissage à Angers et Bordeaux. « C’était les débuts de l’informatique et du DAO (Dessin Assisté par l’Ordinateur), j’ai appris tout seul à maîtriser ces logiciels. J’ai ensuite œuvré au niveau national sur le référentiel du bac pro en chaudronnerie ». Il réalise cette mission à Lille, là où il travaille également pour la formation continue des Compagnons du Devoir. Si celui qui est plus tard devenu président du pôle de formation de l’industrie se passionne pour la transmission du savoir-faire, il souhaite surtout créer sa propre entreprise. Christian Brethon choisit alors la Marne pour des raisons fiscales et d’aides à la création et fonde sa société CICA (Chaudronnerie Industrielle Champagne Ardennes) à Muizon en 1991. À proximité du site des Compagnons du Devoir et en louant des locaux à Pierre Possémé (Bâtiment Associé), il démarre une activité de chaudronnerie auprès des grands noms de l’industrie, dont ceux du secteur agroalimentaire et du champagne : « Quand on est un jeune entrepreneur, il faut oser. Je rêvais du Sud Ouest, mais j’ai découvert un territoire proche de Paris, au cœur de l’Europe, où il y avait des besoins en chaudronnerie ». De 6 salariés à ses débuts, son entreprise compte aujourd’hui 100 collaborateurs répartis entre quatre entités différentes, avec CMPAI (Ardennes) puis en étendant son réseau en 2014 et 2015 à travers deux sociétés dans l’Aisne.
UN ENGAGEMENT AU SERVICE DES ENTREPRISES ET DU TERRITOIRE
En parallèle de son activité, Christian Brethon a très vite décidé de s’engager dans les instances locales. Confronté aux Prud’hommes, il en est devenu un des plus jeunes conseillers en 1995. « J’ai voulu comprendre le fonctionnement de cette institution et m’ouvrir l’esprit sur les relations sociales », indique celui pour qui le bénévolat est naturel de par son expérience en tant que Compagnon du Devoir. Un témoin transmis à présent à sa fille Deborah qui a rejoint la direction de CICA et a aussi débuté son activité de conseiller prud’homal. Son engagement s’est ensuite concrétisé au sein de la filière industrielle en devenant président de l’UIMM Marne en 2009. « J’ai regroupé les organismes de formations (CFAI et AFPI) et nous avons par exemple décidé de construire notre pôle rémois en 2013 (15 M€), un outil nécessaire pour être attractif. Mais nous devons encore en faire plus », indique celui qui a également fédéré l’UIMM en Champagne-Ardenne. Sur le territoire, le syndicat patronal emploie quelque 300 collaborateurs et pèse notamment au sein du Medef dont il a pris la présidence marnaise en 2018. « Au Medef, nous ne comptons que 2 salariés. Nous faisons du lobbying politique et nous avons la gestion de 400 mandats pour lesquels il est parfois difficile de trouver des patrons qui n’ont pas la tête dans le guidon et veulent s’engager ». Au niveau national, ses fonctions lui permettent de rencontrer « des grands patrons, des gens exceptionnels ».
Christian Brethon évoque son souhait de rapprochement avec la CPME (une première étape a été franchie avec une cérémonie commune lors des vœux 2019), les synergies avec la CCI et souhaite une plus grande cohésion des acteurs économiques marnais et champardennais. « Les Alsaciens sont beaucoup plus unis », constate celui qui a pris la présidence de l’UIMM Grand Est en 2018.
ACCÉLÉRER LA CROISSANCE
Dans la course à l’attractivité territoriale, Christian Brethon estime donc que les acteurs locaux peuvent et doivent mieux faire. Passionné d’automobile, il est un habitué du Rallye Monte-Carlo Historique depuis 2008 qu’il réalise souvent avec son épouse. « Je projette aussi de participer aux 24 heures de Paris en septembre puis au raid africain au Maroc », annonce-t-il en partageant son « envie d’adrénaline et de se vider la tête ».
Dans la course à l’ETI, le chef d’entreprise estime que cette taille symbolique sera sans doute atteinte après lui, notamment en raison de ses divers engagements en faveur d’un territoire auquel il est « très attaché ». Mais, sans se fixer de date de départ en retraite, le dirigeant espère assurer la transmission de son activité à sa fille :
« Nous devons faire de la croissance externe et mieux structurer encore l’entreprise car nous sommes aujourd’hui trop grands pour certains marchés mais presque trop petits pour d’autres clients qui sont de grands groupes ».