Elle est en résidence à Besançon depuis trois semaines, mais vient sur le site de déconstruction de la Rhodia depuis juin dernier.
Parisienne, elle s’appelle Marion Chombart de Lauwe. Elle est graveuse, dessinatrice, plasticienne. Son travail consiste à s’approprier les lieux en chantier ou voués à disparaître, pour en récupérer des matériaux, afin d’inscrire leurs traces sur ce qu’il reste d’eux. Baptisé Dernières heures des bâtiments, son projet artistique se veut, selon ses propres mots, « une métaphore de l’apoptose, ce processus biologique par lequel des cellules déclenchent leur auto-destruction en réponse à un signal. Mon travail avec la disparition des bâtiments, c’est la vie qui prend place dans la mort…». Jusqu’ici, l’artiste a investi quatre lieux : les usines de chauffage urbain à la Villette, les anciens entrepôts de la chambre de commerce à Pantin, l’ancienne fabrique de glace à Nantes, le château de Romainville et aujourd’hui l’usine de textile de la Rhodiacéta. « Une destination que j’ai découverte par hasard, lors d’un concert donné à Notre-Dame des Landes où j’ai retrouvé une amie comédienne qui habite à Besançon. C’est elle qui a évoqué cette déconstruction. Je suis venue une fois pour voir est je suis tombée sous le charme. Sur place j’ai rencontré les gens du Frac, de la maison de l’architecture et du Musée du temps. Tous ont manifesté de l’intérêt pour mon projet, ce qui m’a motivée à me lancer ». Elle se rend alors sur site, rencontre les anciens ouvriers, prend contact avec les acteurs du chantier, « ce qui facilite une approche de terrain approfondie et une meilleure compréhension du processus de démolition ». Puis elle commence à dessiner les différents moments du démontage. « Croquer cette mise à nu des couches de mémoire successives. Tenter de capter le moment de basculement ». Les matériaux métalliques sur lesquels seront gravés les dessins sont récupérés lors de la déconstruction : « la Rhodia se dessinera ainsi sur ses propres restes ». L’étape de gravure se réalise en FabLab à l’aide d’une découpe laser. Enfin, les œuvres ont vocation à être installées sur ou près du site d’origine. Pour financer cette ultime étape, Marion Chombart de Lauwe a lancé une campagne de financement participatif sur le site, proarti.fr Si le Musée du temps, et les services communication de la ville lui ont, par ailleurs, déjà commandés des dessins, il lui manque 18.000 euros pour finaliser son projet. Sur la plateforme de crowfunding, l’appel au don débute à 10 euros et offre un certain nombre de contre-parties (reproduction, gravure, original en métal, rencontre avec l’artiste…) plus où moins importantes en fonction de la somme offerte.