Immoblade apprivoise les rayons du soleil

Xavier Sembély et Patrick Callec ont cofondé Immoblade en 2018.

L’entreprise, hebergée au sein de l’incubateur CEEI Théogone, a développé une protection solaire passive intégrée dans les vitrages, économe en énergie. Immoblade envisage d’industrialiser son process et vise le marché européen.

Véritable innovation de rupture sur le marché du bâtiment, la solution développée par la start-up Immoblade, nichée à Ramonville au sud de Toulouse est issue de l’industrie spatiale. Objet de trois dépôts de brevet, elle permet de diviser par trois les entrées solaires l’été et de laisser entrer la chaleur l’hiver. Contrairement aux systèmes motorisés ou aux systèmes actifs, la jeune pousse a mis au point une protection solaire intégrée dans les vitrages, passive et économe en énergie, qui repose sur l’analyse de la trajectoire du soleil. « Cette analyse est différente pour chaque façade que nous équipons. Généralement, l’économie d’énergie réalisée s’établit entre 10 et 15% », souligne Xavier Sembély à l’initiative du projet.

À l’origine de la création, c’est « la conviction que nous pouvions apporter quelque chose dans la lutte contre le réchauffement climatique », mais surtout une difficulté à laquelle a été confronté Xavier Sembély lors de la construction de sa maison bioclimatique « très bien isolée mais avec des ouvertures mal orientées ». Ingénieur système chez Airbus Defence and Space, il redouble d’effort avant de déposer un premier brevet en 2015. Trois ans plus tard, avec le soutien du géant aéronautique, il cofonde Immoblade, avec Patrick Callec, ex-acheteur systèmes hydrauliques au sein du même groupe.

INDUSTRIALISER LE PROCESS

L’entreprise a depuis mis au point deux produits. L’un particulièrement adapté aux grandes surfaces vitrées qui consiste à réaliser de la sérigraphie sur verre « comme si on dessinait un store sur ce matériau » pour former deux séries de stries sur des couches de verre feuilleté. Afin d’appliquer son procédé, l’entreprise collabore notamment avec un verrier espagnol Ariño Duglass.

Immoblade a également réalisé une levée de fonds de 500 K€ en 2019 pour développer un second produit, destiné cette fois aux surfaces plus petites : des mini-stores en aluminium fixés à l’intérieur d’un double vitrage standard. « C‘est aussi performant qu’un store externe mais sans la maintenance coûteuse, et c’est plus performant qu’un verre teinté », affime le co-dirigeant. Cette innovation a d’ailleurs obtenu le label de la fondation Solar Impulse. Le projet séduit le milieu tertiaire et les maîtres d’ouvrages publics et privés. L’entreprise projette de lever 2 M€ à l’été 2021 en vue d’industrialiser son process et de construire une usine d’ici deux ans, l’entreprise bénéficiant actuellement des ateliers de la pépinière d’entreprises CEEI Théogone. « Nous n’en sommes qu’à l’étape de pré-série qui permet uniquement d’équiper un bâtiment de 30 m2 . L’objectif du tour de table est de doubler à minima notre capacité de production, ainsi que notre force de commercialisation », détaille Xavier Sembély.

L’entreprise espère passer à l’étape supérieure après avoir reçu un premier niveau de certification pour le marché français. L’enquête de technique non-courante (ETN), menée par le bureau de contrôle Anco Atlantique, a abouti à un avis favorable pour son produit MiniStore. « C’est très important car c’est un marché exigent en termes de niveau de certification, de normes environnementales qui évoluent et d’assurances. »

PLUSIEURS PRIX

Pour l’heure, la start-up s’apprête à livrer les nouveaux bureaux du centre de gestion du Conseil départemental de l’Ariège ainsi qu’un bâtiment HLM à Paris. L’entreprise a également participé à la 16e édition d’Occitanie Invest. « Nous avons pu rencontrer une dizaine de partenaires dans la même journée, et nous avons eu des retours positifs. Nous avons également été contactés par des investisseurs externes. Nous cherchons autant des clients que des partenaires potentiels. » Déjà auréolée de plusieurs distinctions, la pépite Immoblade a recu cet automne, le « Prix spécial du jury » remis par le club Galaxie et le prix de la Transition Energétique lors de l’évènement « Transformons la France » organisé par La Tribune. L’entreprise a également été retenue pour le programme « bâtiment responsable », cofinancé par l’Ademe, qui permet à des promoteurs et des grands comptes de tester sa technologie. L’entreprise, qui a récemment étoffé son équipe de cinq personnes portant ses effectifs à neuf collaborateurs, vise le marché international et table sur 500 K€ de CA l’an prochain.