ID Ciné, une autre idée des salles obscures

Henry Maitre a fondé l’entreprise ID Ciné en 2016.

Le cinéma comme fil rouge pour recréer du lien social au cœur des villes de taille moyenne, c’est l’objectif de l’entreprise Ciné ID. Son fondateur, Henry Maitre a réussi à marier ses deux passions : l’urbanisme et le 7e art.

En décembre 2021, à Colomiers en Haute-Garonne, ID Ciné livrera le Grand Central, un complexe de cinq salles et 769 fauteuils. L’entreprise fondée il y a quatre ans affiche une belle dynamique. Le concept d’ID Ciné est à l’opposé des méga-complexes en périphérie des grandes villes. Cette 5e ouverture fait suite aux implantations de Biscarosse (40), Andernos-les-Bains (33), Castelnaudary (11) et Saint-Chamond (42).

Henry Maitre assure la maitrise d’ouvrage, la conception du cinéma de A à Z. « On ne s’improvise pas exploitant de cinéma. J’accompagne les porteurs de projets, les collectivités locales ou les acteurs privés dans l’installation d’une salle de cinéma. L’objectif est de recréer un lieu de vie au cœur des villes. »

L’entreprise qui compte déjà sept salariés, apporte une expertise sur la faisabilité du projet, le conseil technique et vient aussi rassurer les partenaires financiers. « Nous offrons une solution de portage immobilier et faisons le lien entre les différents acteurs du projet, publics ou privés », ajoute Henry Maitre.

VIVRE LA VILLE AUTREMENT

Henry Maitre, 35 ans, ingénieur en génie civil connaît bien les métiers du bâtiment. Se lancer en solo lui a permis une autre liberté. Sensible à l’environnement, il aime particulièrement l’idée de réutiliser des friches industrielles et de faire perdurer la mémoire des lieux pour y loger un cinéma. On pourrait prendre l’exemple de Saint-Chamond (42) avec un complexe de six salles installé dans une ancienne usine militaire.

Limiter l’impact environnemental de la construction fait aussi partie des priorités d’ID Ciné : « On peut parler d’architecture frugale, explique Henry Maitre, en utilisant un maximum de matériaux décarbonés notamment le bois, la terre, etc. Ainsi, nous évitons de passer par des gros process industriels. » Un squelette de bâtiment en bois, une façade en terre cuite, le cinéma de Colomiers en est l’exemple parfait avec 30 % de matériaux biosourcés.

DIVERSIFICATION… UNE DIZAINE DE PROJETS POUR 2025

Avec un chiffre d’affaires de 9 M€ en 2019, l’entreprise se développe : prochaine livraison après Colomiers, le cinéma de quartier de la Cartoucherie à Toulouse. Seule incertitude : le retour des spectateurs en salle, en raison de la pandémie. « L’hygiène doit être irréprochable dans un cinéma, on insiste beaucoup sur le renouvellement de l’air, c’est un véritable argument en cette période » ajoute Henry Maitre. Il espère aussi que la Fédération nationale des cinémas Français ( FNCF ) sera entendue par le gouvernement. Elle demande que les films ne soient pas directement vendus à de grandes plateformes, sans même passer par la case cinéma comme ce fut le cas de Bronx, le polar d’Olivier Marchal, en juillet dernier.

Henry Maitre et son équipe continuent à innover. Ils planchent sur la conception et la construction de logements étudiants, la réfection des stations thermales et la conception d’un habitat urbain pour séniors à des prix abordables, afin de lutter contre l’isolement en campagne. Là aussi, le cinéma pourrait être un élément différenciant, l’idée de recréer du lien social au cœur des villes prendrait alors tout son sens.