Ibbeo Cosmétiques, l’entreprise bien dans son époque

Sur ses 5000 m2 de terrain, Ibbeo Cosmétiques cultive des bleuets, de la lavande et du millepertuis.

Aider la planète en s’inspirant de la fable du colibri, telle pourrait être la devise d’Ibbeo Cosmétiques installée à Montauban. Le laboratoire a trouvé le juste équilibre. Adepte du moins c’est mieux, l’entreprise fait du réemploi sa priorité. Les fondateurs défendent une démarche « de la terre au flacon ».

Pascale et Vincent Bobo ont trouvé leur chemin dans cet univers (parfois impitoyable) des cosmétiques. L’histoire de l’entreprise a commencé en famille, tous deux cherchaient désespérément une crème solaire pouvant convenir à la peau sensible de leurs trois enfants. Chimistes de formation, ils décident de fabriquer leurs produits, – comme ça pour essayer – « Il faut savoir que la crème solaire est complexe, il faut trouver des filtres minéraux, sans nanoparticules, accusées de polluer les océans », explique Vincent Bobo.
Cette crème maison a permis aux enfants de passer un été sans coups de soleil. Puis, tous les copains ont demandé la crème et l’idée d’en fabriquer pour la commercialiser a fait son chemin. En 2011, l’entreprise Ibbeo a vu le jour. « On a commencé dans un coin de la maison, s’amuse Vincent Bobo, puis nous avons intégré la pépinière d’entreprises Novalia à Montauban, le temps d’installer nos locaux, rue du Général Sarrail où nous sommes toujours. » 

DES AGRICULTEURS-ENTREPRENEURS 

Ibbeo a signé la charte Nature et Progrès, qui stipule que le distributeur doit aussi être producteur. « On s’est transformé en agriculteurs. Sur nos 5000 m2 de terrain, on cultive des bleuets, de la lavande, du millepertuis ». Les graines sont locales, achetées chez Biau Germe dans le Lot-et-Garonne. 

La cire d’abeille entrant dans la composition de nombreux produits provient du Tarn, les hydrolats sont fabriqués en Lozère. « Je ne recherche pas le moins cher, ajoute Vincent Bobo, ce monde du low-cost m’horripile. » 

Biologiste ou maraichère-agricultrice, cinq personnes travaillent chez Ibbeo, outre Pascale et Vincent Bobo. Condition sine qua non : être polyvalent. Un atout qui a sauvé l’entreprise lors du premier confinement en mars 2020, lorsque Vincent Bobo a décidé de fabriquer du gel hydro alcoolique. « C’est un cyclone qui nous est passé dessus, on a fourni les aéroports, les centrales nucléaires, la poste… Avant la crise, on était capable de sortir 2 000 flacons par mois. En mars, nous étions à 4 000 flacons par jour », détaille Vincent Bobo. Les amis et les enfants sont venus prêter main-forte. 

Ibbeo n’a pas d’équipe commerciale et se développe grâce au bouche-à-oreille. De nouvelles pharmacies ont découvert la marque pendant le confinement, elles ont depuis référencé les produits. Pas d’action à l’international, « la réglementation hors UE est trop exigeante, nous n’avons pas les moyens », ajoute humblement Vincent Bobo. 

CAP SUR LE RÉEMPLOI…UN BOULEVERSEMENT POUR L’ENTREPRISE 

Il y a un an, l’entreprise a décidé de supprimer tous les plastiques de ses emballages, elle remplace progressivement les pompes des crèmes par des modèles en aluminium, recyclables. Les produits sont désormais vendus dans des pots en verre consignés (20 centimes). L’entreprise doit s’adapter pour organiser la récupération des contenants. Ils sont ensuite lavés, stérilisés puis réutilisés. « C’est le gros chantier des prochains mois », ajoute Vincent Bobo. Un vrai défi pour Ibbeo qui planche sur d’autres projets de réemploi avec la Région Occitanie, l’Ademe et Citéo. 

Ibbéo commercialise une cinquantaine de références, mais c’est la crème solaire qui fonctionne le mieux. Le CA (300 000 €) augmente de 20 % chaque année. La demande des consommateurs est forte mais Pascale et Vincent Bobo restent fidèles à leur ADN, ils veulent garder leur « petite entreprise », celle qui leur ressemble.