Jeudi 14 novembre à Quetigny se sont tenues les assises régionales du logement social. Cette rencontre professionnelle avait pour principal objectif de présenter les grands lignes du projet régional HLM 2019-2024.
En 2015, l’Union sociale pour l’habitat (USH) de Bourgogne Franche-Comté avait publié un manifeste qui avait sensibilisé l’État, les pouvoirs publics et les collectivités territoriales à une autre politique de l’habitat dans les territoires dits « détendus ». « Nous nous sommes opposés, nous avons cherchés ensemble et aujourd’hui nous sommes unis face à l’enjeu », a déclaré Marie-Guite Dufay, présidente de la région en introduction de son allocution lors des assises régionales du logement social, qui se sont tenues jeudi 14 novembre à Quetigny. Le chiffre de 25 % de logements produits « en trop » entre 2006 et 2011, était l’un des constats de ce manifeste qui souhaitait notamment mettre l’accent sur la pertinence même de la « tension » comme critère discriminant et fondateur des politiques du logement. Un biais qui selon les professionnels de l’habitat social ne rend pas compte de la diversité des situations et ne permet pas de déployer des actions suffisamment différenciées selon les territoires. Une analyse partagée par le démographe et spécialiste en histoire sociale Hervé Le Bras, invité de ces assises qui n’hésite pas à parler d’utopie dans la volonté des gouvernements de chercher à construire des politiques globales face à l’hétérogénéité des situations sur le terrain : « il faut penser les problèmes localement ».
« Aujourd’hui, face à un modèle HLM qui ne tient plus la route et dans un contexte législatif et réglementaire très contraignant, l’USH BFC conçoit un projet régional portant sur la période 2019-2024. Il prend en compte des objectifs d’attractivité et de cohérence territoriale, de transition énergétique et numérique, de performance des organismes HLM, et du rôle central des clients de ces organismes dans les évolutions à venir », annonce Emmanuel Boué, directeur de l’USH BFC. L’idée centrale de ce projet est de développer une réflexion de parcours résidentiel dans le cadre plus large de territoires où les questions de mobilité, d’emplois, de proximité sont socialement très importantes.
Sur un plan économique, il s’agit de prendre en compte le contexte lié à l’entrée en vigueur de la loi Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ÉLAN), à la Réduction du loyer de solidarité (RLS) et à la poursuite de politiques de décentralisation. Autant d’éléments qui imposent aux organismes HLM de repenser leurs stratégies de fonctionnement. Cela passera notamment par le développement de nouveaux services et une diversification des activités. « Pour nous, les enjeux sont notamment d’optimiser l’emploi des ressources budgétaires, de s’appuyer sur la transition numérique, d’accroître l’attractivité locative, d’imaginer une stratégie économe, responsable et durable, de dessiner une nouvelle chaîne de valeur… en résumé : de sortir des cadres habituels », défend le directeur. HLM 2019- 2024 ambitionne ainsi de relever cinq défis : réajuster l’offre locative et soutenir l’accession à la propriété ; élargir la notion de service, des locataires aux habitants d’un territoire ; intégrer la question du vieillissement et des publics spécifiques ; assurer l’ancrage local et les solidarités territoriales et enfin contribuer aux enjeux de renouvellement des tissus urbains anciens. « Parvenir à relever ces défis implique d’envisager la construction de logements plus petits et urbains, de poursuivre les réhabilitations énergétiques, mais aussi de démolir une partie du parc de logements inadaptés », poursuit Emmanuel Boué.
SEPT MILLIONS DE LA RÉGION
Cela passe également par le développement de services inédits et diversifiés, démontrant que les organismes HLM sont détenteurs d’une expertise et d’un sens du territoire qui vont bien au-delà de la simple question du logement (promotion ou gestion immobilière, maîtrise d’ouvrage, aménagement, partenariats avec divers prestataires liés à la mobilité, à la réussite scolaire ou à la conciergerie…). Le tout en s’appuyant sur l’outil numérique et les multiples potentialités dont il est porteur. Le projet régional de l’USH BFC s’inscrit, sur ce point, dans une dynamique de convergence avec la Stratégie de cohérence régionale d’aménagement numérique (SCORAN). L’outil numérique doit aussi être le levier de la mise en place, par les organismes HLM, d’une gestion différenciée selon les caractéristiques sociales des territoires sur lesquels ils opèrent. « Entre les clients installés en ville et ceux éloignés des grands centres urbains, les besoins en services ne sont pas identiques et réclament donc le développement d’une offre différenciée. Cette gestion « au plus près” des attentes territoriales devrait impliquer des fonctionnements plus horizontaux et transversaux au sein des organismes concernés ».
Répondre à l’impératif du vieillissement de la population et à son maintien à domicile le plus longtemps possible réclame également une réponse spécifique, « dont notamment un travail sur le développement d’appartements adaptés dont la demande est clairement en hausse », précise Emmanuel Boué. La dynamique partenariale et la mise en commun de compétences entre différents acteurs paraissent, enfin, indispensables pour relever l’ultime défi de la reviviscence des tissus urbains anciens et de la réhabilitation thermique des logements « Vous vous êtes engagés sur la rénovation de 3.000 logements par an : ne lâchez pas prise! A déclaré la présidente de la région. Nous imaginerons pour vous soutenir les budgets qui vont de pair avec ces enjeux stratégiques. Sept millions d’euros en autorisation de programmes seront ainsi pro- posés au vote de la prochaine session du conseil régional ».
Parmi les piliers de la mise en œuvre de cette stratégie globale figure aussi un renouvellement de l’organisation, dans le respect des valeurs propres aux organismes HLM : « accent mis sur l’usage en renonçant à la propriété de nos murs, développer les pratiques en circuit court mais aussi mieux assurer collectivement le partage du risque immobilier… », évoque le directeur. Également évoqués : le renforcement de la cohésion régionale par la territorialisation et la diversification des actions permettant de concevoir le loge- ment comme un ensemble de services et la mise en relation des habitants, des territoires et des collectivités sur des thématiques d’intérêt général, grâce au développement des outils numériques et de la domotique au service des locataires…