Chaque année, l’école de commerce dijonnaise Burgundy School of Business consacre une semaine à la sensibilisation pour l’inclusion des personnes handicapées en milieu professionnel.
«Comment améliorer l’insertion professionnelle et l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap ? ». Une problématique sur laquelle planchent les étudiants de l’école de commerce dijonnaise, Burgundy Business School (BSB) dans le cadre d’un projet mené avec l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph). Cette dernière, qui organise une « Semaine pour l’emploi » des personnes handicapées en novembre, souhaitait y associer les étudiants, voués à occuper des postes à responsabilités. « En tant que futurs managers, leur regard sur ces enjeux est important pour faire évoluer les mentalités dans le monde du travail et au-delà », justifie Alexandrine Bornier, responsable du département développement et accompagnement personnel à la BSB.
Du 21 au 23 octobre, les étudiants ont dû répondre à un questionnaire pour déterminer leur regard sur cette problématique et ses enjeux.
« Les résultats obtenus seront présentés à des chefs d’entreprise, DRH et acteurs de la société civile lors d’un événement organisé par l’Agefiph au Zénith de Dijon. » Ce rendez-vous portera justement sur le thème
« Recruteurs d’aujourd’hui et de demain, agissons pour la diversité en entreprise ».
« Le but de ces journées dédiées à la sensibilisation n’est pas seulement lié à l’inclusion d’une personne handicapée dans une entreprise. Comment une personne dite valide va accepter d’être managée par une personne en situation de handicap fait également partie des axes de réflexion », précise-t-elle.
Pour interpeller leurs camarades, les étudiants impliqués dans la vie associative de l’école ont donc organisés des ateliers ludiques permettant d’appréhender les différentes formes de handicap sous trois volets : le sport, la culture et la vie quotidienne.
LES YEUX BANDÉS POUR IMITER LA CÉCITÉ
« On les a fait peindre avec les yeux bandés pour les mettre en situation de cécité ou avec leur main non directrice. D’autres encore ont dû retrouver le rythme d’un morceau musical en portant des boules Quies pour apprivoiser la surdité. Les aspects de la vie quotidienne n’ont pas été oubliés puisque certains ont dû boire de l’eau à l’aveugle », détaille Alexandre Michel, étudiant en première année de master.
Une initiative largement validée par les étudiants nombreux à s’être prêtés au jeu. « Peindre avec sa seule main gauche quand on est droitier, demande en effet plus de concentration et nécessite plus de temps. Cette activité nous fait prendre conscience des difficultés rencontrées au quotidien pour les personnes atteintes d’un handicap. C’est aussi une manière de s’apercevoir qu’en adaptant quelques points, par exemple en aménageant son lieu de travail ou ses outils, tout est réalisable, approuve Maëlle, étudiante de 20 ans. D’ailleurs, je me suis rendue compte qu’être privée d’un sens développe d’autres compétences puisque lorsque j’avais les yeux bandés, j’étais plus attentive à l’environnement sonore ».
Elle détourne le pictogramme pour handicapés pour briser les tabous
Depuis qu’on lui a diagnostiqué une maladie du système nerveux (Strümpell-Lorrain)qui l’oblige à se déplacer en béquilles, Marie-Caroline Brazey alias MC Solaire revisite le pictogramme des panneaux de stationnement réservés aux handicapés. Une manière de se réapproprier l’espace public et de lever les a priori concernant le handicap. « J’ai ressenti beaucoup de violence dans le regard de certaines personnes lorsque je descendais de ma voiture garée sur une place réservée aux handicapés. Détourner le pictogramme en lui apposant des collages en papier inattendus permettait selon moi d’apporter de la légèreté et d’interpeller les automobilistes malveillants », raconte la jeune femme originaire de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
DÉDRAMATISER LA MALADIE
Tantôt affublé d’une cape façon WonderWoman, coiffé d’un bonnet de Père-Noël ou encore transformé en licorne, le fameux fauteuil roulant sur fond bleu se réinvente à l’infini. « Ces créations m’ont aidée à combattre le handicap et à l’accepter. Mes collages sont toujours positifs et offrent l’avantage de ne pas dégrader le mobilier urbain. C’était aussi une façon de rendre le pictogramme plus joyeux et de dédramatiser la maladie », ajoute celle qui avoue avoir transformé son handicap en force. Pari réussi puisque MC Solaire a constaté un regard bienveillant : « Beaucoup de handicaps sont invisibles. Les collages contribuent à ouvrir les esprits. »
Présente lors des journées de sensibilisation à l’inclusion des personnes handicapées en milieu professionnel organisées par Burgundy Business School, MC Solaire intervient également auprès des enfants dans les écoles. « En parler dès le plus jeune âge est primordial. En 2019, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur ces questions. Actuellement en recherche d’emploi, des institutions m’ont, par exemple, déjà conseillée de taire mon handicap auprès d’éventuels recruteurs…».
En chiffres
2919 établissements de Bourgogne Franche-Comté étaient, en 2018, tenus d’employer des travailleurs handicapés.
15% des entreprises de la région assujetties à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés, n’en emploient pas.
84,9% de ces entreprises emploient au moins un travailleur handicapé.
(source : association pour l’Obligation d’emploi des travailleurs handicapés, OETH).