H2K, la moto hydrogène Made in Bourgogne Franche-Comté

L’équipe de H2 Motronics.

À Varennes-Vauzelles, H2 Motronics développe la première moto à hydrogène de compétition.

Avec un bureau aux USA, en Allemagne, et leader pour 85 % à l’international, le groupe d’ingénierie Texys à Varennes-Vauzelles, spécialisé dans la fabrication de capteurs destinés aux voitures de compétition développe aujourd’hui, avec son bureau d’études neversois H2 Motronics, le premier démonstrateur de moto de compétition à pile à combustible hydrogène. Son nom : H2K : « Ce projet est né de deux volontés. Innover dans un domaine qui me tient à cœur, la moto, et trouver un autre moyen de propulsion moderne qui ne soit pas thermique », explique Philippe Leuwers, président de Texys Group. L’idée est née en Novembre 2019 avec l’arrivée d’Emmanuel Esnaut, ancien de chez Mc Laren et Renault Sport, au poste de directeur général. Après avoir pensé à un groupe motopropulseur électrique, le projet s’oriente vers l’hydrogène : « Nous avons rencontré le Pôle Véhicules du futur, dans le Doubs, puis la région Bourgogne Franche-Comté s’est engagée dans cette énergie propre, il y a donc une logique de réflexion. »

H2 Motronics fait alors appel à Maaz Delvi, ingénieur recherche et développement, se rapproche de Tecmas à Bourges, poids lourds de la compétition moto, deWRTI, société fille de l’écurie WTR spécialisée dans le « green GT », l’inclusion d’énergies nouvelles dans la compétition automobile, et de l’Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT) de Nevers.

UN DÉFI D’INGÉNIERIE

Au-delà du projet d’une moto propre et performante, H2 Motronics entend développer un moteur assez compact capable de fournir une énergie sur une assez longue distance. « Aujourd’hui nous prenons comme référence le circuit de Valence, explique Emmanuel Esnault. Selon nos calculs nous serions capables de réaliser entre 11 et 14 tours (soit 57 à 65 kilomètres) avec un seul plein, soit presque deux fois l’autonomie d’une moto électrique ». Et en matière d’hydrogène, le véritable défi reste le poids. « L’intérêt est d’être en mesure de livrer une étude sur un projet de mobilité qui soit comparable à un véhicule thermique existant, en restant donc en dessous de 200 kilogrammes, qui ait les mêmes caractéristiques et qui se pilote dans les mêmes conditions », explique Philippe Lewers. Stocké sous pression et sous forme gazeuse, un litre l’hydrogène requiert un réservoir pesant 30 kilogrammes. La batterie, pensée avec l’université des technologies de Belfort Montbéliard et capable de développer deux kilowatts avoisine les 15 kilogrammes.

Après deux années de développement et un million d’euros d’investissement, le démonstrateur devrait arriver en phase finale de fabrication au cours du second semestre 2021. « Il ne reste qu’à produire la batterie, en nous appuyant sur ce qui existe. Mais pour cela nous ne pouvons-nous adresser qu’à de petites structures. Les industriels ne sont pas intéressés par une production à l’unité », ajoute Emmanuel Esnault. À terme, Texys n’a pas pour ambition de devenir fabricant mais de « développer un nouveau concept. En dehors de la batterie, H2K sera un produit Made in France et même Made in Région Bourgogne Franche-Comté,mais le vrai projet est d’inventer un moteur compact à l’hydrogène qui pourra ensuite, pourquoi pas, être produit à plus grande échelle et pour d’autres véhicules à des coûts plus abordables », conclut Philippe Lewers.