Stéphane LacrampeGuider les PME dans la tempête

Cet ancien cadre dirigeant a créé Prom Stratégie en 2019 pour venir en aide aux entreprises en difficulté. Il veut utiliser son expérience pour prouver que tout est possible et qu’il n’y a pas de fatalité.

«Il ne faut pas que les entreprises désespèrent, il y a des choses à faire ! » Malgré une conjoncture économique délicate, et des perspectives inquiétantes, Stéphane Lacrampe est résolument optimiste. Cet ancien dirigeant et directeur des affaires financières (DAF) de différentes sociétés, qui connaît pourtant bien la réalité des chiffres, refuse de se laisser abattre et mise sur les compétences et la stratégie. « Dans mon parcours, je n’ai jamais vu une entreprise qui n’avait pas de leviers internes pour s’en sortir. » C’est l’avis d’un spécialiste, qui vient de créer sa première société, PROM Stratégie, et dont l’objet est justement d’aider les entreprises défaillantes. Un créneau qui risque malheureusement d’être à la mode dans les prochains mois. « Ce n’est pas de l’opportunisme, la société a été créée il y a plus d’un an », assure par ailleurs son jeune patron. L’idée, qui met en mouvement son expérience, son envie et ses compétences, a germé il y a plusieurs années dans son esprit. C’est la résultante d’un parcours logique, où chaque étape s’est imposée peu à peu.

Né à Beauvais en 1972, d’une mère picarde et d’un père gersois, le futur dirigeant de PROM Stratégie a grandi entre le Sud-Ouest et le Nord. Au début des années 1990, il opte pour Rouen et s’inscrit à l’IAE en maîtrise des sciences et techniques comptables et financières. « C’est une des voies qui mène à l’expertise comptable. Je connaissais un chef d’entreprise qui me disait que l’expert-comptable était son bras droit, et j’en ai rencontré plusieurs pendant des jobs d’été. J’ai pu discuter avec eux, cela m’a plu. » Mais Stéphane Lacrampe s’arrête avant d’obtenir cette qualification professionnelle : il a envie d’aller sur le terrain, en entreprise. Avant cela, il reste une étape à franchir. Maîtrise en poche, il part à l’armée.

Après le service militaire qu’il fait à Toulouse, il commence à chercher du boulot et intègre la SA Nicolas, une PME qui fait du négoce de vin et fournit notamment le célèbre réseau de cavistes Nicolas. Engagé comme directeur administratif et financier (DAF), il contribue à faire grandir l’entreprise. En quelques années, la petite société locale se diversifie et se développe à l’international. Mis en confiance par ses responsables, dont Michel Carrère, actuel coprésident de l’interprofession des vins du Sud-Ouest, Stéphane Lacrampe s’épanouit. Il est notamment envoyé à Bristol, en Angleterre, pour monter une agence. « Avec la SA Nicolas, j’ai appris à pratiquer tous les leviers de la finance, j’étais au cœur des décisions. J’étais une force de proposition, et j’étais près du terrain. Cela correspondait à ce que je voulais faire avec mes études. »

Cette première expérience réussie dure 10 ans. Le jeune DAF ressent le besoin de changer et, en 2007, prend la décision de quitter son premier employeur, sans trop savoir où aller. Il rejoint rapidement AC2D, une société spécialisée dans la location de bâtiments modulaires et basée également dans la Ville rose. Il y apprend le management, en prenant la direction de l’usine de fabrication de modules, quelques mois après son arrivée en poste.

En 2011, Stéphane Lacrampe souhaite franchir un cap et prendre les rênes d’une PME. Après un premier projet qui n’aboutit pas, il rebondit à Montauban et devient le directeur de Bouyer, une entité spécialisée dans la sonorisation de lieux recevant du public. « Quand j’arrive, l’entreprise s’effondre. Un retard colossal est accumulé. Depuis 10 ans, il y a très peu de développement, et pas d’évolution technique et technologique. » Le challenge est énorme, mais cela tombe bien, Stéphane Lacrampe aime cela. Il a 39 ans, déjà pas mal d’expérience, de l’enthousiasme et par chance, une bonne équipe. « J’étais entouré de collaborateurs qui voulaient s’en sortir, et qui connaissaient bien leurs métiers. Il manquait juste une vision. »

Soutenu par le groupe propriétaire de l’entreprise, et par les 60 salariés, il remet tout à plat, développe l’aspect commercial, l’implantation locale, et redresse le navire. Il réussit là ou différents repreneurs ont échoué. « C’était un travail colossal, je bossais le samedi et le dimanche. Je travaillais parfois 18 à 20 heures par jour. On touchait aux limites du raisonnable. »

En 2018, après sept ans à la tête de Bouyer, Stéphane Lacrampe décide de passer la main, pour profiter de sa famille et se mettre à son compte. En avril 2019, à Campsas au sud de Montauban, il lance sa société de retournement, PROM Stratégie, pour soutenir les TPE et PME en difficulté, mais aussi proposer des services externalisés dans les domaines administratif et de gestion. « C’est la synthèse de mes 22 années d’expérience. Ce que j’aime le plus dans le métier de DAF ou de DG, c’est d’être sur le terrain, avec les équipes, et trouver comment faire pour s’en sortir. Et puis j’aime l’adrénaline »

Quel est le secret de ce quadragénaire qui a quelques beaux sauvetages à son actif ? À cette question, Stéphane Lacrampe sourit. « On ne fait pas de miracle. Il faut réoxygéner la trésorerie, regarder tous les leviers de l’entreprise, comme les encours clients, voir avec les fournisseurs, le Trésor public, l’Urssaf, etc. C’est toute une méthode, un ensemble d’outils. »

Fort d’un bon réseau professionnel, le patron de PROM Stratégie a fait de bons débuts en tant qu’indépendant. Un peu plus d’un an après son lancement, il vient de s’associer avec Sylvie Condaminas, spécialiste du changement en entreprise et de la vision stratégique. L’objectif est de devenir la société de retournement référente pour les PME et les TPE dans le Tarn-et-Garonne. Il risque d’y avoir du pain sur la planche à moyen terme, notamment avec les sous-traitants de l’aéronautique, secteur déjà fortement impacté par la crise liée au Coronavirus. Pour les aider, Stéphane Lacrampe a déjà des idées. « Il y a beaucoup de compétences dans ces entreprises. Il faudra voir vers quoi les orienter, chercher des opportunités sur d’autres marchés », conclut-il.

Parcours

1972 Naissance à Beauvais (60)
1995 Valide une maîtrise des sciences et techniques comptables et financières. En décembre, part à l’armée
1997 Est embauché en tant que directeur administratif et financier (DAF) par la SA Nicolas, qui fait du négoce de vin dans la région de Toulouse. L’entreprise se développe à l’international, il est chargé de monter un bureau à Bristol, au Royaume-Uni
2007 Rejoint le groupe AC2D à Toulouse, là encore en tant que DAF
2011 Prend la direction de Bouyer, à Montauban. Il parvient à redresser cette entreprise qui était mal en point à son arrivée.
2018 « Rincé », mais satisfait de la situation de l’entreprise, il quitte Bouyer
2019 En avril, lancement de PROM Stratégie
2020 En juin, il s’associe avec Sylvie Condaminas