GRTgaz inquiet pour la filière de la méthanisation

Signalétique dans le circuit gaz du poste d'injection de biomethane. Crédit: GRTgaz Philippe Dureuil.

Dans la région Grand Est, GRTgaz est un acteur majeur de la filière de l’énergie avec ses 5 210 km de réseau de transport.

Si près de 20% de l’approvisionnement gazier du pays transite par le Grand Est, la région est surtout la deuxième consommatrice de gaz en France, avec 71,5 milliards de kilowattheures. Une consommation en recul en 2017, que Thierry Daniel, délégué Nord-Est de GRTgaz, explique par deux effets principaux, auxquels il convient d’ajouter une amélioration de l’efficacité énergétique des logements : « En 2017, les températures ont été plus clémentes et les centrales de production électriques fonctionnant au gaz ont été moins sollicitées en raison d’une meilleure disponibilité des parcs électronucléaire et éolien ».

Si la baisse globale de la consommation atteint les 8%, la consommation des clients industriels est quant à elle en progression de +4% en 2008. Une hausse inférieure à celle enregistrée en 2017 (+7%), mais qui démontre l’intérêt de nombreux secteurs d’activité pour cette énergie. La demande industrielle de gaz représente près d’un tiers du total de la consommation régionale et est dominée par la pétrochimie (37% de la consommation des clients industriels de GRTgaz), l’industrie agroalimentaire (19%) et la métallurgie (14%).

DES BESOINS VARIÉS`

Dans la région Grand Est, GRTgaz se veut un acteur majeur de la filière énergétique avec ses 5 210 km de réseau de transport d’un gaz majoritairement originaire de Norvège (40%), des Pays-Bas ou de Russie (entre 10 et 15%). Outre ses 120 sites de clients industriels raccordés et ses 371 postes de distribution publique (pour 1345 communes desservies), GRTgaz injecte près de 60M€ d’investissements dans son réseau afin de fluidifier la circulation du gaz mais aussi dans des travaux destinés à renforcer la capacité des flux et dans des travaux de maintenance et d’entretien. « Tous ces investissements ont pour finalité de rendre compétitif le gaz naturel sur le marché », précise Thierry Daniel.

GRTgaz est également très impliqué dans la production mais aussi la distribution de biométhane, notamment au niveau de l’accompagnement de tous les projets de développement de ses unités de production. Mais alors que la filière de la méthanisation décolle en France et dans le Grand Est, les acteurs tels que GRT gaz s’inquiètent pour l’avenir des projets. « Au cours de la dernière année nous avons plus que doublé la production de biométhane. 13 sites de production sont en service dans la région aujourd’hui et 118 projets sont en préparation », précise Thierry Daniel. Première région de France en terme de dynamique de projets avec plus de 20% des dossiers de l’Hexagone, le Grand Est pourrait produire jusqu’à 2731 GWh/an si l’ensemble des dossiers devait aboutir (contre 174 GWh/an actuellement en service). « Si deux tiers de ces projets sont portés par le monde agricole, ils pourraient être remis en question par le projet de loi pour la programmation pluriannuelle de l’énergie (aussi appelée PPE) », estime Thierry Daniel.

En cause : l’introduction d’appels d’offres, des objectifs de volume revus à la baisse et un prix de rachat du gaz renouvelable lui aussi en forte diminution (il passerait de90à67€/GWhd’icià 2023). « De telles mesures risquent de tuer une filière propre et qui apporte de véritables solutions concrètes en matière de soutien à l’agriculture, d’économie circulaire et de traitement des déchets, d’aménagement et de création d’emploi dans les territoires (une unité de méthanisation crée entre 2 et 4 emplois selon sa taille, sans compter les emplois induits pour la construction du site, NDLR) ».

UNE VIGILANCE PARTAGÉE

Ce message d’inquiétude porté par GRTgaz est partagé par de nombreux élus locaux et acteurs de l’énergie. Tous semblent avoir été entendus par le gouvernement puisque, initialement prévue pour le 11 mars, la présentation du projet de loi pour la programmation pluriannuelle de l’énergie a été reportée au dernier moment.

Officiellement remise à une date ultérieure afin de « renforcer l’ambition du texte », les nombreuses protestations soulevées par les élus et acteurs de l’énergie à la lecture de la première version qui avait fuité dans la presse pourraient avoir obligé le gouvernement à revoir sa copie. La prochaine version du PPE sera donc surveillée de près par les énergéticiens.