Groupe Mercure : l’immobilier d’exception résilient face à la crise

Dans le quartier de la Côte Pavée, cette grande maison de ville du XIXe siècle est en vente sur le site du groupe Mercure, affichée à 1,49 M€.

Spécialisé dans les biens de caractère et demeures de prestige, le groupe toulousain affiche des résultats satisfaisants malgré une année 2020 marquée par le recul des acheteurs étrangers.

Malgré deux confinements et la raréfaction de la clientèle étrangère, le groupe Mercure, spécialisé dans l’immobilier haut de gamme (châteaux, manoirs et maisons d’exception), a réalisé l’an dernier une belle progression de ses ventes. Basé à Toulouse, le groupe a en effet réalisé l’an dernier quelque 250 M€ de transactions pour 276 biens vendus (contre 247 en 2019). Un résultat qui s’explique selon Olivier de Chabot, directeur général du groupe, par la bonne dynamique de la clientèle française qui a compensé la baisse du nombre des acheteurs étrangers, américains et asiatiques essentiellement. Les investisseurs étrangers (pour le coup à 82 % européens) ont ainsi représenté 22 % du chiffre d’affaires du groupe l’an dernier contre 31 % en 2019 et 17 % des ventes contre 22 % un an auparavant. De fait, pour cette clientèle CSP + qui rêve de château, la crise « a été un accélérateur de projet », assure Olivier de Chabot.

Le groupe, qui a vendu l’an dernier 155 châteaux (contre 137 un an plus tôt) dont le prix oscille, pour la moitié d’entre eux, entre 800 K€ et 1 M€, revendique aujourd’hui 80 % de l’offre de châteaux en France avec 474 biens en portefeuille (sur quelque 2 000 biens de caractère et d’exception), soit 10 % de plus qu’en 2019.

LA REVANCHE DE LA PÉRIPHÉRIE

Dans ce marché de niche, « les prix ne baissent plus, note Olivier de Chabot, voire repartent à la hausse », le marché se recentrant désormais sur les biens de 750K € à 1M €. La crise du Covid ayant favorisé le développement du télétravail, le groupe a également observé l’an dernier un phénomène de rééquilibrage du marché en faveur du rural par rapport à l’urbain, faisant s’envoler le prix moyen des propriétés de campagne, passé en un an de 705 140 € à 821 240 € tandis que celui des biens urbains chutait de 862940 € en 2019 à 847 450 € l’an dernier dans l’Hexagone.

Toutes les régions françaises profitent de cette belle dynamique observée l’an dernier, marquée par « des ventes sans négociation et très peu de conditions suspensives », « moins d’acquéreurs mais des projets plus aboutis ». L’Occitanie ne fait pas exception. « Nous sommes heureux des résultats aussi bien dans l’ancien Midi-Pyrénées que dans l’ex-Languedoc-Roussillon et autant sur le marché urbain que rural, pointe Olivier de Chabot. Nous avions un peu peur concernant le marché toulousain compte tenu de l’impact de la crise sur le secteur aéronautique. Mais cela ne s’est pas ressenti pour l’instant, nous n’avons pas eu de vente annulée ni de report. Des clients sont également venus en fin d’année. » L’an dernier, en Occitanie, 66 biens ont été vendus, dont 29 châteaux, pour un prix moyen de 785 K€, les prix grimpant en moyenne à 1,15 M€ pour le marché urbain. Moins cher cependant que la Côte d’Azur, la région reste très prisée pour « sa douceur de vivre ».

OFFRE LIMITÉE DANS L’HYPERCENTRE

À Toulouse, l’offre de biens de prestige dans l’hypercentre est cependant limitée ce qui fait grimper les prix. Toutefois, sous l’effet de la pandémie, la demande se cristallise sur les maisons en dehors de l’hyper-centre. La Ville rose « continue de gagner en attractivité, confirme Olivier de Chabot. Outre l’aéronautique, Toulouse a de telles richesses dans le domaine de la R & D, autour de l’hydrogène, de l’intelligence artificielle, etc. que je ne suis pas inquiet. »

Le groupe, qui emploie 120 collaborateurs, est présent sur tout le territoire national à travers une vingtaine de représentations. Deux agences ont ainsi été créées l’an dernier, à Nantes et Paris et une douzaine de commerciaux supplémentaires sont venus renforcer les équipes. Une agence devrait également voir le jour cette année, vraisemblablement à Lille, indique Olivier de Chabot qui espère ainsi capter notamment la clientèle belge.

L’agence de Toulouse, berceau historique du groupe Mercure, est devenue fin 2019 son centre d’innovation, notamment dans les domaines de la formation et de la digitalisation. Une mutation qui s’est accélérée l’an dernier avec la pandémie.

Dans un contexte de taux historiquement bas, la bonne dynamique de vente observée l’an dernier devrait continuer de porter ses fruits en 2021, en région comme à l’échelon national, la pierre étant plus que jamais « une valeur refuge ». Alors que le groupe s’est adossé en fin d’année dernière au réseau Forbes Global Properties pour gagner en visibilité à l’international, pour son DG, des doutes demeurent cependant quant au retour de la clientèle étrangère et quant à l’évolution de la pression fiscale sur le foncier.

Olivier de Chabot, directeur général du groupe Mercure.