Green Gen Technologies, l’emballage nouvelle génération

Pour fabriquer ses bouteilles, Green Gen Technologies utilise des fibres végétales et une résine biosourcée.

James de Roany, le président de Green Gen Technologies, a toujours été emballé par le packaging. Avec Séverine Laurent, en 2017, il a fondé l’entreprise à Toulouse et créé une bouteille en fibre de lin. Une petite révolution destinée à alléger le poids de nos bouteilles et à relancer toute une filière en France. De belles perspectives de développement autour des fibres écoresponsables…

Le parcours de James de Roany prend tout son sens avec l’arrivée prochaine sur le marché de bouteilles au bilan carbone quasiment nul. Sa porte d’entrée ? Les domaines viticoles. Ingénieur agronome, il a longtemps travaillé pour le groupe LVMH. Il dirigeait des domaines viticoles tels que celui de Gaston Lenôtre en Anjou. Au travers d’un think tank, avec d’autres professionnels, il commence à cogiter sur la vigne de demain. « On réfléchissait à la façon de révolutionner le packaging pour le vin. Il existe les canettes, les BIB (bag in box), mais nous voulions trouver d’autres solutions ». Être agile dans le vin, cela signifie casser les codes : « une bouteille vide pèse entre 350g et 1kg. Il faut en effet que la bouteille soit lourde parce que ça fait sérieux. » En 2017, James de Roany part sur l’idée de fibres de carbone. Au même moment, son associée, Séverine Laurent, est interpellée par un documentaire vantant les mérites du lin… Tout s’éclaire ! « C’est au salon BCOMP de Zurich que j’ai découvert les composites à base de fibres végétales. On peut fabriquer des pièces pour les fusées, la voiture Tesla… », explique James de Roany.

Les cofondateurs de Green Gen Technologies imaginent alors un premier contenant avec deux coques à assembler, puis, très vite, ils se tournent vers un tube permettant d’épouser la forme d’une bouteille.

DES APPLICATIONS VARIÉES

Des clients spécialisés dans les vins et spiritueux, séduits par ce prototype, ont investi 250 K€. « Cela nous a permis d’aller plus loin et de commencer à produire », ajoute James de Roany. Bpifrance, de son côté, a octroyé un prêt de 112 K€ à l’entreprise. Des ingénieurs en recherche et développement ont été embauchés.

Fruit de cette R & D, la bouteille en fibre de lin de Green Gen Technologies est résistante et ultralégère (130 grammes). Composée également à base de résine biosourcée, elle est biodégradable : il ne reste plus qu’à trouver le système idéal pour la broyer avant de la recycler.

RELANCER LA FILIÈRE LIN EN FRANCE

Doté d’un bilan carbone au plus bas, le lin est, qui plus est, une culture biologique qui a de l’avenir. Or, avec deux tiers de la production mondiale, la France est le premier producteur de lin textile.

Les brevets déposés par les cofondateurs permettent toutefois d’utiliser différentes fibres d’origine végétale. L’entreprise développe, en parallèle, des contenants en fibres de bambou, de chanvre et de canne à sucre.

« Notre concept repose sur la fibre végétale au sens large, mais nous avons encore des travaux à mener pour consolider l’étanchéité », précise James de Roany. Green Gen Technologies travaille ainsi avec l’École nationale supérieure des arts et industries du textile (Ensait), à Roubaix.

L’entreprise intéresse désormais les fonds d’investissement orientés greentech. En effet, le marché est là : 60 % des bouteilles fabriquées en France sont exportées. Selon les chiffres de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV ), 7,5 milliards de bouteilles circulent dans le monde. Si ces bouteilles étaient en fibres de lin plutôt qu’en verre, on allégerait le transport de cinq tonnes.

Le mouvement de lutte contre le suremballage est amorcé, Green Gen Technologies a d’ailleurs été contacté par des leaders mondiaux de la parfumerie.

En attendant la bouteille de vin en lin, l’entreprise sortira au mois de septembre sa propre gourde 100 % bio. Elle sera produite à Bergerac. « Nous n’avons pas vocation à devenir un industriel et à investir dans du matériel de pointe. Nous allons plutôt nous appuyer sur des partenaires. Nous nous positionnons résolument comme un bureau d’étude », conclut James de Roany.