« L’œnotourisme en Champagne : quelles retombées ? Quelles perspectives ? » À la demande de l’Office de tourisme du Grand Reims, le cabinet PV2D a mené l’enquête et présenté les résultats lors de la Foire de Châlons.
3,5 millions de touristes ont été recensés à Reims en 2018, dont 1,7 million d’œnotouristes, cette nouvelle espèce mise en lumière depuis l’inscription des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, en 2015.
Pour le premier semestre 2019 – les chiffres ne sont pas encore précisés – on parle d’une hausse de 14 % de fréquentation. Il est vrai que la ville a bénéficié d’événements à fort rayonnement international, comme la Coupe du Monde féminine de football ou encore le Tour de France cycliste. Pour autant, Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims, estime que le territoire dispose d’une marque au potentiel exceptionnel : le champagne. Pour la mettre en valeur – car l’inscription Unesco « oblige », soulignait la présidente -, la profession s’engage, de même que les professionnels du tourisme qui ouvrent de nouveaux établissements (comme tout récemment l’hôtel haut de gamme La Caserne Chanzy, à Reims, et la brasserie qui l’accompagne, La Grande Georgette).
Pour rendre aussi attractive que possible la matière œnotouristique faisant partie du Grand Reims, son office de tourisme a commandité une étude menée par le cabinet PV2D à l’échelle de la Marne. Les résultats ont été présentés dans le cadre de la 73e Foire de Châlons.
DES PRÉCONISATIONS
Si Jean-Michel Puydebat, directeur du cabinet PV2D, mettait en avant des effets positifs de l’inscription Unesco (progression de 10 à 15 % des visites dans certaines Maisons de Champagne, implication des Vignerons Indépendants de Champagne, du SGV avec l’opération L’Eté des vignerons et son bar éphémère à Epernay…), il n’en soulignait pas moins que beaucoup restait à faire. À elles seules, les recommandations livrées en conclusion de l’enquête sont explicites et représentent une feuille de route consistante : engager une démarche de labellisation des caves ; homogénéiser les routes de Champagne ; prévoir la mobilité entre les trois zones classées de Reims, Epernay et les coteaux historiques ; concevoir un « évènement Champagne » sur le territoire du Grand Reims ; disposer d’un équipement de découverte du Champagne ; définir une stratégie de développement de l’offre œnotouristique ; disposer d’offres œnotouristiques à destination des familles ; et créer un vrai observatoire de l’œnotourisme.
Des conclusions qui rejoignent d’ailleurs souvent celles dégagées par le Livre Blanc de l’œnotourisme en Champagne, réalisé à l’initiative des acteurs institutionnels du tourisme et des professionnels du Champagne et présenté en mars dernier à l’occasion des Premières assises de l’œnotourisme en Champagne.
DES ACTIONS
Philippe Verger, directeur de l’Office de tourisme du Grand Reims, soulignait que la dynamique d’ensemble était bien engagée et que d’ici 5 ans, la Champagne serait positionnée et reconnue comme un territoire œnotouristique en France. Pierre-Emmanuel Taittinger, au titre de la Mission Unesco qu’il préside, insistait sur la nécessité de « jouer collectif » et de s’appuyer sur ce patrimoine que constituent les 2 000 ans d’histoire régionale.
Enfin, Hannelore Rima, directrice du Pôle aval au Comité Champagne, indiquait que 100 000 € étaient investis par le Comité et la Région pour le lancement international (Londres, Japon…) de la marque La Champagne, Refined Art de Vivre, le Comité demandant par ailleurs à ses 11 représentations dans le monde d’en faire également la promotion. L’œnotourisme en Champagne est en marche.
QUELQUES CHIFFRES
De la présentation des résultats de l’enquête œnotouristique menée par le cabinet PV2D, quelques données chiffrées peuvent être mises en exergue.
La fréquentation des Maisons de champagne de Reims et d’Epernay peut être estimée à environ 500 000 visiteurs par an (60% à Reims, 40% à Epernay), avec notamment, en 2018, 115 000 visiteurs chez Pommery-Vranken, 83 000 chez Mercier, 82 000 chez Taittinger, 81 000 chez Moët & Chandon, 40 000 chez Mumm, 29 000 chez Veuve Clicquot, 25 000 chez De Castellane, 15 000 chez Ruinart et 8 000 chez Lanson… La clientèle étrangère et très largement majoritaire (80 % chez Taittinger, 74 % chez Ruinart…), seul le Champagne Collet (coopérative Cogevi) et sa Cité du Champagne faisant figure d’exception avec 54 % de clientèle française. Le coût de la visite, comprenant la dégustation d’une flûte de champagne brut sans année se situe, à Reims comme à Epernay, entre 13 et 28 €, pour une moyenne de 20 à 21 €.
Le site du Comité Champagne recense 320 Maisons dont seules 78 ouvrent leurs portes au public, soit moins de 25%. L’Union des Maisons de Champagne présente pour sa part 76 « grandes Maisons » (sans définir davantage la notion de « grande Maison »), dont 21 se visitent (moins de 30%).
MOINS DE 4% DES VIGNERONS
Sur le site du Comité Champagne, 533 vignerons (sur 15 800, dont 1860 récoltants-manipulants) et 26 coopératives offrent 559 propositions de visites, soit moins de 4% de la totalité des vignerons. Ce pourcentage est de 15% en Alsace, 10% dans le bordelais, un peu moins de 10% en Côtes du Rhône et 6% en Val-de-Loire. L’appellation « vignerons indépendants » est faiblement représentée en Champagne, avec 363 membres, quand on en recense entre 400 et 700 en Alsace, Val-de-Loire, Vallée du Rhône et Provence, et 1 712 en Languedoc-Roussillon. Parmi ces 363 vignerons indépendants, seuls 10% font visiter leurs caves, alors que la moyenne nationale, sur les autres vignobles, s’élève à 85 % et que cette activité permet d’accueillir près de 5 millions de visiteurs. Chez les vignerons champenois qui accueillent des visiteurs, les tarifs de visite sont très disparates, allant de la gratuité à plus de 25 € (avec prestations spécifiques, dans ce cas), pour un tarif moyen compris entre 5 et 10 €.