Grand Est : recul de croissance après un bilan économique 2019 en demi-teinte

Conséquence directe du Covid-19, la croissance de la production mondiale est annoncée en forte baisse. La pandémie calme les prévisions. La version optimiste française passe, pour l’instant, de +1,2 à +0,9% au bilan prospectif 2020. Le Grand Est, deuxième région la plus touchée par le coronavirus, risque d’être plus impactée que les autres régions.

Hors des lieux communs, du style « Demain ne sera plus comme avant » ou « Il y aura un avant et un après Coronavirus », force est de savoir où en était l’économie du Grand Est, à fin 2019, pour relativiser ou non les dégâts présents et à venir. Dernier signe tangible de cette situation d’avant, la conférence de presse du CESER du 13 mars dernier sur la conjoncture régional à fin 2019. L’intitulé « Une météo économique en demi-teinte, voire incertaine », n’élude aucunement une méfiance mondiale lisible dans les chiffres du dernier trimestre 2019. Sur ce chapitre, la guerre commerciale américano-chinoise, le Brexit et des coups de fièvre chez certains partenaires européens, antérieurs au Coronavirus, n’augurent rien de bon pour 2020.

Prenons donc note de l’état des lieux, au travers de quelques paramètres fondamentaux. Le Grand Est est en 2018 la 7e région économique de France avec un PIB de e 157 Md€ et la 9 pour son PIB par habitant (28 200 €). Ce Produit Intérieur Brut, mesurant la croissance d’un territoire, va fortement diminuer en 2020, à l’instar du niveau national et vraisemblablement de façon significative dans une région fortement exportatrice, industrielle et agro-alimentaire. Les grands de l’industrie automobile régionale sont à l’arrêt et les clients du Champagne ont fait leur réserve tout au long de l’année 2019. L’exportation va baisser.

Mais sur ce chapitre, le Grand Est dispose d’une certaine avance. La région occupe le deuxième rang pour son solde positif commercial de 5,4 Md€, derrière l’Occitanie, tout comme le deuxième rang pour les exportations de produits agricoles (+5,5 Md€) derrière la Nouvelle Aquitaine.

UN BILAN 2019 PLUTÔT MITIGÉ

Dans ce baromètre, le CESER relève bien le progrès des créations d’entreprises (+18%) supérieur au niveau national, mais n’omet pas ces deux points : un poids dans le contexte national en baisse de près de deux points et une baisse des défaillances moindres que celle constatée nationalement. La progression des emplois salariés du secteur marchand n’est à relativiser : +0,25% contre +1,25% au niveau national, soit cinq fois moins. Dans le Grand Est, les emplois baissent dans le commerce et l’industrie. Le taux de chômage, 8,3% équivalent à celui du niveau national, a augmenté de 0,2% en fin d’année 2019. Le baromètre du CESER indique dans ces conditions une situation mitigée, avant le tsunami du Coronavirus, version économie.

ETAT ET RÉGION AU SECOURS DES ENTREPRISES

Dès le début mars, l’Etat et la Région Grand Est ont annoncé en commun les premières mesures en faveur du soutien aux entreprises, notamment par la création d’un point d’entrée unique pour toutes les demandes d’aides. Les démarches concernant le chômage partiel ont été simplifiées et ont répondu aux demandes pressantes dans les domaines de l’industrie, de la construction, de l’hébergement et de la restauration.

La Région Grand Est a mis 25 M€ (prêt rebond) à la disposition des entreprises en difficulté et s’est engagée à aider les entreprises régionales soucieuses de relocaliser leur production jusqu’ici externalisée.

Entre étalement des créances bancaires et garantie des lignes de crédit, en partenariat avec le Comité régional de la Fédération Française des banques, 150 M€ de trésorerie sont accessibles aux PME, ETI, TPE, PME et indépendants. Par ailleurs, la Région débloque 10 M€ aux clubs sportifs. Ce premier dispositif est susceptible d’être étoffer en fonction du caractère évolutif de la pandémie.

COVID-19 : 44 millions d’euros pour les entreprises
et les associations du Grand Est

La Région Grand Est et la Banque des Territoires, en partenariat avec les Conseils Départementaux et les EPCI du Grand Est créent « Résistance » : un fonds de 44 millions d’euros au bénéfice des entreprises et des associations.

Il s’agit d’agir en complément des initiatives déjà impulsées afin de ne pas laisser certaines structures économiques sans accompagnement financier. Un accompagnement inédit qui se matérialise sous-forme d’avance remboursable, pour renforcer la trésorerie des associations, entrepreneurs, micro entrepreneurs, et petites entreprises dont l’activité est impactée par la crise sanitaire.

À raison d’une contribution à hauteur de 2€ par habitant et par niveau de collectivité, abondé par une somme de 11 M€ par la Banque des territoires, la Région Grand Est, les 10 Conseils Départementaux et les 249 EPCI du Grand Est, créent le fonds « Résistance ». Initié par la Région, ce fonds va mobiliser 44 M€ dans les prochains jours.

Ces avances de trésorerie, remboursables dans un délai d’un an voire plus en cas de difficulté, vont permettre d’octroyer des aides de 5 000 à 10 000€ aux entreprises qui comptent jusqu’à 10 salariés, avec un soutien qui peut monter à 30 000€ pour les associations et les acteurs du secteur non-marchand.

À ces aides, pourra s’ajouter une « prime d’activité » forfaitaire pouvant aller jusqu’à 5 000 € destinée à aider les entreprises en fonctionnement dans un secteur d’activité jugé essentiel à verser une prime à leurs salariés. Cette mobilisation générale des acteurs publics vient en subsidiarité avec les autres dispositifs mis en œuvre par l’Etat, du Fonds de solidarité déployé par l’Etat et les Régions mais aussi en complément du prêt rebond déployé par la Région Grand Est qui mobilise déjà 150 M€. Inédit en France, un tel dispositif doit permettre aux plus petites entreprises mais aussi au secteur associatif ou non-marchand de passer le cap de cette crise, et l’instruction des dossiers, simplifiés, sera effectuée à l’échelle de chaque territoire de manière souple et agile, par un comité associant les trois niveaux de collectivités pour répondre efficacement aux besoins identifiés localement.

La solidarité des EPCI, des Départements et de la Région, appuyés par la Banque des Territoires, est une réponse forte au monde économique et associatif et un encouragement à d’ores et déjà préparer l’après-crise avec des acteurs locaux forts et immédiatement opérationnels.