Grand Est : peu d’investissements mais une dette élevée

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La dette permet d’investir. Certains observateurs la qualifient de « vertueuse ». C’est peut-être vrai pour l’Ile-de-France, région la plus endettée de la Métropole mais aussi celle qui investit le plus. C’est l’inverse pour le Grand Est : cinquième plus importante dette et dernier investisseur des treize régions métropolitaines, proportionnellement à ses dépenses.

La dette publique de la France s’élève à 2 257,7 milliards d’euros (98,5% du PIB) en 2018. Dans cet ensemble, la dette des collectivités territoriales représente environ 180 Mds€ (8%), avec 118 Mds€ pour les communes, 34 Mds€ pour les départements et 27 Mds€ pour les régions. Dans les cinq dernières années, la dette de ces collectivités a augmenté de 10%, 2% pour les Départements et 32% pour les Régions. En dépassant les 2,3 milliards d’euros (0,1% de la dette publique nationale), l’endettement du Grand Est est l’un des plus importants des régions métropolitaines.

5E RÉGION LA PLUS ENDETTÉE DE LA MÉTROPOLE

Tel qu’il figure au budget 2018, l’encours de la dette du Grand Est est de 2 321 M€, il est en hausse de 4,3%, après avoir baissé de 3,9% en 2017. En 2015, dernier exercice des anciennes régions, la dette cumulée de l’Alsace, de la Lorraine et de la Champagne- Ardenne s’élevait à 2 208 M€, soit cinq points de moins qu’en 2018. Le Grand Est concentre ainsi 9,6% de la dette des régions métropolitaines, Corse exceptée.

Il se situe au cinquième rang des régions les plus endettées, derrière l’Ile-de-France (5 657 M€), les Hauts-de-France (3 054 M€), la Provence-Alpes-Côte d’Azur (2 639 M€) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (2 347 M€). Le Grand Est, cinquième Produits Intérieur Brut de la Métropole (7% du PIB et 7e région) accuse donc un poids de sa dette bien supérieur à celui de sa richesse économique.

Comparativement à sa population, la Provence-Alpes-Côte d’Azur (518 €) enregistre la première place régionale pour la dette par habitant, devant les Hauts-de-France (499 €), l’Ile-de-France (463 €), les Pays de la Loire (413 €) et le Grand Est (409 €). La dette moyenne des régions en 2018 est de 371 € par habitant, six régions se situent au-dessous de cette moyenne. Parmi elles, la palme du moindre endettement revient à la Normandie (125 €) devant la Bourgogne-Franche-Comté (206 €) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (291 €).

UN ENCOURS DE LA DETTE QUASI STABLE

Dans leurs trois premiers budgets, entre 2016 et 2018, les conseils régionaux issus de la réforme territoriale ont fait passer leur dette de 22 847 M€ à 25 514 M€, soit une progression de près de 12%. Deux des treize nouvelles régions ont baissé leur endettement : -18,8% pour la Normandie et -7,4% pour la Bourgogne-Franche Comté. Deux autres régions ont quasi maintenu le niveau de leur dette : +0,2% pour le Grand Est et +0,3% pour Auvergne-Rhône-Alpes. Le record de progression concerne la Nouvelle Aquitaine avec +37,2%.

Sachant que la dette vient de l’emprunt et que l’emprunt ne se conçoit qu’en matière d’investissement, les plus endettées sont-elles celles qui investissent le plus ? Les treize régions métropolitaines ont investi 9,5 milliards d’euros en 2018, soit 30,7% de leurs dépenses totales. Avec un investissement qui ne pèse que 25,4% des dépenses totales, le Grand Est occupe, sur ce chapitre, la dernière place, derrière les Hauts-de-France et la Corse. L’Ile-de-France étant la région qui, proportionnellement à ses dépenses, investit le plus (41%).

DÉSÉQUILIBRE ENTRE DETTE ET INVESTISSEMENT

La région la plus endettée, l’Ile-de-France, est donc celle qui investit le plus. Pour les régions les plus « vertueuses », avec un endettement moindre et un investissement remarquable, on peut citer les Pays de la Loire (8e pour la dette et 2e pour l’investissement) ou la Bretagne (9e pour la dette et 3e pour l’investissement). Situation inverse pour le Grand Est (5e pour la dette et 13e pour l’investissement).