Grâce à son Projet alimentaire territorial (PAT), signé en début d’année, Grand Besançon Métropole ambitionne de renforcer sa politique, menée depuis dix ans, en faveur de l’agriculture périurbaine, pour un développement des circuits courts et une installation agricole diversifiée.
La question alimentaire est, depuis de nombreuses années, traitée par les politiques nationnales et européennes, mais fait également l’objet d’initiatives individuelles ou de la société civile. La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014 la place au centre des préoccupations locales avec les Projets alimentaires territoriaux (PAT), démarches réunissant les acteurs autour d’un partage territorial des enjeux.
Grand Besançon Métropole et ses partenaires, forts des actions déjà engagées pour le développement de l’agriculture locale, l’appui aux entreprises, l’aménagement durable, la qualité de l’eau, la promotion de la santé et l’accès de tous à l’alimentation, ont souhaité s’inscrire dans une telle démarche. La collectivité a ainsi signé en janvier un PAT associé à une charte avec 14 signataires, dont la ville de Besançon, le département du Doubs, la région, la Chambre inter-départementale d’agriculture du Doubs et duTerritoire de Belfort, la CCI du Doubs, l’Ademe, le Centre communal d’action sociale (CAS) de Besançon, le Syndicat mixte de Besançon et sa région pour le traitement des déchets (Sybert), l’Agence d’urbanisme de Besançon et sa région (Audab), les structures de formation de Danemarie et de l’Enil de Mamirolle, ainsi que le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous). À l’issue d’une première phase de diagnostic qui a notamment permis de mieux comprendre les enjeux locaux. Il est par exemple ressorti que seul 1,45 % des aliments consommés par les habitants de l’aire urbaine de Besançon proviennent de ce même territoire. À titre de comparaison, l’agglomération la plus autonome en France est celle d’Avignon avec 8,12 %, et l’autonomie moyenne des agglomérations françaises est de 2,1 %. Des chiffres qui prouvent qu’il y a là marge de progrès, même si, comme le démontre également ce rapport le 100 % autonome n’est pas possible. Si la surface agricole du Grand Besançon était exclusivement dédiée à l’alimentation de ses habitants, seuls 24 % des besoins pourraient être couverts selon le régime alimentaire actuel. Autre donnée importante : Entre 2001 et 2017, Grand Besançon Métropole a perdu 817 hectares de surfaces agricoles soit la capacité à nourrir 2.300 personnes selon le régime alimentaire moyen. Forte de ces éléments, l’agglomération a défini trois ambitions pour son PAT, labellisé pour trois an par le gouvernement :
• Accompagner le changement des pratiques de consommation des habitants pour une alimentation équilibrée, durable et plus locale, pilier du bien vivre.
• Développer, orienter la production pour mieux répondre à la demande alimentaire locale et aux enjeux environnementaux (aménagement du territoire, transition écologique…)
• Structurer l’offre locale, développer l’emploi et mobiliser les filières de transformation et de distribution et pas seulement les circuits courts.
Ainsi qu’un programme d’actions qui «mobilise l’ensemble des acteurs du producteur au consommateur avec une dimension pas seulement environnementale mais également sociale »,précise Françoise Presse, conseillère communautaire déléguée en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation. Parmi les premières actions, on peut citer la couveuse d’activités agricoles « Graines de maraîchers». Cette pépinière d’activités en maraîchage biologique du Grand Besançon propose à des maraîchers de tester leur activité en grandeur réelle pendant un à trois ans. Le foncier, le matériel de culture, et les espaces de stockage sont mis à disposition. En complément, les maraîchers sont accompagnés au niveau technique par l’association Les Jardins de Cocagne, à la gestion d’entreprise par Coopilote et en fin de parcours par la Chambre d’Agriculture. Neuf maraîchers ont déjà été accueillis et trois se sont installés et vendent leurs légumes en direct. Quatre maraîchers sont en test actuellement. Un travail de diversification alimentaire et de production de protéines végétales est en cours sur la pépinière avec la mise en champ d’un hectare de lentilles ou encore le test de production de pommes de terre à destination de la restauration collective des collèges de l’agglomération. Une étude sur la faisabilité de le mise en place d’une légumerie en lien avec la cuisine centrale de la ville est également en cours. Un budget de 30.000 euros par an en fonctionnement a été débloqué en direction du programme Graines de Maraîchers. Par ailleurs 14.000 euros de budget sur un an et demi sont consacrés à un vaste programme d’animations autour de l’alimentation : ateliers cuisine, stands, interventions en périscolaire, visites de ferme… sur des thématiques aussi variées que les économies d’eau, le gaspillage alimentaire, la gestion des déchets dans les cantines, le tri, le compostage, la santé, l’environnement, les équilibres nutritionnels… Trois acteurs ont déjà signé des conventions pour avoir une récurrence dans leurs propositions d’animations : La MJC de Claire-Soleil et son bar à soupes réalisé avec les habitants de ce quartier prioritaire, Famille Rurale de Serre-les-Sapins et le Crous. Au sein de la maison du mieux vivre à Serre-les-Sapins, Famille Rurale anime ainsi des ateliers cuisine avec un nutritioniste de la Mutualité Française en direction des seniors. Elle projette de développer un jardin et delivrer des paniers issus de leur récolte. Le Crous imagine des ateliers cuisine en cité U pour toucher un public étudiant en pleine construction de leur indépendance alimentaire… Enfin, des rencontres entre professionnels : restaurateurs, restauration collective, agriculteurs… lancés en 2016, permettent aux professionnels des métiers de bouche de découvrir les produits locaux sur les stands tenus par des agriculteurs et intermédiaires de vente locale.