Geotrend révolutionne l’intelligence économique

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Un an tout juste après sa création, la start-up toulousaine travaille déjà avec un quart des entreprises du CAC 40.

Quoi de mieux que le Grand débat et ses milliers de contributions pour tester en vraie grandeur la puissance d’analyse de l’intelligence artificielle ? C’est en substance le pari qu’ont fait les fondateurs d’une start-up toulousaine qui, quelques jours avant l’allocution du président de la République en clôture de la consultation nationale, mettaient en ligne les résultats de l’analyse des comptes rendus de réunions qui se sont tenues un peu partout en France, étude réalisée par l’outil d’intelligence économique développé en interne par Geotrend. Un joli coup de pub pour cette start-up hébergée un temps au sein du Bizlab d’Airbus, et désormais installée dans les locaux de l’incubateur régional Nubbo.
Créée en 2017 à l’initiative de deux anciens salariés de l’avionneur, Thomas Binant et Grégoire Sigel, Geotrend développe une plateforme digitale d’analyse stratégique. « Nous avons démarré au sein du Bizlab d’Airbus en tant que projet interne pour des besoins de market & competitive intelligence. Il s’agissait, explique Thomas Binant, de faciliter la recherche d’informations en vue de produire de l’intelligence économique : que se passe-t-il sur les nouveaux marchés ? Y a-t-il de nouveaux acteurs ? etc. Aujourd’hui tout va tellement vite : alors qu’autrefois les marchés étaient essentiellement des marchés en silo, désormais on constate qu’il n’y a plus vraiment de limites ou de frontières entre ceux-ci. Prenez la cosmétique et l’impression 3D, ce sont maintenant des marchés qui collaborent, innovent ensemble. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Cela nécessite de disposer d’informations transverses et pas seulement liées à son propre marché. Or jusqu’à présent, il n’y avait pas vraiment de solution capable de faire cela. Sauf à avoir des gens qui passaient des heures sur Google à taper des mots-clés et à faire des recherches ou à passer par des cabinets conseils, qui, derrière, font la même chose. Nous avons donc développé le moyen d’automatiser ces recherches via l’intelligence artificielle ».

UN MARCHÉ DE L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE EN MUTATION

Selon ses promoteurs, l’outil développé par Geotrend permet de diviser par huit le temps de recherche. « À partir des simples mots-clés de l’utilisateur, l’intelligence artificielle va elle-même naviguer dans le web, lire les articles, les comprendre et poursuivre ses cycles de recherche pour ramener l’information pertinente en quelques minutes ».

La solution ne nécessite pas de configuration, ce qui permet de gagner un peu plus de temps encore. « En temps réel, l’IA va essayer de comprendre la recherche, lire les articles et les retranscrire de manière simple et interactive pour que la personne puisse naviguer de manière très visuelle entre les résultats ». Qui plus est, selon Thomas Binant, le fait de configurer la recherche rajoute des biais : « de nouvelles sources d’information, de nouveaux concurrents apparaissent tous les jours qui n’apparaissent pas si la configuration figée ».

Cette solution innovante d’intelligence économique intéresse « tout type d’entreprise, de la start-up au grand groupe, assure Thomas Binant, tout le monde ayant besoin de rechercher de l’information ». Pour l’heure cependant, la TPE cible en priorité les grands comptes. Commercialisée depuis l’été dernier, la solution est déjà utilisée par une dizaine de sociétés du CAC 40.

« Le système de veille économique est en train de muter, poursuit le cofondateur de Geotrend. Les acteurs ont besoin de nouvelles solutions pour s’adapter à cette transformation ». L’idée, toutefois, n’est pas de confisquer le travail des collaborateurs mais, assure-t-il, de leur permettre, en chargeant l’IA d’effectuer la recherche, « de mener des activités à plus forte valeur ajoutée comme l’analyse et la stratégie ».

La commercialisation de la solution, disponible en mode SaaS via un abonnement annuel, a permis à la société toulousaine de générer 230 K€ de chiffre d’affaires en 2018. Pour sa première année d’existence, elle vise 500 K€ de CA. L’entreprise, qui emploie sept collaborateurs, prépare une levée de fonds d’ici l’été qui devrait lui permettre de doubler son effectif dans le courant de l’année.

La start-up, qui grâce à ses clients grands groupes, a déjà mis un pied à l’étranger (en Australie, aux États-Unis et au Canada), veut accélérer son l’internationalisation en misant sur l’Europe notamment.