Garnica prend racine à Troyes

Garnica

Pedro Garnica, Jean Rottner et François Baroin pour le coup d’envoi de l’un des plus gros investissements industriels dans le Grand Est.

Le spécialiste espagnol du contreplaqué de peuplier lance les travaux de construction de son usine à Troyes avec une prévision de 300 emplois à terme.

La plantation symbolique d’un peuplier devant la future usine de Garnica à Troyes est l’épilogue d’une histoire née il y a plus de quatre ans. Pedro Garnica, industriel espagnol devenu l’un des leaders du contreplaqué de peuplier avec 1100 salariés, sept usines et 93 % d’exportations dans 45 pays, était à la recherche d’un second site d’implantation en France après Samazan, près de Marmande. « Je visitais une usine de contreplaqué en Champagne mais l’outil industriel ne me convenait pas : en revanche, dans le parc à bois j’y ai vu les plus beaux peupliers de toute ma vie », explique-t-il. Et en matière de peuplier, l’homme s’y connaît. Il ne manque d’ailleurs jamais une occasion pour réhabiliter une essence qui était tombée en désuétude mais qui est à ses yeux une solution tant pour le maintien d’activités en milieu rural que dans la lutte contre le réchauffement climatique sans oublier pour le développement économique. Une semaine après son passage à Épernay, Pedro Garnica était de retour en Champagne, là où poussent les plus beaux peupliers, mais cette fois afin d’y trouver un emplacement pour construire sa nouvelle usine française.

La suite, on la connaît, avec une âpre bataille entre villes et régions candidates. « Le choix de Troyes est un signe très fort pour notre stratégie de reconquête industrielle », reconnaît Jean Rottner, président de la Région Grand Est qui apporte un million d’euros pour la construction de la nouvelle usine dont les travaux vont être lancés. Parallèlement, la Région et Garnica soutiennent financièrement la plantation de nouveaux peupliers pour assurer les approvisionnements futurs.

L’ACTIVITÉ DÉJÀ LANCÉE

Sans attendre que l’usine auboise sorte de terre, Garnica s’approvisionne déjà en peupliers, notamment dans les vallées de la Seine et de l’Aube, pour alimenter son autre usine française. L’unité auboise, qui lancera sa première unité de déroulage en 2021, va progressivement monter en puissance pour compter à terme 300 salariés directs. Les retombées pour l’emploi sont plus larges, notamment dans la sylviculture. Cet investissement de 80 millions d’euros va permettre à Garnica de répondre à la demande croissante de contreplaqué de peuplier. « Nous travaillons pour l’automobile, l’industrie navale, l’ameublement et bien d’autres secteurs », précise Pedro Garnica qui milite pour la banalisation du bois de peuplier.

Pour l’industriel le problème n’est pas tant de trouver des débouchés mais plutôt d’assurer la production. Quelques années lui ont suffi pour obtenir des parts de marchés significatives aux États-Unis. Un esprit de conquête qui séduit François Baroin qui a pesé de tout son poids dans ce dossier. « Je suis admiratif de cette entreprise typiquement familiale mais toujours tournée vers l’avenir avec à sa tête une stratégie mondiale », ajoute le président de Troyes Champagne Métropole. Après tout, l’industrie textile auboise compte d’autres exemples d’entreprises, comme Lacoste et Petit Bateau, ayant atteint cette dimension internationale.