Gaia-X, le méta-cloud européen

Il n’y a pas qu’en matière d’application mobile que la souveraineté numérique est importante. Sur le terrain du cloud aussi.

La France et l’Allemagne veulent combiner leurs forces pour venir concurrencer l’hégémonie des solutions américaines et chinoises et les géants américains du secteur que sont Amazon, Microsoft ou Google et le géant chinois Alibaba.

La réponse aux Gafam se nomme Gaia-X, du nom de la déesse grecque de la terre, et est officiellement née début juin et sera lancée début 2021. Le but n’est pas exactement de créer une entreprise superpuissante capable d’offrir les mêmes services que les géants américains et chinois, mais plutôt une « infrastructure européenne des données ». Concrètement, le projet prendra la forme d’une entité de gouvernance qui édictera de grands principes de sécurité, d’interopérabilité et de portabilité des données. Ensuite, plusieurs entreprises pourront proposer leur offre de service compatible avec Gaia-X.

Il ne s’agira pas d’une infrastructure physique, mais une solution de méta-cloud décentralisé portée par 22 entreprises allemandes et françaises fondatrices. Parmi les membres fondateurs, on trouve de grands noms hexagonaux comme Orange, OVH, Atos, Dassault Systèmes, ou encore EDF. Du côté allemand, Deutsche Telekom, Siemens ou Bosch viendront compléter l’offre. Libre ensuite aux entreprises de trouver l’offre qui leur convient le mieux.

L’objectif avec Gaia-X est d’imposer des règles et des standards à cette solution de cloud européen, tout en établissant différents critères de transparence vis-à-vis de l’utilisation des données, et ainsi d’accroître l’adoption de cette solution par les entreprises européennes. « La crise du coronavirus a révélé que nos données peuvent nous permettre de surmonter des épidémies plus rapidement et plus facilement, à condition que les Européens aient confiance dans la collecte et le stockage de leurs données. Gaia-X répond à cette demande en offrant une solution sûre » a ainsi précisé Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.

Dans les faits, Gaia-x se présentera sous la forme d’un moteur de recherche, actuellement en phase de bêta. Celui-ci permettra aux entreprises de chercher une offre de stockage sur le sol européen. Le projet vise justement à faire en sorte que ce moteur de recherche n’affiche que des résultats répondant aux normes de sécurité, d’intégrité de protection des données préalablement définies.

Le projet surfe sur l’ambition décrite en février dernier de créer un « espace européen des données » qui servirait de « carburant de l’intelligence artificielle ». L’exemple de la voiture autonome qui requiert de larges quantités de données a été notamment cité par Bruno Le Maire qui imagine que l’interopérabilité offerte par Gaia-X permettra de créer des voitures « plus sûres et plus fiables ».

La tentative de reconquête de la souveraineté numérique de l’Europe pour protéger les précieuses données des entreprises du territoire peut être jugée tardive sur un marché largement dominé par les solutions américaines et chinoises. Amazon concentre en effet à lui seul près de 40 % de part de marché du cloud dans le monde. Si les garanties proposées par Gaia-X vont certainement attirer quelques entreprises, la plupart se sont déjà tournés vers les solutions américaines telles que BpiFrance, la banque publique d’investissement, qui a choisi Amazon Web Services afin de créer la plateforme de prêt garanti par l’État… Français.

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