Futurs 21 tente la construction de solutions pour la transition

À gauche, Nicolas Chabanne (C’est qui le patron ?), à droite, François Sauvadet. (Photo : Journal du Palais)

Le Conseil Départemental a reçu 20 dossiers en réponse à son appel à projets sur les modes de vie de demain, dont cinq sont lancés. Il organise un cycle de conférences d’experts pour alimenter la réflexion et informer de l’avancement des projets. La première a accueilli Nicolas Chabanne, le fondateur de la coopérative de consommateurs C’est qui le patron ?

Le programme Futurs 21 lancé en mars 2017 commence à porter ses premiers fruits. Une vingtaine de projets est en cours d’instruction et cinq sont déjà validés pour construire la Côte-d’Or de demain, plus durable, en oubliant les vieilles recettes pour solliciter la participation active des citoyens. « Faire en sorte qu’ils s’en saisissent et que l’on construise ensemble le futur du territoire », a résumé le président du Conseil départemental, François Sauvadet. Le cabinet de consultant Deloitte Développement Durable, accompagnateur du programme, y voit un galop d’essai pour accélérer la transition citoyenne et environnementale, comme l’a souligné Didier Livio, l’un des associés du cabinet : « Nous avons la règlementation, les savoir-faire mais la transition n’a ni l’ampleur ni le rythme voulus. Il est donc intéressant d’expérimenter sur un territoire-test de 500 000 habitants avec à la fois une métropole et des zones rurales touchées par la désertification ».

TESTS GRANDEUR NATURE

Pour y parvenir, lui aussi insiste sur la méthode participative, seul moyen d’embarquer l’ensemble du tissu social: « Si l’on cherche à “l’attraper” au niveau national et européen, on n’y arrive pas. Par le territoire, on y arrive. On ne peut plus rien engager sans que les citoyens soient d’accord ».

Le diagnostic est largement partagé par Nicolas Chabanne, premier invité du cycle de conférences lancé par Futurs 21 et fondateur de C’est qui le patron ?, une coopérative de consommateurs qui travaillent collectivement à définir des prix justes d’achat aux producteurs (voir encadré). Parmi les cinq projets retenus, celui lancé à Genlis et baptisé Smart Citizen en est l’illustration.

Des ateliers citoyens ont réuni une cinquantaine de personnes en réflexion sur la modification de leurs usages. « Comment favoriser de nouveaux comportements pour la transition énergétique, la réduction des déchets ou encore la mobilité », résume Didier Livio. Autre projet avec le « Laboratoire national du maintien à domicile », porté par Orvitis, le bailleur du Conseil départemental. Ainsi, 350 familles testent à leur domicile des innovations pour faciliter l’autonomie des personnes âgées. Ou encore le projet Open Canal, en partenariat avec Voies navigables de France (VNF), sur la réhabilitation et le changement d’usage de 70 maisons éclusières du canal de Bourgogne. À Flavigny-sur-Ozerain, c’est un tiers-lieu pour le télétravail à la campagne qui est à l’étude sous l’appellation « Smart Village ». Enfin, le projet Miam s’inscrira dans le thème de la transition alimentaire et de l’agro-écologie.

« La carte bleue du consommateur est aussi importante que son bulletin de vote »
Le fondateur de la coopérative de consommateurs C’est qui le patron ?, revient sur l’histoire d’une entreprise devenue en trois ans l’une des premières marques de lait en France: « Tout est parti d’un coup de fil d’un conseiller du ministre de l’Agriculture de l’époque Stéphane Le Foll me demandant si nous n’avions pas d’idée pour résoudre la crise laitière qui entraînait de nombreux suicides d’agriculteurs. En retour, nous avons demandé ce qu’il manquait sur un litre de lait pour que le producteur gagne sa vie. Et la réponse est arrivée : 8 centimes par litre. Comme chaque Français consomme 50 litres par an de lait, cela faisait 4 euros par consommateur et par an ! Voilà comment est née l’histoire. Pas de publicité, pas de commerciaux dans les magasins mais de vrais consommateurs rassemblés dans une coopérative. Deux ans et demi après, ce “no model” a trouvé un relais fabuleux, les réseaux sociaux, capables de servir de caisse de résonance. Nous sommes aujourd’hui 11 millions impliqués et décidés à apporter notre argent à une démarche qui a du sens et la coopérative compte 9 000 sociétaires actifs consultés en ligne pour chaque nouveau produit. La carte bleue peut changer le monde, elle est aussi importante que le bulletin de vote ! Aujourd’hui, nous en sommes à 20 produits et 33 références : jus de pommes, beurre bio, sardines, etc. Se dessine quelque chose qui peut être une révolution! Si des citoyens prennent en charge une question, elle a désormais plus de chance d’aboutir que n’importe quelle action pilotée par un gouvernement. Le point très important pour réussir : créer un niveau réel d’implication des citoyens et assurer une très grande transparence ».
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