L’entrepreneur rémois à la longue expérience industrielle propose des solutions innovantes et artistiques aux architectes et aux particuliers.
Quand il jette un œil dans le rétroviseur, il s’amuse de son parcours scolaire qu’il s’est tracé loin des sentiers battus. Deux seconde, deux première et une Terminale à Vouziers avant d’être envoyé à Sedan pour y décrocher son bac après une deuxième Terminale. Passionné de bricolage dès le plus jeune âge, touche-à-tout à l’âme artistique, le jeune François-Loïc se dirige vers un DUT Génie Mécanique et Productique à Reims à l’issue duquel il sera embauché par l’entreprise Thirion, à Muizon, en tant que dessinateur. Le jeune ardennais y passera ses dix premières années dans le monde professionnel. Lorsque l’entreprise rencontre ses premières difficultés, il choisit de la quitter pour se mettre à son compte. Retour aux sources, le jeune homme installe son bureau d’Etudes à Vouziers en 1993. « Après quelques années en tant que bureau d’études, j’ai eu envie de passer à l’étape supérieure et de fabriquer mes propres machines ». C’est en 1998 que le premier outil robotique sort des lignes de l’usine Fège. Peu à peu, l’entreprise se développe et se spécialise dans l’ingénierie et la fabrication de lignes de conditionnement pour les secteurs de l’agro-alimentaire, pour l’alimentation d’animaux de compagnie mais aussi pour les boissons, les vins effervescents, ou les produits d’hygiène.
« Nous avons employé jusqu’à 50 personnes et nous travaillions pour de grands groupes comme Nestlé, Danone, Procter & Gamble par exemple. Notre activité était à 90% à l’export », rappelle le fondateur de son entreprise éponyme.
« Notre grande spécialité était la « petfood » (nourriture pour animaux de compagnie, NDLR): nous faisions essentiellement des poches en aluminium et du packaging. Nous étions aussi spécialisés dans les brevets et la vente de machines correspondant à ces brevets ».
En 2013, tandis qu’il cède son entreprise de Vouziers à un grand groupe, il songe déjà à créer une nouvelle activité. « L’un des premiers conseils qu’on m’a donné quand j’ai cédé mon entreprise, c’était de prévoir l’après. J’avais aussi un vrai besoin d’exercer un métier manuel », explique cet amateur éclairé en maçonnerie. En bricoleur averti et en passionné du verre, il décide alors de se lancer dans cette activité originale. Et s’il ne peut pas y consacrer la majeure partie de son temps les premières années, en raison de ses missions d’accompagnement intégrées dans le contrat de cession d’entreprises, il commence néanmoins à multiplier les essais dans son atelier. « Au départ je m’orientais vers la mozaïque mais quand j’ai découvert le ferre fusionné j’ai tout de suite voulu me lancer à fond dedans. J’avais déjà un petit four dans lequel je faisais mes essais.. »
Convaincu du potentiel de cette activité, il créé alors Verretuoses avec son fils Maxence pour lui donner une envergure plus professionnelle et industrielle.
ARTISTE ET ENTREPRENEUR
Une fois la période d’accompagnement de son ex-entreprise ter- minée, il devient alors fusionneur à plein temps, la tête pleine d’idées et ses carnets remplis de notes. À l’aide de poudres de couleur, venues du Mexique ou des Etats-Unis et chauffées à très haute température, François-Loïc Fège obtient un verre en fusion auquel il donne des formes inédites. Il peut ainsi en faire des objets ou des cadres entièrement en verre moulé, souvent en relief. « Nous sommes les seuls au monde à avoir industrialisé la technique de verre fusionné », explique l’artiste-entrepreneur, qui signe ses œuvres de ses initiales, FLF.
Pour réaliser les formes à l’envi, François-Loïc Fège réalise des moulages en plâtre (résistant à 1000 °C) et coule le verre en fusion (qui se déforme à 750 °C ) dessus, afin qu’il en prenne la forme. « Tout est faisable à la demande. Formes, mélanges, couleurs… la créativité est sans limite », souligne celui qui a mis à profit les périodes de confinement pour multiplier les nouveaux essais chaque jour, tandis que les cuissons se suivaient toutes les nuits.
« Pour un verrier, la partie la plus difficile du travail reste la cuisson et de respecter les courbes de températures pour éviter la casse. Mais on ne jette rien, tous les morceaux cassés peuvent être fusionnés à nouveau et ce, à l’infini ».
À la fois artiste et entrepreneur, François-Loïc Fège conserve ses complémentaires pour tester tour à tour ses idées et leur faisabilité technique.
Ses créations commencent à séduire les architectes et les professionnels de la décoration. Parmi ses réalisations les plus remarquables, Verretuoses a ainsi conçu, à la demande de l’architecte Thierry Bonne des façades en verre fusionné sur lesquelles sont collées des lettres, en verre elles aussi, pour le compte d’un office notarial en 2020. Près de 120 m2 de façades en verre, réalisées sur commande ! Un véritable défi que l’entrepreneur ardenno-marnais a adoré relever et qu’il rêve de reconduire. « J’ai commencé à rencontrer quelques architectes rémois et certains se montrent intéressés par mon travail, j’espère pouvoir concrétiser des projets ici, avec eux ». Côté artistique aussi, François-Loïc Fège poursuit son chemin créatif, malgré une année 2020 complètement atone en matière d’expositions et de salons. « Je sais qu’il y a du potentiel en Champagne pour mon activité car les salons d’art contemporain fonctionnent plutôt bien ici », explique-t-il, impatient de pouvoir exposer et présenter ses créations de verre, dont il ne se lasse pas de vanter les qualités. « Le verre est une matière fabuleuse. Utilisée en extérieur, elle peut changer de couleur au gré des lumières et des saisons ».